Robert Half: Quand le défi de la “guerre des talents” touche aussi les recruteurs (IT)…

Hors-cadre
Par · 11/02/2022

Depuis 2021, la filiale belge de la société Robert Half, cabinet de recrutement et de conseils en ressources humaines, a systématisé son offre de services de recrutements de profils IT. Une spécialisation qui est donc venue s’ajouter à son autre métier de prédilection qui est le recrutement et l’aide au recrutement de profils financiers.

L’un des déclencheurs pour le choix de cet axe stratégique fut la crise Covid et la flambée de besoins nouveaux (ou reconfigurés) qu’elle a induits. La spécialisation Profils IT n’était toutefois pas absente du registre de services de Robert Half en Belgique puisque son bureau d’Anvers en avait fait un axe d’activités depuis déjà environ cinq ans.

Par contre, le reste de la Belgique n’a commencé à suivre que l’année dernière. La section Wallonie-Luxembourg a vu entrer en action les premiers consultants spécifiquement orientés recruteurs de profils IT du côté de Liège en 2021. L’équipe va progressivement s’étoffer: deux conseillers déjà actifs pour la région de Liège, un autre pour Charleroi (et un deuxième recherché), deux devant entrer en action cette année à l’antenne de Wavre et deux autres pour couvrir le Grand-Duché.

A Bruxelles, la démarche systématique s’installera surtout à partir de cette année, avec trois ou quatre conseillers spécialisés.

Nouvelles “perles rares”

Le phénomène de pénurie de talents IT se combine de plus en plus avec une difficulté croissante à bien cerner les besoins et les spécificités des différents métiers, profils, technologies concernés… A tel point que le défi de l’efficacité pour l’exercice de recrutement se rétro-propage vers le monde des recruteurs. C’est en tout cas l’alerte que lance la société Robert Half.

“L’emploi le plus recherché en 2022? Recruteur IT. Pour trouver la perle rare en matière d’IT, il faut nécessairement des recruteurs qui puissent s’y connaître et repérer aisément ces talents. Sans cela, les entreprises ne sauront pas comment pourvoir leurs postes informatiques vacants et se feront doubler par la concurrence.”

Cette observation provoque donc une inversion de schéma: “la tendance actuelle n’est plus le recrutement de profils IT, mais bien le recrutement de recruteurs en profils IT”.

Robert Half opère à la fois pour de grandes sociétés et pour des entreprises plus modestes. Si les premières ont les moyens (et la nécessité) de mettre un ou plusieurs recruteurs de profils IT sur leur payroll, ce n’est évidemment pas le cas des petites et moyennes entreprises.
Environ 85% de la clientèle de Robert Half en Belgique se compose de PME, essentiellement de grosses PME (50 à 200 personnes) mais aussi des TPE, ne comptant que quelques personnes.
Le secteur public, par contre, est peu présent dans sa liste de références. Hormis quelques missions menées pour NoShaq, la SRIW ou encore Resa, Robert Half ne démarche pas activement ce secteur, en raison notamment de la longueur et des contraintes financières qu’imposent les appels d’offres via marchés publics.

Ce constat posé par Robert Half s’applique évidemment à tout type de recruteur IT, que ce soit ceux qui opèrent, “à demeure”, au sein des grandes sociétés (qui peuvent se permettre d’avoir ce genre de profil à bord), ou ceux qui officient dans des agences et sociétés spécialisées en recrutement. Comme Robert Half…

Où cette dernière va-t-elle puiser les nouveaux collaborateurs qu’elle recherche pour meubler ses propres postes vacants? “Il y a trois sources possibles”, explique Cédric Desmet, directeur adjoint chez Robert Half. “Ceux et celles qui travaillent dans de grandes entreprises, telles que Proximus, Engie ou EVS. Ceux qui sont en poste auprès d’autres cabinets de recrutement. Ou ceux qui opèrent pour des sociétés de consultance et qui sont placés, un temps, chez des clients pour effectuer des campagnes de recrutement.

C’est surtout auprès de cette troisième catégorie que nous essayons nous-mêmes de trouver des profils pour venir travailler chez nous.”

 

Cédric Desmet (Robert Half): “Contrairement aux sociétés de consultance qui engagent des recruteurs pour le compte de clients auxquels ils facturent le service, nous recherchons à recruter des conseillers qui pourront dénicher des recruteurs de profils IT qui seront employés de manière permanente par de grandes ou moyennes entreprises.”

 

Pourquoi vouloir surtout les débaucher auprès de sociétés de consultance plutôt que d’entreprises? “Les recruteurs de profils qui travaillent pour des sociétés de consultance ont généralement davantage des aptitudes commerciales, un côté pugnace, un esprit de compétition qui constituent des qualités qui sont également utiles dans notre propre démarche.”

Voilà qui nous amène au profil et aux qualités que doit avoir, selon Robert Half, un recruteur de profils IT ou un “recruteur de recruteurs”…

Pourquoi de tels recruteurs de profils IT sont-ils désormais considérés comme des “perles rares”? Pas forcément parce qu’il y en aurait moins sur le marché ou que la fonction n’attire pas (au contraire, elle est synonyme de carrière au long cours et de perspectives bien meublées tant la pénurie de talents IT est structurellement établie…). Mais plutôt, selon Cédric Desmet, parce que les compétences, aptitudes et qualités que doit posséder un tel recruteur a sensiblement évolué ces dernières années.

C’est que le nombre et la diversité des métiers, des fonctions, ont explosé et continuent de le faire: analytique, gestion des données, infrastructure, développement, (cyber)sécurité, gestion… Avec, à chaque fois, des centaines de sous-domaines. “Sans oublier qu’a chaque nouvelle technologie correspondent systématiquement de nouveaux profils…”

Cédric Demst (Robert Half): “L’exigence essentielle que nous avons pour de tels profils est d’’avoir l’esprit agile, de faire preuve d’une importante curiosité technologique, d’un intérêt prononcé pour la technologie, d’une capacité intellectuelle à comprendre.”

Un recruteur de profils IT ou un recruteur de recruteurs ne peut donc potentiellement maîtriser la totalité des nuances et variétés de compétences attendues pour chacune de ces centaines voire milliers de fonctions qui peuplent le monde de l’IT et du numérique.

“Il est impossible de connaître tous ces métiers. L’exigence essentielle que nous avons dès lors pour de tels profils est d’’avoir l’esprit agile, de faire preuve d’une importante curiosité technologique, d’un intérêt prononcé pour la technologie, d’une capacité intellectuelle à comprendre. Tout le reste, on l’apprend.

Tous nos consultants doivent donc procéder, chaque semaine, à dix interviews avec des professionnels exerçant différents métiers de l’IT. Objectif: dialoguer avec eux, poser des questions, apprendre en écoutant les candidats. C’est ainsi que nos consultants apprennent, sont capables de comprendre, d’établir des liens et des parallèles…”

Autre exigence qui s’y ajoute: une veille permanente sur le monde changeant des technologies IT/numériques. “Sans pour autant aller jusqu’à pratiquer soi-même l’analyse fonctionnelle ou des développements back-end ou front-end mais pour au minimum savoir ce que c’est, ce que cela implique…”

Vers une spécialisation des recruteurs IT Robert Half? 

La diversification croissante et la mouvance constante des profils et métiers IT va-t-elle inciter Robert Half à spécialiser ses propres consultants et recruteurs? C’est déjà chose faite pour son axe Recrutements de profils financiers mais la taille de ses effectifs, dans cette (large) thématique, le permet.

Pour l’instant, les consultants s’occupant de profils IT sont encore peu nombreux. Une spécialisation n’est donc pas possible. Mais… “il est clair que c’est une option pour l’avenir. Quand on se trouve dans une situation où il n’est pas possible de tout connaître, on peut soit choisir la voie de la spécialisation, soit choisir de se positionner sur des marchés-niche. A l’avenir, si nos effectifs IT devaient devenir aussi nombreux que nos recruteurs pour le secteur financier/comptable, la spécialisation sera en effet une option, afin d’être plus efficace et de connaître au maximum nos clients…”