Valoro Path: combien vaut ma start-up / mon idée?

Hors-cadre
Par · 04/05/2015

Carl-Alexandre Robyn, associé du cabinet d’expertise financière Valoro Management, dévoile une application qui vise à permettre aux porteurs de projet et fondateurs de start-ups de “tester la qualité d’un projet entrepreneurial”.

“Application” est sans doute un grand mot. Du moins dans l’état actuel des choses. Le “Valoro Path” est en fait un questionnaire en-ligne, proposé en deux versions (l’une basique, l’autre plus évoluée), qui permet à ces néo-entrepreneurs d’évaluer non seulement la maturité (ou l’état de préparation) de leur projet mais aussi et surtout de se faire une idée de sa valeur (approximative) de négociation.

Au niveau local, on peut citer la Pimento Map ou le “Startup Health Check” de l’incubateur liégeois LeanSquare. D’autres solutions existent aussi à l’étranger. Citons celle de Early Metrics (“agence de notation” pour start-ups), ValuationApp (outil d’évaluation financière destiné aux professionnels de la finance et vise des évaluations complexes) ou D-Risk.IT… Valoro dit s’en différencier, d’une part, par le prix (voir plus loin), et d’autre part, par la nature-même de l’exercice d’auto-évaluation, “ouvert à tous, sans exiger de compétences particulières des utilisateurs.”

D’autres outils existent dans le même genre (voir encadré ci-contre) mais la solution de Valoro, affirme Carl-Alexandre Robyn, va un pas plus loin: “Pimento Map ne fait que valider l’attractivité d’un projet. Nous allons plus loin en proposant un pronostic de valeur de négociation. Nous prenons le risque de proposer un chiffre au néo-entrepreneur.

Notre méthode lui permet de s’auto-évaluer afin de déterminer si la qualité de son projet est suffisante pour solliciter un business angel. L’outil permet de se faire une opinion raisonnée de la qualité et de la valeur financière de toute start-up qui désire lever de fonds.” Avec, disponible en-ligne, un petit vademecum qui explique la raison d’être de certains points du questionnaire et qui “permet de découvrir les critères tant quantitatifs que qualitatifs dont les investisseurs tiennent généralement compte.”

Pourquoi un tel outil?

Carl-Alexandre Robyn dit vouloir apporter une réponse aux incompréhensions entre porteurs de projets et investisseurs potentiels, donner aux premiers un minimum d’outils, d’arguments et d’indicateurs qui leur permettent de défendre leur dossier, de parler davantage d’égal à égal avec des business angels ou capital-risqueurs. Les refus qu’ils essuient, déclare-t-il notamment, se justifient certes parfois par la faiblesse objective d’un dossier mais aussi – trop souvent – par la faiblesse de l’argumentation et par l’impréparation des porteurs de projet. “Nombre de projets sont refusés parce qu’ils sont dans une zone obscure. Ils ne présentent tout simplement pas les bonnes combinaisons de critères qui sont essentiels aux yeux des investisseurs.”

Carl-Alexandre Robyn (Valoro Management): “L’outil permet de répondre aux questions que pose ou se pose un investisseur sur la valeur du projet. Il permet donc, a minima, au néo-entrepreneur de bien se préparer à rencontrer un investisseur. Rien que cela a de la valeur pour lui.”

Les embûches et petits péchés mignons qui ne pardonnent pas?

“98% des néo-entrepreneurs n’ont aucune idée sérieuse de la valeur financière de leur projet” [Ndlr: Carl-Alexandre Robyn fait ici allusion notamment aux sur-évaluations, exigences surfaites en matière de valorisation, de capital à céder…].

“De leur côté, 75% des business angels [Ndlr: les chiffres cités sont tirés de l’expérience personnelle de Carl-Alexandre Robyn] n’ont pas vraiment d’idée claire sur la manière de valoriser financièrement la jeune pousse qui les sollicite. Plus de la moitié d’entre eux n’ont d’ailleurs pas de connaissances financières particulièrement sophistiquées…

Plus de 75% des fondateurs de start-ups ne voient pas – ou feignent de ne pas voir – le lien de cause à effet qui existe entre le montant demandé et le capital qu’ils devront céder en échange. Bien souvent, c’est là un “deal killer” parce que cela refroidit l’enthousiasme des investisseurs. Etre incapable de répondre à la question “j’investis 100.000 euros, que me donnez-vous en échange?” d’un investisseur, c’est aussi la dispute garantie à court ou à long terme.”

Cibles

Valoro destine son outil à la fois aux néo-entrepreneurs, aux différents acteurs qui proposent un accompagnement (consultants, coachs, incubateurs…), aux investisseurs, au monde de l’enseignement (étudiants en école de commerce…), ou encore aux plates-formes de crowdfunding “désireuses d’améliorer le processus de sélection de projets qu’elles souhaitent accueillir.” Valoro estime aussi que son outil pourrait intéresser des cabinets d’avocats (“qui rédigent les contrats d’investissement”) ou encore les cabinets de valorisation (“qui évaluent ces investissements”).

Une base de négociation

En parlant de son outil d’auto-évaluation, Carl-Alexandre Robyn emploie l’expression “le porteur de projet peut se faire une opinion raisonnée”. Ce qui sort de l’exercice d’évaluation – une valeur financière – n’est donc pas une vérité absolue. Tout au plus un chiffre “raisonnable”, “une base de négociation”.

Dans la suite de l’article, réservée à nos abonnés Select et Premium, découvrez les grandes lignes des questions reprises dans le questionnaire Valoro Path, les trois niveaux de l’outil (gratuit, Premium, et intervention d’un évaluateur pour un rapport personnalisé), l’intention de son créateur de le faire évoluer à terme…

Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement dans la mesure où il s’agit d’une auto-évaluation, basée sur des réponses apportées à un questionnaire “pré-formaté”, conçu selon le mode des choix multiples…

Carl-Alexandre Robyn (Valoro Management): “La vocation première de cet outil n’est pas tant prédictive qu’instructive. Il permet de faire découvrir à l’utilisateur les points forts et surtout les points faibles de son projet ou de sa start-up.”

L’outil combine des techniques analytiques et des éléments purement empiriques. Les questions proprement dites, pour leur part, sont à la fois de nature objective et subjective.

Le QCM porte sur 5 grandes thèmes:

  • l’équipe: compétences, ancienneté, diplômes, âge, motivations, investissement financier personnel
  • le marché visé: taille potentielle, évolution à prévoir, concurrents, potentiel de croissance du projet
  • le produit ou service imaginé: valeur ajoutée, positionnement par rapport aux besoins du marché (réels ou perçus), propriété intellectuelle, “traction” actuelle, capacité de production…
  • le plan de développement et la stratégie commerciale: degré de maturité déjà atteint, partenaires stratégiques potentiels, objectifs, budget marketing disponible, recrutements et chiffre d’affaires escomptés à court et moyen terme…
  • les opportunités financières pour les investisseurs: montants recherchés, finalités, évaluation du ROI pour l’investisseur, agenda d’une sortie éventuelle…

A noter encore que certaines des questions sont associées à un commentaire expliquant leur raison d’être.

Petit exemple, pour la composition de l’équipe. Un petit texte en-ligne explique par exemple: “De manière générale, s’adjoindre un co-fondateur renforce votre crédibilité: si vous êtes seul, vous donnez l’impression de n’avoir réussi à convaincre personne de votre idée.

L’équipe a plus de valeur que le porteur de projet solo et son idée. Le capital-risqueur préfère miser sur une dream team disposant des principales compétences nécessaires (gestion, finance, technique, commerciale).”

Dès le questionnaire complété, l’entrepreneur peut visionner la valeur estimée (ou la fourchette de valeur) que l’algorithme aura calculé sur base des réponses (voir l’exemple ci-dessous). L’évaluation s’affichera notamment sous forme d’un tableau de bord ou “baromètre” où une jauge pointera, selon le cas, vers la zone rouge (danger, valeur insuffisante), orange ou verte.

En formule Quick Quality Check, une possibilité de se faire une idée “indicative” de la valeur monnayable de son projet.

Dans sa forme actuelle – vous pouvez le consulter et le tester sur le site de Valoro, le QCM n’est encore qu’une première mouture, “une version expérimentale, simple, inspirée de la méthode lean. Sur base des réactions que nous récolterons auprès de divers acteurs, notamment des accompagnateurs de start-ups, nous y ajouterons de nouvelles fonctionnalités, nous envisagerons une version mobile…” A ce stade, C.-A. Robyn pourra commencer à réellement revendiquer un profil d’application fintechvoire en faire une activité à part entière.

Trois niveaux

L’outil d’évaluation en-ligne de Valoro existe en deux versions:

  • un Quick Quality Check: questionnaire contenant 22 questions qui débouche sur la formulation d’une fourchette de valeur de négociation, qualifiée de “diagnostic sommaire”; cette version est utilisable gratuitement
  • un Smart Quality Check & Pre-money Valuator: questionnaire plus complet (58 questions); cette version — payante (25 euros) — produit non pas une “fourchette” mais un “pronostic de valeur raisonnable.”

L’outil étant conçu comme un instrument d’auto-évaluation — en-ligne qui plus est —, il y a un risque que les réponses et indications soient biaisées ou non objectives. “Nous en sommes conscients et c’est bien pour cela que nous jugeons nécessaire qu’un évaluateur professionnel puisse prendre le relais, une fois le questionnaire rempli, pour rédiger un réel rapport détaillé, sur base de questions supplémentaires et d’une analyse de documents (statuts, plan d’affaires, étude de marché, prototype, version alpha…) qui viennent compléter les réponses récoltées.”

Cet évaluateur, ce peut être… un consultant Valoro. Autant dire que, pour la société, le questionnaire en-ligne est un produit d’accroche pour le troisième “niveau” d’évaluation — facturé à la prestation — qui débouche sur la rédaction d’un rapport détaillé et argumenté “qui servira de véritable outil de négociation face à un investisseur, même chevronné.”

A noter encore que Carl-Alexandre Robyn a également publié, sous forme papier, un guide pratique intitulé “Que vaut ma start-up?”. Paru aux Editions Edipro.