Plan du Numérique. Le bilan au bout d’un an

Hors-cadre
Par · 20/01/2017

Rappelez-vous. Fin décembre 2015, le gouvernement wallon et, plus spécifiquement, le ministre de l’Economie et du Numérique Jean-Claude Marcourt, dévoilait le “Plan du Numérique” wallon. Avec une série d’axes thématiques majeurs (5) et de mesures et actions à mettre en oeuvre (50). Le tout selon un agenda pas forcément précis mais avec, malgré tout, quelques indications sur ce qui devait être activé en premier lieu.

Qu’en est-il après un an? A lire dans cet autre article, dans les grandes lignes, ce qu’on doit retenir du bilan dressé par le gouvernement.

Le Conseil du Numérique, qui est chargé de surveiller la mise en oeuvre, d’apprécier l’évolution des choses et, au besoin, de fustiger le gouvernement ou les acteurs concernés, a remis son premier rapport annuel au Ministre Marcourt cette semaine. Les détails n’en seront connus qu’une fois que le gouvernement aura eu l’occasion de l’analyser mais, en gros, l’évaluation penche plutôt du côté positif. Ce qui ne veut pas dire que tout soit rose.

Voici ce qu’en dit déjà Pierre Rion, président du Conseil du Numérique.

Admis en deuxième année

Le rapport qui a été remis au ministre est structuré en quelques axes : mesures, constats, recommandations, commentaires. L’appréciation du Conseil du Numérique n’est pas exprimée en points ou en échelle graduée mais sous forme de codes couleur. Du vert (appréciation positive, assortie éventuellement de remarques et petites recommandations) au rouge (zéro pointé pour cause d’inaction – voire de plantage).

Résultat pour les 50 mesures évaluées?

13 cartons verts

11 cartons jaunes (quelques bémols dans la mise en oeuvre d’une mesure)

17 cartons orange (“quelques sources de préoccupation”)

4 cartons rouges

Et… 5 cartons blancs. Blanc comme l’abstention: le Conseil du Numérique ne porte aucun jugement parce que la mise en oeuvre est trop nouvelle pour pouvoir faire l’objet d’une appréciation. C’est par exemple le cas pour le Digital Wallonia Hub.

4 cartons rouges, malgré tout. Dont Pierre Rion ne veut rien révéler (laissons d’abord le gouvernement en prendre connaissance…).

Signalons qu’un cinquième avis d’infamie était prêt à être dégainé au rayon Territoire connecté… mais l’accord avec les opérateurs mobiles au sujet de la Taxe Pylône, engrangé en toute dernière minute, fin d’année dernière, a évité le rouge de la honte…

Des cotations commentées

Même les points jugés positifs (code vert) ont droit à des commentaires ou recommandations.

Exemple: le KIKK Festival dont le Conseil du Numérique estime qu’il devrait élargir son champ d’action pour couvrir davantage des réalités numériques. Exemple donné par Pierre Rion: la production 3D.

Pour ce qui est de l’accord intervenu avec les opérateurs mobiles, le Conseil insiste sur la nécessité de veiller à réellement passer de la parole (et de la convention) à l’action. Ce que les opérateurs s’engagent à faire et les investissements qu’ils consentiront dans les nouvelles infrastructures [Ndlr: voire le renforcement de l’existant] devront faire l’objet d’une “surveillance pointue” afin de s’assurer qu’ils ne se dédouanent pas et ne fassent pas soudain passer des investissements supplémentaires dans la colonne “déjà prévu’” (et donc non finançable).

Derrière les couleurs…

On peut sans doute s’étonner de la mansuétude du Conseil du Numérique. Certaines cartes auraient en effet pu être d’une autre couleur. Cette remarque nous est inspirée par plusieurs constats.

A commencer par le fait que toutes les mesures “enclenchées” ne sont pas forcément dans un stade avancé. Loin s’en faut pour certaines. Et que certains dossiers ont semblé avoir bien du mal à démarrer. En tout cas, sur le terrain, beaucoup piaffaient d’impatience…

Plusieurs dossiers ont été mis sur les rails à une longueur de la fin de la première année mais en sont encore au stade de la préparation, ou de la définition des mécanismes à réellement mettre en oeuvre ou des critères de sélection à appliquer pour lancer la machine.

Un exemple du côté du Digital Wallonia Hub (voir autre article). Son principe était acquis de longue date et il figurait parmi les priorités du Plan du Numérique mais l’imprimatur officielle n’est intervenue que toute fin décembre. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché de déjà opérer “officieusement” puisque la structure de pilotage a été décidée avant l’été et que deux premières “scale up” devant bénéficier de son intervention ont été sélectionnées.

Mais le réel démarrage se fait cette année et certaines règles et modalités de fonctionnement sont encore en phase de finalisation.

Autre exemple: l’équipement des écoles en infrastructure (matériels et connectique). Certes l’appel à projets (à orientation pédagogique) a été lancé pour l’équipement en “packs” matériels mais la mise en oeuvre prendra encore quelques mois. 500 écoles devraient être équipées chaque année.

De même, du côté de l’équipement en connexions WiFi: le lancement du déploiement progressif des 200 premières implantations a eu lieu ce 18 janvier.

Ce que le Conseil du Numérique salue donc surtout, pour certains axes d’actions, c’est davantage la volonté d’action et le lancement de la machine plus que son avancement réel. Mais comme le soulignait Pierre Rion, ce n’est réellement que d’ici an que l’on pourra réellement mesurer, jauger et étiqueter l’évolution et l’état de concrétisation du Plan.