Projets d’étudiants en IT: du pédagogique à l’exploitable…

Hors-cadre
Par · 13/02/2019

Parmi les différents travaux de fins d’études et exercices pédagogiques que les étudiants de la Faculté d’Informatique de l’UNamur initient, il s’en trouve qui méritent d’aboutir à une solution commercialisable et/ou utile à la société ou à l’un ou l’autre secteur. Mais cette perspective se heurte aux contraintes de l’enseignement: fin d’études, départ des étudiants, impossibilité de peaufiner ou consolider suffisamment la teneur du projet… “Le but premier des projets pédagogiques est de faire acquérir des compétences aux étudiants. Souvent, les projets leur permettent certes d’obtenir des notes, plus ou moins bonnes, mais le développement d’une appli ou d’une solution en reste au stade de la version bêta ou gamma, insuffisamment validée ou utile”, indique le professeur Vincent Englebert, doyen de la Faculté d’Informatique.

Or, pousser le projet plus loin pourrait déboucher sur une solution réellement utile, exploitable et déployable. Ce ne sont pas les plates-formes ou les outils qui manquent. Juste les porteurs…

D’où l’idée de l’UNamur d’investir dans une “politique de validation des artefacts produits par les étudiants”. L’université a dès lors engagé un informaticien – Sébastien Luca – qui partage son temps entre des développements destinés à l’université elle-même et la reprise en charge de projets d’étudiants inachevés afin de couvrir le “last mile” d’un projet.

“Les projets que nous jugeons prometteurs sont ainsi poursuivis afin de rendre les développements exploitables et utiles par la société. L’informaticien se charge d’ajouter les fonctions ou la robustesse qui leur font encore défaut. Et, si possible, de veiller à ce que le résultat soit proposé en open source. C’est en effet, à nos yeux, un élément du processus de valorisation. Nous sensibilisons d’ailleurs nos étudiants à cette problématique de l’open source, dès la 1ère bac, afin qu’ils l’intègrent dans leur projet.”

Pour l’instant, deux applications ont été jugées “prometteuses”. L’une d’elles est l’appli SmallBrother, destinée, et dont nous vous parlerons bientôt dès qu’elle sera disponible sur Google Play Store.

L’autre, destinée aux étudiants de l’UNamur, a fait ses débuts en interne cette année, en 1ère bac. Initié par des étudiants, le projet porte sur un mini-réseau social à finalité pédagogique. Son but: favoriser et faciliter les échanges de codes, le partage et la co-construction d’idées entre étudiants.”

Quand les étudiants “valorisent” eux-mêmes… 

Cela peut paraître étonnant – voire dommage – que des projets initiés par des étudiants en informatique ne soient pas amenés à bon port par eux-mêmes ou des condisciples qui prendraient le relais. L’acquisition de compétences, qui est le but des projets pédagogiques, ne peut en effet s’arrêter à la conception de fonctionnalités non abouties. Pourquoi dès lors l’UNamur a-t-elle privilégié le scénario d’un informaticien à demeure, pour finaliser les projets, plutôt que d’en confier la charge à des étudiants?

“Ce serait parfaitement faisable avec des étudiants”, indique Vincent Englebert, “mais il est difficile de concilier contexte pédagogique et valorisation de projet. Non seulement parce que les étudiants quittent l’université mais aussi en raison des exigences de résultat qui sont indissociables du processus de valorisation.

Il faut se fixer un timing, une date-butoir, pouvoir exiger de la personne qui finalise la solution que les fonctions imaginées soient conçues en bonne et due forme… Confier la chose à des étudiants ne permettrait pas de respecter l’agenda. On pourrait procéder par best effort mais sans pouvoir s’engager sur un planning.” Or, dans certains cas (si ce n’est dans la majorité d’entre eux), il y aura un “donneur d’ordre” extérieur – une société ou une association…

Il existe toutefois au sein de l’UNamur une autre structure, portée par des étudiants, qui pourrait dans certains cas prendre en charge le processus de valorisation de projets prometteurs. Il s’agit en l’occurrence de l’asbl CS Labs, une association créée par les étudiants de la Faculté d’Informatique qui désirent pousser plus loin leur démarche d’apprentissage.

L’asbl organise des formations, des événements, participe à (ou organise) des hackathons LIEN et lance également des projets. “L’asbl est née à la suite d’un projet réalisée pour la Capitainerie de Jambes pour laquelle les étudiants ont développé une application de réservation de bateau”, souligne Vincent Englebert. “Dans le cadre de mini-projets, gérés de manière autonome, le CS Labs pourrait donc être une piste pour la valorisation de l’un ou l’autre projet démarré par des étudiants à des fins initialement pédagogique…”