Start-ups belges: cartographie des “boosters”

Hors-cadre
Par · 18/06/2015

Omar Mohout, du Sirris, s’est livré à un petit jeu de cartographie des différents acteurs – accélérateurs, incubateurs, organisateurs de hackathons, investisseurs, événements orientés internationalisation… – qui gravitent et apportent soutien et conseils au monde bigarré des start-ups belges (tous secteurs d’activités – hi-tech – confondus).

Le résultat est une carte du ciel d’un genre nouveau, bourrée de petites galaxies. Nous en reproduisons ici divers éléments, agrémentés de quelques observations et commentaires de son auteur.

A commencer par le fait que l’un des points d’inflexion fut l’année 2014 qui a vu une petite explosion du nombre d’accélérateurs (KBC Startit, Volta Ventures, VAP, Co.Station, FiWare…), “ce qui, à nos yeux, est à mettre en corrélation directe avec le grand nombre de start-ups ayant vu le jour en 2014.”

Des galaxies aux contours parfois flous

Omar Mohout a créé plusieurs sous-galaxies – accélérateurs d’entreprises, de banques, FoodTech, Media, Startup Studios ou encore cette catégorie “hardware accelerators” où l’on retrouve à la fois l’IMEC, le WSL, le Sirris, La Faktory ou encore le GE Garage. Ces accélérateurs sont davantage orientés “sciences de l’ingénieur”, production et industrie mais c’est sans doute trop simplifier l’analyse que de considérer qu’ils se limitent à de l’accélération de projets “matériels” purs et durs…

Omar Mohout estime toutefois que ce type d’accélérateur est encore en retrait par rapport aux autres types d’incubateurs. “On peut toutefois supposer que cette partie de l’écosystème se renforcera au cours des prochaines années en raison de la “renaissance du matériel” (lisez en gros l’industrie) en Europe.”

Quelques autres faits ponctuels:

  • la spécialisation thématique croissante des hackathons (santé, “makers”…)
  • le positionnement de quelques grandes sociétés “intéressées par le potentiel d’innovation des start-ups” qui décident dès lors de lancer leurs propres services “d’accélération”, “typiquement dans des secteurs d’activités, tels que les médias ou les télécoms, qui subissent un effet disrupteur”. Quelques noms bien connu: Securex, Sonaca, Johnson & Johnson, Engie (anciennement GDF Suez), Deloitte, Accenture, Swift (Innotribe, certes moins actif en Belgique)… A noter qu’Omar Mohout verse le MIC de Microsoft dans la catégorie “corporate accelerator”, le désignant même comme le plus actif de Belgique, ce qui semble toutefois une classification hasardeuse (entre incubateur et accélérateur, “corporate” ou semi-exogène…)
  • les banques ne sont pas en reste: “elles tentent de comprendre les nouvelles règles de financement de modèles d’affaires basés sur le numérique”, explique Omar Mohout. “KBC préfère initier ses propres activités là où BNP Paribas Fortis s’appuie sur des tiers. ING internalise l’innovation et se transforme en société technologique. Parmi les grandes banques, seule Belfius est absente du paysage des start-ups”.

Au rayon exportation et internalisation, l’analyste du Sirris souligne que des organismes tels que l’Awex, FIT (Flanders Investment & Trade) et BECI (Bruxelles) s’appuient sur des acteurs spécialisés “tels que startups.be, pour organiser des missions à l’international.” Peut-être devrait-on parler, en tout cas pour ce qui est de l’Awex, de partenariats et de co-initiatives, en y ajoutant comme noms l’AdN (Agence du Numérique), le réseau TiE, le WSL.

Pour les jeunes pousses belges cherchant à prendre pied outre-Atlantique, Omar Mohout pointe la Chambre de commerce belgo-amércaine, la BelCham, comme “the place to be.”

Le nerf de la guerre

Autres sous-galaxies dans le vaste panel constitué par Omar Mohout: les acteurs orientés financement des start-ups.

Parmi ses principaux constats: “l’ouverture à plus large public de certains fonds d’investissements. Ainsi, la GIMV (société flamande d’investissement), qui supportait traditionnellement de plus grandes entreprises et des PME, organise désormais des “Pitch Days” et des sessions CoffeeConnect pour start-ups.”

Les capital-risqueurs, eux, se font plus nombreux. Il cite par exemple Volta Ventures, Venture Wise, Fortino, Lean Fund, SmartFin Capital. Sans oublier, au passage, un certain Marc Coucke, “devenu super business angel, investissant tant en direct que via d’autres acteurs. Ces investissements sont une bonne chose pour les start-ups qui entrent dans une phase de croissance et qui sont avides de capitaux.”

Quant au crowdfunding, il devrait connaître des jours meilleurs en raison des diverses initiatives prises pour le rendre fiscalement plus attrayant. Si MyMicroInvest est qualifiée par Omar Mohout de “plate-forme dominante” à l’heure actuelle, il estime que d’autres, tels que Bolero CF ou Angel.Me, viendront titiller sa position à l’avenir.