Quelques tendances de l’emploi numérique en Wallonie

Hors-cadre
Par · 17/10/2022

A son échelle, le salon Job IT Day, organisé par le collectif Numeria (qui fédère les différents centres de compétences wallons – TechnofuturTIC, TechnoCité, Technobel…), peut offrir une image assez révélatrice de la situation sur le marché de l’emploi numérique. Ou plus exactement, des besoins et des “ressources” – disponibles ou à former.

Pour rappel, ce salon de recrutement permet de faire se rencontrer recruteurs, entreprises en quête de talents et personnes en recherche d’emploi ou de réorientation de carrière. Parmi ces dernières, une majorité sont issues des cycles de formation des centres de compétences wallons. Mais tant du côté “offreurs de talents” que du côté recruteurs, les acteurs locaux ne sont pas les seuls à hanter les couloirs virtuels du Job IT Day puisque les organisateurs signalent aussi la présence de quelques acteurs français, luxembourgeois, voire même canadiens l’année dernière…

Quelques chiffres pour l’édition 2022

Quelques jours avant la tenue de l’événement, le compteur affichait les chiffres suivants:
– 108 employeurs ou recruteurs inscrits (des entreprises et acteurs, privés ou publics, de toutes tailles) – voici un petit échantillon: NRB (notamment sa filiale Zorgi), B12 Consulting, AeroSpaceLab, Actito, WIN, CTG mais aussi la STIB, Vivaqua, DelPower ou encore l’AViQ, le CHC (Liège)  et le CHU de Namur. Liste complète sur le site du salon.
– près de 300 offres d’emploi
– près de 700 candidats
– 331 rendez-vous planifiés.

Sur les trois dernières éditions, les scores sont les suivants:
– offres d’emploi publiées: 846 (proposées par 307 sociétés)
– candidats ayant utilisé la plate-forme: 1.860.
Pour l’édition 2021, la moitié des chercheurs d’emploi étaient en cours de formation professionnelles. 17,7% avaient finalisé leur parcours de formation. 22% étaient actifs professionnellement (dont 10,7% sous statut d’indépendant). Les demandeurs d’emploi, eux, ne représentaient que 6,5% (du moins dans l’échantillon des personnes contactées après l’événement à des fins d’étude de satisfaction).

Mais revenons-en à ce que les statistiques révèlent des besoins dans le monde de l’emploi numérique…

Les organisateurs ont ainsi analysé les statistiques des trois dernières éditions et y ont intégré les premières indications que livrent les inscriptions à l’édition 2022 (qui se déroulera en-ligne ces 19 et 20 octobre) pour déterminer les types de profils et de compétences les plus demandés ou les plus en pénurie.

Environ 36% des fonctions à pourvoir concernent des profils métier, gestionnaires de projets, analystes… 28% concernent des développeurs. 25% des profils spécialisés en gestion de réseau ou d’infrastructure (sécurité comprise).

“On remarque par ailleurs un manque de profils en matière de gestion de projets et de profils métier, où l’offre ne parvient pas à satisfaire la demande”, souligne Pierre Lelong, responsable Formations Entreprises & Enseignement chez Technofutur TIC. “Autres profils en pénurie: les spécialistes réseau, infrastructure et sécurité, les administrateurs système…”.

Côté langages de programmation, Java demeure le plus demandé. Les formats Microsoft (C#, VisualBasic.net…) ont moins de succès. Légèrement dépassés notamment par les besoins Python. Des langages plus “historiques” tels que le vénérable ABAP de SAP, ou encore PowerBuilder, WinDev ou ColdFusion ne représentent qu’un taux de demande quasiment anecdotique. PHP, par contre, est lui aussi toujours bien présent sur les radars, se pointant en quatrième position derrière Java, Pythin et le duo C#/VisualBasic.net.

Dans la catégorie base de données, MySQL demeure le champion incontesté. Sur un total de 451 mentions de besoins de profils orientés bases de données (mentions faites à l’occasion de l’enquête auprès des participants aux trois dernières éditions du Job IT Day). MySQL rafle ainsi 121 signalements, contre 88 à MS SQL (Microsoft) et 49 pour Oracle.

Les organisateurs du salon pointent en outre une tendance en émergence: une demande croissante de profils formés en bases de données non relationnelles – notamment graphiques. Une partie de l’explication vient de l’essor des problématiques et projets big data, analytiques, où se mixent des données hétérogènes.

Petit coup d’oeil aussi du côté des méthodologies: Scrum/Agile cartonne, demandé près de trois fois plus qu’UML, Waterfall ou Prince2. 

Une recherche de profils plus spécifiques

L’édition 2021 avait été marquée, côté employeurs et recruteurs, par un regain de démarches qui visaient à constituer une réserve de recrutement. Explication donnée par Eloïse Labas, coordinatrice de projets chez Technofutur TIC: “Après le Covid, les entreprises ont rattrapé leur retard de recrutement lors de l’édition 2020, procédant à un certain nombre de recrutements. En 2021, leurs besoins immédiats étant satisfaits, elles ont notamment participé au salon en prévision de ce dont elles auraient besoin à échéance de 4 à 12 mois.” Voire plus.

Cette année, par contre, les premières estimations semblent indiquer que les offres d’emploi viseront davantage à trouver des talents à engager immédiatement ou à plus court terme et, autre caractéristique, à trouver des profils bien déterminés, voire moins courants.

Intérêt croissant pour les “soft skills”

En amont de l’événement de recrutement proprement dit, Numeria a organisé une série de webinaires (sept au total).

Des séances de sensibilisation et d’information ayant pour objectif d’aider les chercheurs d’emploi à mieux identifier les opportunités qu’offrent les métiers du numérique, et donc les opportunités qui se présentent à eux, à les aider dans leur parcours de mise à l’emploi, ou encore à les aider à identifier les compétences (hard ou doit) qui peuvent les aider à décrocher un poste. Au programme: démystification des enjeux, témoignages de personnes actives, conseils d’experts…

Chaque session a été suivie, en temps réel, par une trentaine de participants (mais les sessions sont également accessibles en différé et les chiffres définitifs ne sont donc pas connus…).

Parmi les thèmes qui ont suscité le plus d’intérêt: les “soft skills” – capacité à travailler en équipe, créativité, empathie, capacité de résilience… “Ces compétences comportementales pu transversales intéressent désormais les recruteurs, presque davantage que les hard skills”, indique Eloïse Labas. “C’est une tendance lourde dans tous les secteurs mais plus particulièrement du côté des start-ups numériques. Pour elles, l’agilité, la capacité à collaborer, la motivation, l’empathie, le sens de l’analyse sont des compétences devenues prioritaires.”

La plate-forme qui sert d’espace de rencontre entre recruteurs et chercheurs d’emploi a été développée par la société Fusor. Elle offre les fonctionnalités nécessaires pour la phase préparatoire aux rencontres proprement dites, pour la prise de rendez-vous et pour le déroulé des entretiens d’embauche.
En phase préparatoire, elle permet le dépôt des candidatures (avec CV, lettre de motivation, présentation des compétences acquises ou apprises, petit pitch personnel…) et la constitution de lz liste des postes et fonctions à pourvoir.
Toujours en amont des deux journées de rencontre, un algorithme se charge du matching entre offre et demande afin que recruteurs et demandeurs puissent se rencontrer le plus utilement possible, en corrélant compétences proposées et désirées. “Les compatibilités sont établies selon un ordre décroissant d’affinité, avec affichage du pourcentage de matching, selon la pondération éventuelle que les futurs employeurs donnent potentiellement à telle ou telle compétence ou qualité”.
L’étape de prise de rendez-vous se fait aussi à l’initiative des offreurs et demandeurs, via une fonctionnalité d’agenda partagé. Avec possibilité de fixer (dans une certaine mesure) la durée de l’entretien (généralement de 15 à 30 minutes), de modifier le créneau horaire, voire d’annuler un rendez-vous.
Dernière étape: l’entretien proprement dit, en visio. A poursuivre en présentiel pour les étapes suivantes si l’entretien est concluant…

Au vu de cet intérêt croissant, les organisateurs du Job IT Day en intégreront encore davantage les paramètres spécifiques des soft skills dans l’outil de “matching” qui a été développé spécifiquement pour l’événement, voici déjà plusieurs années (avec des améliorations régulières)… L’algorithme sera donc à nouveau retravaillé afin de pouvoir prendre ces nouveaux critères, plus difficiles à cerner, en considération.

Parmi les autres évolutions que les organisateurs du Job IT Day envisagent pour leur plate-forme en-ligne citons la volonté d’“intégrer davantage d’autres formes de recrutement afin de pouvoir également pourvoir à des besoins de stages, de missions à durée déterminée, d’alternance…” ainsi que la volonté de “creuser des besoins spécvifiques, entre autres ceux des start-ups”.

Du côté compétences, l’intention est par ailleurs de coller le plus possible à l’évolution technologique en prêtant tout particulièrement attention aux besoins en (cyber)sécurité, intelligence artificielle, gaming