Startup Weekend: un “Summit” pour repenser le concept

Hors-cadre
Par · 15/12/2014

Le premier week-end de décembre, un premier “sommet Startup Weekend” était organisé en Belgique (au centre de coworking bruxellois Factory Forty). Le but était de faire se réunir des personnes impliquées de près ou de loin dans l’organisation de ces Startup Weekend: alumni, organisateurs, coaches, membres de jury, partenaires, autres organisations évoluant dans la mouvance des néo-entreprises (SiliconDrinkAbout, United Startup Club, Brussels HUB, JA-YE/Junior Achievement-Young Entrepreneurs…).

L’occasion pour tous les participants de réseauter mais aussi de “phosphorer” afin de reparler des différents Startup Weekend (“SUWE” pour les intimes) déjà organisés chez nous (une dizaine) et d’améliorer la formule.

Une série d’ateliers avaient été inscrits au programme, portant notamment sur des thèmes tels que les bonnes pratiques pour organiser un Startup Weekend, les aspects légaux du lancement d’une start-up, leur positionnement et stratégie marketing, ou encore quelques formations pratico-pratiques (programmation, concepts de “user experience”…).

Mieux encadrer les Weekends

Les organisateurs du “Summit” ont pu retirer quelques enseignements, quelques idées utiles émises par des habitués des Weekends, voire par des néophytes.

Une série d’améliorations ont été proposées pour faire évoluer le concept. A commencer par la nécessité d’“identifier des critères de succès plus spécifiques”. Des critères clairs et cohérents qui serviraient non seulement pour encadrer la formulation des projets mais aussi pour guider la délibération du jury. “Eventuellement sous forme de tableau à scores”, relaye Michel Duchateau, co-organisateur des SUWE. “L’idée est de garantir la même compréhension des critères par les participants et les membres du jury. Le critère d’“exécution”, qui permet de juger de la maturité de l’équipe à limiter les risques, est par exemple très difficile à juger pour les jurys qui sont absents lors du Weekend. La présence d’un membre du jury ou d’un observateur indépendant pendant le Weekend, ou la présence d’un coach à la délibération, pourrait aider le jury à reconnaître les entrepreneurs lean.”

Le profil des coachs pose aussi parfois problème. “Il faudrait des coachs au profil plus entrepreneurial, ayant plus d’expérience et plus d’expertise dans un domaine. Le fait est en effet que de nombreux coach “junior” se proposent sans connaître les start-ups…”

Trois autres idées encore:

– proposer des bootcamps de préparation, “afin qu’une majorité de participants démarrent avec une sensibilisation aux méthodes Lean Startup, Agile, au Business Model Canvas, et à l’art de pitcher.”

– organiser des Startup Weekends à thème: “Damien Cavaillers du Startup Weekend de Lille a par exemple expliqué combien l’édition Makers (robotique, électronique, imprimante 3D) semble intéresser beaucoup de monde”

– réduire le nombre de participants: “le nombre de participants est souvent pris comme critère de succès. Or, l’agenda d’un dimanche typique permet d’écouter une douzaine de pitchs de 5 minutes maximum. Nous étudions donc la possibilité d’organiser davantage d’événements avec éventuellement moins de participants.”

Créer l’étincelle

Nous en avons déjà fait le constat, à diverses reprises, en parlant de ces événements Startup Weekend, qui tiennent à la fois du marathon (54 heures intenses) et du sprint: en dépit du nom qui y est accolé, ce n’est pas forcément là qu’une start-up verra le jour. Trop court, trop chahuté, trop survolté parfois pour coller à la dure réalité. La raison d’être et l’utilité des Startup Weekends se situent davantage en aval, en termes de motivation et d’incitation.

Cette prise de conscience commence à faire son chemin auprès de tous ceux qui évoluent autour de ce phénomène. Les enseignements tirés du “Summit”, évoqués ci-dessus en sont la preuve.

Et on retrouve les mêmes accents dans la bouche de fidèles des “SUWE”. Tel Eric Rodriguez qui a déjà participé à sept Weekends, compte bien poursuivre (même à un rythme un rien moins appuyé) et est par ailleurs le fondateur de data.be et un des co-fondateurs de Pictawall.

“Un SUWE est avant tout une première étape pour les entrepreneurs, l’occasion de découvrir la méthode lean, comment pitcher. Ce n’est par contre pas le bo, format pour lancer sa propre activités. Impossible en deux jours. Ce n’est pas du tout représentatif de l’effort de longue haleine – 3 à 4 ans – que cela requiert. Un Startup Weekend est davantage un lieu de découverte, d’initiation, un moyen de rencontrer des gens avec qui il sera peut-être possible de faire quelque chose. Et si cela ne fait que donner le goût d’entreprendre, c’est déjà tant mieux… Tout ce qui en sort de positif est du bonus pour le monde des start-ups en Belgique.”

Il y a par ailleurs, à ses yeux, un formatage du contenu du Weekend qui est contre-productif. “Souvent, un Startup Weekend, surtout lors des premières éditions, était entrecoupé d’ateliers (comment pitcher, le lean c’est quoi, etc.). Cela coupe et affaiblit la dynamique. Il vaut mieux organiser un petit boostcamp, une session pre-Weekend où les gens pourront par exemple être briefés sur ce qu’il est utile pour eux d’acquérir comme outils pour les utiliser en cours de Weekend. Mieux vaut organiser du coaching avant que pendant parce que les participants ne sont pas toujours disponibles. Un SUWE est quelque chose de très déstructuré, qui génère par ailleurs énormément d’énergie. Mais si l’on a que deux jours, il vaut mieux essayer de mieux canaliser ce qui s’y déroule.”

Le soufflé qui retombe

Nous vous en avons également parlé. Le “soufflé”, le dynamisme qui surgit lors d’un Startup Weekend, a souvent tendance à se dégonfler par la suite. Les participants se perdent de vue, se démotivent, ne poussent pas plus loin la réflexion sur l’embryon de projet qui y a peut-être vu le jour… D’où l’intérêt de mettre en oeuvre une mécanique qui alimente l’étincelle.

Plusieurs écueils pourraient porter préjudice à ce genre d’événements. D’une part, une trop grosse déception ou désillusion si le nombre de projets et d’initiatives qui y voient le jour n’est pas probant. D’autre part, le contre-coup d’une certaine saturation.

 

En Belgique, des Startup Weekends se sont déjà déroulés à Bruxelles, Liège, Mons, Gand, Louvain et Anvers.

Lors du Startup Weekend Summit, des candidats organisateurs se sont manifestés, qui ont proposé d’organiser des Weekends dans des villes telles que Namur ou Charleroi ou, en Flandre, Courtrai et Hasselt. Reste à confirmer la possibilité, à constituer des équipes locales. Les événements pourraient alors se dérouler dès 2015.

Les deux prochains Weekends se dérouleront à Bruxelles. Une édition “Ageing Population”, du 27 février au 1er mars, et une édition Médi, du 28 au 30 mars.

Quelques stats fournies par les organisateurs des SUWE: “40% des équipes participent ensuite à un programme d’accélération (MIC Boostcamp, Nest’Up…), 25% des participants se lancent à temps plein dans l‘entrepreneuriat dans l’année qui suit. Au minimum, 7 start-ups se sont constituées jusqu’ici.”

Les Startup Weekends se multiplient à divers endroits du pays (voir ci-contre) – et c’est une bonne chose en soi – mais s’ils ne donnent pas de réels résultats, ne permettent de générer des initiatives dans la durée, il y aura indigestion. Surtout que les SUWE ne sont pas les seules initiatives à jouer des coudes dans l’agenda.

Eric Rodriguez propose une petite réorientation: “pour qu’un SUWE ait un sens, il faut qu’il puisse s’ancrer sur une communauté qui en a besoin. Par exemple, au sein d’une université. Les Jeunes Entreprises sont déjà une expérience existante et qui est en train, elle-même, d’être redynamisée. Il y a là une synergie évidente. On constate en effet qu’il y a en rhéto, une grosse envie d’entreprendre mais, après les études, un important écrémage se produit. Peut-être les SUWE pourraient réduire ce phénomène…”

Michel Duchateau en est bien conscient mais dit détecter “une volonté des entrepreneurs de s’impliquer pour s’entraider. Ils veulent s’impliquer dans une association d’entrepreneurs, collaborer directement pour supporter l’écosystème dans lequel ils se trouvent. On a remarqué par exemple que de multiples initiatives “bottom-up” émergent après un SUWE, où des participants s’auto-organisent pour lancer de nouvelles initiatives. Ils créent alors des meetups ou des groupes Facebook et proposent du coaching, des séminaires, des drinks…”