Béatrice van Bastelaer (ex-EasiWal): la simplification administrative ne peut se faire “à la marge”

Hors-cadre
Par · 30/10/2014

Pendant 10 ans à la tête d’EasiWal – l’agence wallonne à la simplification administrative et à l’e-gouvernement qu’elle a quitté voici un peu plus d’un an -, Béatrice van Bastelaer est aujourd’hui directrice d’Acemis Belgique, société de conseils spécialisée en “expérience clients”, mais elle continue de suivre, d’un oeil averti, l’évolution des mesures prises et les besoins en simplification administrative.

Selon elle, une erreur qui a été été commise par le passé – et qui risque de se reproduire – est d’avoir voulu améliorer les choses quasi “à la marge”. Selon elle, il faut au contraire “une véritable révolution, un vrai “choc” de la simplification”, un peu à la manière du programme de grande envergure initié en début d’année par le gouvernement français et qui commence à porter ses fruits.

Des progrès ont certes été réalisés, par le passé, sur certains projets mais de manière (trop) ponctuelle. Il faut repenser la manière de faire, développer une véritable “culture client” et une compréhension de ce qu’est l’entreprise et l’entrepreneuriat dans les rangs de l’Administration. C’est par là qu’on aurait dû commencer”, reconnaît celle qui fut pendant 10 ans à la tête d’EasiWal.

Selon elle, le “changement de culture” doit se manifester tout d’abord au niveau de la perception, de la manière dont les fonctionnaires voient leur rôle. “Pourquoi sont-ils là? Pour contrôler et faire respecter la réglementation? Ou aussi, et en priorité, pour favoriser la création d’activités, pour faire en sorte que des emplois se créent, pour aider les entreprises, tous ceux qui veulent se lancer ou qui doivent résoudre des difficultés?”

Béatrice van Bastelaer: “En matière de simplification administrative, il y a, pendant les 5 années à venir, une opportunité à saisir. Au vu des enjeux, nous n’avons d’ailleurs pas le choix, Il faut réussir ce dossier. C’est quasiment une question de survie pour les acteurs de l’économie locale. Beaucoup en ont conscience. Surtout au niveau politique et des hauts fonctionnaires. C’est le moment rêvé pour un “choc de simplification administrative”. Il faut repenser la manière de penser et ne plus faire des adaptations chirurgicales qui nous enverraient tous dans le mur.”

Un cocktail de mesures

Changer l’approche de l’Administration ne pourra se faire, aux yeux de Béatrice van Bastelaer, qu’en mettant en oeuvre un ensemble de mesures cohérentes. A commencer par un message qui doit venir d’en haut. Que ce soit du Ministre ou des Directeurs généraux.

Béatrice van Bastelaer: “Il faudrait idéalement que chaque fonctionnaire puisse faire, pendant sa période de formation, une immersion de 15 jours dans le secteur dont il aura à s’occuper.”

Autre mesure essentielle: faire mieux comprendre aux fonctionnaires les défis et la réalité des entreprises. Et pour cela, Béatrice van Bastelaer conseille… l’immersion. Qu’au moins les responsables hiérarchiques – puisque ce ne sera pas possible pour les hordes de fonctionnaires – s’en aillent voir sur le terrain quels sont les besoins et les problématiques. Via des visites, voire des stages en entreprise, de plusieurs jours. Des visites en entreprise qui pourraient être faites conjointement avec des collaborateurs de l’eWBS afin qu’un échange direct s’effectue.

“Il faudrait idéalement que chaque fonctionnaire puisse faire, pendant sa période de formation, une immersion de 15 jours dans le secteur dont il aura à s’occuper, puisse se mettre dans la peau de l’utilisateur.” Parce que 25 solutions s’offrent toujours lorsqu’il s’agit d’imaginer la manière de prester un service, rappelle-t-elle. Le tout est de savoir choisir celle qui est réellement efficace pour le destinataire…

Autres mesures qu’il lui semble bon d’ajouter au cocktail:

– une formation mettant davantage l’accent sur la “culture client” (en la matière, la nouvelle Ecole d’Administration Publique peut jouer un rôle)

– un rappel fréquent du message de base: “vous êtes là pour éviter les difficultés aux entreprises pas pour les enfoncer” – ou pour leur mettre des bâtons dans les roues.