L’après-Startup Weekend: “Et maintenant, que vais-je faire?”

Hors-cadre
Par · 13/11/2012

Un événement du genre Startup Weekend suscite toujours un engouement, modéré à extrême, de la part des participants. Pendant 54 heures, les idées les plus diverses- des plus folles ou bizarroïdes jusqu’aux projets plus classiques ou élaborés-, tentent de se transformer en bases les plus solides possibles afin de convaincre le jury de leurs qualités.

Mais ce genre d’événement, dans son fond et/ou dans sa forme, suscite également des interrogations ou critiques.

A l’issue du Startup Weekend de Liège (9-11 novembre 2012), nous avons ainsi glané diverses réactions, dans les rangs des participants, des organisateurs et des membres du jury.

Petit florilège dont certains aspects méritent qu’on pousse la réflexion plus avant.

Brut de décoffrage

Plusieurs projets proposés en sont, de toute évidence, à un stade hyper-préliminaire. L’idée n’a pas été testée, validée, confrontée à des solutions similaires éventuelles, existant déjà sur le marché. Quant aux études de marché, elles sont souvent aussi une chose que les participants n’envisagent pas au préalable.

Cela peut induire nombre d’inconvénients: comment espérer convaincre le jury si l’idée ne repose pas sur un minimum de bases concrètes? Un concours aussi étriqué (en termes de temps) est-il vraiment l’endroit idéal pour tenter de glaner quelques conseils de “coachs”? Les réseaux sociaux et le relationnel ne seraient-ils pas de meilleurs moyens de procéder dans un premier temps?

Certains porteurs d’idées (tous n’en étaient pas encore vraiment au stade du projet “construit” ou “pré-balisé”) n’avaient de toute évidence pas pris la mesure des obstacles à surmonter ou des écueils du marché qu’ils visent. Et ce, même après avoir reçu les conseils des coachs en cours de week-end.

Toutes les idées n’étaient pas neuves en soi. Certaines avaient déjà “tenté le coup ailleurs”, sans succès. D’autres s’inspiraient de choses existantes, pour y ajouter des éléments nouveaux ou aborder la problématique sous un angle un rien différent. Ce qui peut plomber l’idée dès le départ. Sans, toutefois, être systématiquement un laisser-passer pour une voie sans issue. “Après tout”, souligne Leo Exter, “il y a eu MySpace avant Facebook. La répétition, l’itération, en soi, n’est pas une mauvaise chose.”

Quelle sélection?

Faut-il se montrer plus exigeant dans les candidatures acceptées? Leo Exter, maître de cérémonie des Weekends, craint que si l’on demande un rien de préparation aux participants de ce genre d’événement, leur nombre diminue soudain de manière drastique.

Quid de la sélection des projets, le premier soir? Le principe appliqué, selon les règles d’un Startup Weekend, est de permettre au public présent de désigner les “meilleurs” projets qui auront le droit de concourir. Résultat: les candidats qui sont venus avec le plus de copains ou de connaissances ont de fortes chances d’être pré-sélectionnés, alors que des participants moins entourés mais proposant des idées peut-être plus solides et intéressantes restent sur le carreau. Ce fut le cas, de l’avis de certains membres des jurys, tant à Mons qu’à Liège.

L’après-Weekend

Une fois la frénésie de ces 54 heures et l’adrénaline du concours retombées, on notait chez nombre de participants, en ce compris chez ceux qui ont bel et bien décroché un prix, comme un flottement. Du genre: et maintenant, que fait-on? Est-ce vraiment la peine que je m’engage plus avant, que je quitte mon travail? Quelles sont les perspectives? Vers qui me tourner?

L’idée, même si elle a été considérée comme pouvant tenir la route, doit être peaufinée, voire retravaillée. Il s’agit de pérenniser l’équipe qui s’est formée, au débotté, lors du week-end. Or, il s’agit de personnes qui, souvent, ne se connaissaient pas avant, qui viennent d’horizons différents, qui ont des impératifs personnels- ou des aspirations- fort divers. La fertilisation croisée, la rencontre de talents et compétences multiples et complémentaires, sont de bonnes choses. Mais elles ne peuvent porter leur fruit que si on élimine de l’équation une dangereuse inconnue qu’est le côté éphémère de la rencontre. “Si les membres de l’équipe ne se revoient pas et ne prolongent pas l’effort dans les 2 ou 3 semaines qui suivent, le projet a de fortes chances de s’évanouir”, estime Leo Exter. “Il faut maintenir le momentum, à très court terme.” Ce qui n’est pas toujours possible quand certains dans l’équipe ont un boulot à plein temps…

Autre réflexion sur cet “après”: souvent, les participants et lauréats ne savent pas quelles démarches entamer, comment définir les prochaines étapes à franchir, les personnes ou organismes vers lesquels se tourner. “Ils sont, pour beaucoup, incapables de se positionner sur une ligne de temps”, souligne Olivier de Wasseige, membre du jury à Liège. “Et il n’existe pas une source d’informations qui leur permettent de savoir quels sont les moyens éventuels à leur disposition”, que ce soit en termes d’accompagnement, de financement, de coaching, de validation technologique… Ceux qui ont décroché un prix qui inclut des services d’accompagnement sont les mieux lotis. Du moins sur le papier. Mais quid des autres? “Ils s’en retournent les mains vides. Ils ne savent pas quelles sont les trois ou quatre prochaines démarches qui, pourtant, pourraient leur permettre de transformer l’essai.”

Même ceux qui ont décroché un prix n’ont pas forcément “gagné” l’accompagnement qui convient le mieux à leur projet et à son stade d’évolution. Le cas s’est produit, à l’évidence, lors du Startup Weekend de Mons. Une des équipes aura droit à une aide pour développer un business plan alors que son besoin premier ressort davantage de la validation ou du conseil technologique. Chose dont, au départ, elle n’avait même pas conscience.