Première esquisse du programme de formations du “hub numérique” PoD brabançon

Hors-cadre
Par · 11/08/2022

L’un des axes d’action majeurs du “PoD” (Place of Digital), cet écosystème d’animation et de progrès économique des acteurs numériques du Brabant wallon, consistera en une offre de formations, de différents niveaux (depuis les bases du numérique jusqu’à l’acquisition de compétences expertes).

Le contenu et les modalités de cette offre de formations sont encore en phase de préparation et, pour certaines, de réflexion mais les grandes lignes commencent à prendre forme. Les premières concrétisations devraient intervenir en début d’année prochaine.

Les premières cohortes d’apprenants, de niveau formation avancée, pourraient ainsi bénéficier de programmes de formations thématiques dès janvier 2023. Thématiques pointées comme prioritaires: la cybersécurité, le big data, l’intelligence artificielle. Dans certains cas, selon une déclinaison sectorielle. Par exemple, les arcanes du big data dans le secteur de la santé, de l’énergie…

Le programme de formation orienté cybersécurité, en cours d’élaboration, comportera deux pans: l’un ciblant les soft skills, l’aspect humain de la problématique (promotion d’une culture de la gestion de la cybersécurité, apprentissage des bons réflexes et comportements…) ; l’autre se concentrera sur des connaissances plus “hard”, foncièrement techniques (maîtrise et utilisation des méthodologies, des outils…).

“Au stade actuel, nous finalisons l’inventaire de l’existant – tant du côté des besoins rencontrés par les fondateurs et les membres du PoD que du côté de l’offre de formations existante. Le but n’est nullement de réinventer la roue par rapport à ce que propose déjà, par exemple, l’UCLouvain ou des entreprises telles que MCG”, souligne Fernand Dimidschstein, directeur du PoD.

Un “MBA numérique” courant 2023

L’un des autres projets de formation du PoD est le lancement, courant 2023, d’un “MBA numérique”, inspiré à la fois de ce qui se fait déjà depuis quelques années en France et de ce qu’a mis en oeuvre HEC Liège plus récemment (le HEC Digital Lab). Explications par Fernand Dimidschstein…

Des formations organisées en strates de spécialisation

Des formations numériques de base pour des collaborateurs n’ayant pas de compétences numériques spécifiques (formations dont le programme sera élaboré dans le cadre du futur Quartier numérique du PoD).
Des formations d’experts.
Des formations de niveau avancé pour les membres du PoD qui sont déjà spécialisés dans leur domaine.
Il arrive à Fernand Dimidschstein de recourir à une analogie avec le monde du football. Le but est de couvrir un éventail de besoins, depuis la division amateur jusqu’à l’élite qui joue à l’international ou qui concourt aux Jeux Olympiques, en passant par la division provinciale et le championnat national…

“En France, un programme MBA a été mis en oeuvre qui a retenu notre attention. Certifié par l’Etat français, il se déroule sur une durée d’un an. Tout d’abord une formation académique de six mois, suivie de missions en entreprise, d’une durée de six mois, via des stages.

Notre volonté est de reproduire ce schéma – formations académiques et stages en inter-entreprise. C’est-à-dire la possibilité pour l’apprenant d’effectuer successivement des missions dans plusieurs entreprises membres du PoD.” Histoire de découvrir divers environnements, défis, problématiques, dans des secteurs et contextes potentiellement différents.

Telle qu’organisée en France et telle qu’elle sera potentiellement calquée en Brabant wallon, la formation MBA couvre un large éventail de matières: transformation numérique de l’entreprise et de l’économie, gestion de projets numériques, digital marketing et communications, e-business, formation aux médias…

Outre-Quiévrain, les formateurs sollicités ont des profils tantôt académiques, tantôt d’économistes, tantôt encore d’acteurs du monde de l’entreprise. C’est ce même genre de profil que l’on devrait retrouver, en 2023, dans le casting brabançon. “Sauf exception, les profils belges identifiés seront un copié-collé”, indique Fernand Dimidschstein. “Notre but n’est pas de faire venir des formateurs de France.”

Trouver tous les formateurs ad hoc prendra certes du temps mais le directeur du PoD se dit convaincu qu’il se trouve, côté académique et entreprises, suffisamment de ressources pour remplir le cadre. Il cite, à simple titre d’exemple, le groupe Cronos, désormais également implanté en partie francophone du pays, “qui propose un catalogue de formateurs et de formations dans lequel puiser, notamment en matière de cloudification. De même, on peut trouver suffisamment de profils adéquats dans les rangs des professeurs d’écoles polytechniques ou du côté d’entreprises telles que IBA…”

 

Fernand Dimidschstein (PoD): “La formation de gestionnaires de projets en transformation numérique fait cruellement défaut, en ce compris chez nous. Habituellement, les entreprises ont plutôt l’habitude de faire appel à des consultants mais ne disposent pas, en interne, d’une équipe ou d’une personne apte à assurer le suivi des projets. Même les sociétés hi-tech/numériques ne sont pas toujours technology savvy dans ce registre…”

 

L’autre source d’inspiration pour la mise sur pied du futur MBA numérique brabançon sera HEC Liège et son Digital Lab qui se positionne comme “promoteur de la recherche et de la formation de pointe en matière de technologies numériques – IA, apprentissage automatique, digital marketing, industrie 4.0”.

“HEC Liège a élaboré un service complet dédié au numérique, sous la forme d’un Digital Transformation Office [en mode transdisciplinaire]”, souligne Fernand Dimidschstein. “La manière dont une communauté numérique a été créée et est gérée, avec le branding de l’université en toile de fond, est source d’inspiration. Avec son Digital Lab, HEC Liège a réussi à établir une connexion entre l’université, les étudiants et le monde des entreprises du bassin liégeois.”

Pour reproduire – peu ou prou – ce modèle, des rencontres exploratoires interviendront à brève échéance entre le PoD et l’UCLouvain, côté formation continue, afin de formaliser un programme pertinent.

Offre et demande

Pour ce qui est de l’offre de stages, la phase préparatoire actuelle visera également à identifier les entreprises qui proposeront projets et défis aux apprenants. A priori, le PoD ne devrait pas trop ferrailler pour convaincre dans la mesure où le besoin en a été formulé par ses initiateurs et fondateurs. Bien entendu, ils ne suffiront pas à eux seuls à fournir aux apprenants un panachage de formation pratique suffisamment diversifié. Mais le PoD compte sur l’étoffement progressif des rangs de ses membres adhérents pour compléter le panel et l’offre. 

Cela passera notamment par les contacts qui seront établis à l’occasion de la deuxième campagne de levée de fonds pour financer le PoD, qui commence fin août. “Ce sera l’occasion, dans les contacts qui seront pris, de poser à la fois la question de la participation [au PoD], des besoins en formation, et de la capacité des sociétés approchées à proposer des stages et/ou des formateurs et formations…”

Les participants au MBA ou aux formations thématiques avancées seront des collaborateurs de sociétés membres du PoD qui ont besoin ou désirent se spécialiser dans une matière spécifique ou dépasser le cadre de leur domaine traditionnel.

Quels seront les prérequis auxquels les apprenants devront satisfaire? Il y aura naturellement des différences selon le contenu des formations, déclare Fernand Dimidschstein, mais le fait est que le niveau de départ sera potentiellement élevé. A l’image de ce qu’exige le MBA français (du Bac+4 ou +5 et une expérience professionnelle). “La barre sera placée assez haut. Pour les formations orientées big data, par exemple, il faudra être au minimum être détenteur d’un Bac et avoir des connaissances en maths poussées…”

Inventaire des besoins

Où en est actuellement le PoD dans l’inventaire des besoins en formations, de ses (futurs) membres, de l’offre existante et des éventuels “trous dans la raquette”? Quels constats ont déjà pu être tirés?
“Nous avons pu constater combien il est difficile d’avoir une vue précise sur ce qui est disponible en termes de formations, tant il y a pléthore. Il s’agit pour nous essentiellement de débroussailler le terrain.
Ce que nous avons en tout cas pu constater, c’est la réalité d’un besoin en “digital appliqué”. Un besoin de modeler les potentiels numériques selon les spécificités du métier, des verticaux. Le big data dans le monde de la distribution n’a que peu à voir avec le big data pour le secteur de l’énergie… La mise en adéquation est difficile.”
Autre besoin critique, qui émerge de manière récurrente, tous secteurs confondus: la cybersécurité. Ou encore la carence transversale de gestionnaires de projet en transformation numérique. “Les entreprises font plutôt habituellement appel à des consultants mais ne disposent pas, en interne, d’une équipe ou d’une personne apte à assurer le suivi des projets. Même les sociétés hi-tech/numériques ne sont pas toujours technology savvy dans ce registre…”