Quels partenariats public-privé pour accompagner la “transition numérique” ?

Hors-cadre
Par · 05/12/2016

En marge de l’événement qui saluait la sortie de la première “promo” Start&Code, les initiateurs de ce programme avaient organisé une petite table ronde sur le thème “Quel partenariat mettre en oeuvre entre privé et public pour accompagner la transition numérique?”

Autour de la table Nicolas Harmel, attaché au cabinet du ministre Didier Gosuin, Baudouin de Troostenbergh, patron de Startup Factory et de CoStation, Laure Lemaire, directrice d’Interface3, et Tanguy Piret, directeur de JP Morgan Belgique.

La première question à laquelle le panel fut invité à apporter une réponse fut celle de l’initiative. Qui doit agir en premier, prendre le “lead”, en matière de sensibilisation à la transition numérique et de lancement de projets? “Qui pour amorcer la pompe?”

“Plus que jamais, dans le contexte de la transition numérique, on constate que le privé a une longueur d’avance”, déclarait Nicolas Harmel. A ses yeux, le public doit essentiellement assumer un rôle de soutien aux projets (notamment ceux qui impliquent une prise de risque certaine, un pari pris sur l’avenir) mais aussi faire en sorte de rehausser le niveau – celui des initiatives, de la prise de conscience, de l’implication des personnes et/ou entreprises qui sont les premières concernées.

Laure Lemaire (Interface3): “L’implication du privé dans les projets permet de sortir du cadre dans lequel s’inscrit habituellement le public. Cela permet de sortir de la case ou des rails tracés. D’élargir la vision et de diversifier les pistes de concrétisation.”

Ce qui empêche généralement l’acteur public de lancer lui-même une initiative est la difficulté qu’il y a à évaluer la prise de risque, estimait pour sa part Baudouin de Troostenbergh (Startup Factory). Rejoignant les propos de Nicolas Harmel, il déclarait que “le rôle du public est dès lors d’accélérer une initiative existante, de lui donner une nouvelle dimension, d’accélérer des projets qui ont déjà apporté la preuve qu’ils fonctionnaient. L’étincelle vient nécessairement du privé mais la responsabilité du public est d’intervenir suffisamment tôt, dans le processus de traction, et non pas uniquement une fois que la maturité est assurée.”

Tanguy Piret (JP Morgan): “Plus encore qu’ailleurs, il s’agit pour le secteur public, dans le contexte du numérique où tout va tellement vite, d’avoir la flexibilité nécessaire pour aller vite et changer les règles.”

Aux yeux de Tanguy Piret (JP Morgan), “les deux parties [privé et public] doivent collaborer et oublier leur méfiance mutuelle. Le public est avant tout un facilitateur et un accélérateur. Il lui revient d’indiquer les priorités et, dès lors, de changer les règles [en ce compris les siennes éventuellement] afin de permettre à ces priorités de se concrétiser.”

Changement de paradigme

La forme-même d’un partenariat public-privé est en passe d’évoluer. “A Bruxelles, certains partenariats publics-privés ont déjà été créés. Exemple: le Microsoft Innovation Center. Cette initiative a été lancée et pilotée par le privé parce qu’à l’époque [Ndlr: l’initiative remonte déjà à quelques années, tant en Wallonie qu’à Bruxelles ou, plus récemment, en Flandre], le public ne savait pas comment procéder pour accompagner les jeunes dans le numérique”, justifie Nicolas Harmel.

Ce mode d’intervention du secteur public, si on devait le schématiser, est de mettre de l’argent sur la table et d’évaluer les bilans qui sont faits, chaque année, des activités.

Depuis cette première expérience, poursuit Nicolas Harmel, “le secteur public a acquis une certaine maturité et joue un rôle actif [à Bruxelles] dans le cadre d’appels à projets.

Quelle sera la forme des partenariats public-privé à l’avenir? C’est une bonne question. Il y a en tout cas beaucoup de choses à faire et il n’y a pas de tabou. Ce qui est surtout important, c’est de se placer dans une logique où l’acteur public propose quelque chose qui n’est pas encore assuré ailleurs et qui soit le plus complet possible en termes notamment d’accompagnement et de formation.”

Nicolas Harmel: “A l’avenir, il ne sera plus possible d’être des généralistes [en termes de technologies qu’on décide de privilégier et de pans économiques à développer]. Il faudra sans doute arrêter de soutenir certaines technologies parce que d’autres y sont bien plus forts ou plus avancés que nous. Il faut déterminer ce en quoi on peut devenir des experts, réussir à bâtir une marque de fabrique pour la Région bruxelloise et avoir un panel d’aides qui soient adéquates pour ces technologies.”

La formation et l’éducation demeurent, à l’évidence, un domaine où les responsables publics estiment important d’agir et de démontrer du dynamisme, du volontarisme. Même s’il y a encore souvent un long chemin entre la parole et l’acte…

Aux yeux de Nicolas Harmel, il existe chez nous, au niveau de l’éducation, un déficit de sensibilisation des jeunes et des très jeunes à la réalité et aux défis de la “transition” numérique.

Par quelle voie faire passer cette sensibilisation? “Faut-il s’appuyer sur ce mammouth qu’est la Fédération Wallonie-Bruxelles”, s’interrogeait-il, “ou utiliser d’autres voies, par exemple via une forme de partenariats public-privé telle qu’Interface3 ou les CoderDoJo, qui permettent de toucher le bon public… Je crois qu’il faut battre ce fer-là.

Il serait utile de structurer un réseau d’institutions privées et publiques. Il y a en tout cas beaucoup de choses à faire et nous [lisez: le cabinet Gosuin] sommes prêts à supporter de telles initiatives.”