L’ICT à l’école: les jeunes québecquois se sont penchés sur la question

Hors-cadre
Par · 27/08/2015

Dans le cadre d’un atelier de réflexion mené tant en classe qu’en résidence, 15 étudiants du premier degré de l’enseignement supérieur québecquois inscrits au cours de philosophie Éthique et politique se sont penchés, cette année, sur la place et l’usage des nouvelles technologies en classe. Voir en encadré la manière dont fonctionne ce programme CEST-Jeunesse (Commission de l’Ethique en Science et en Technologie)

L’objectif était de traiter d’une série de questions abordant diverses facettes de l’ICT à l’école: aspects pédagogique, logistique, budgétaire et éthique.

Exemple de questionnements mis sur la table au départ: “à qui revient la responsabilité d’équiper les élèves en dispositifs numériques? doit-on privilégier le principe du BYOD, où chaque élève apporte son propre appareil? quelles en sont les conséquences en matière d’équité? doit-on censurer ou filtrer les médias sociaux dans les écoles? augmente-t-on les risques de plagiat électronique en utilisant l’ICT?” Etc. etc.

Les travaux du CEST-Jeunesse ont débouché sur la publication d’un avis, intitulé “L’éthique et les TIC à l’école”, et sur la formulation de 9 recommandations destinées aux acteurs de l’enseignement et, en particulier, au ministère québecquois de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

“Le message que nous envoient ces jeunes est qu’ils ne doivent pas servir de cobayes.”

Les responsables du programme ont quelque peu été étonnés par la teneur des conclusions qui, pour rappel, sont le fruit d’un travail d’adolescents (ou jeunes adultes). Il s’en dégage, selon la présidente de la commission CEST, “une vision réaliste et pragmatique, une approche nuancée axée sur la prudence et les preuves scientifiques. […] Les jeunes se montrent en fait plutôt conservateurs. Ce qui contraste avec un préjugé selon lequel les jeunes sont de fervents utilisateurs et promoteurs de la technologie. […] Le message que nous envoient ces jeunes est qu’ils ne doivent pas servir de cobayes.”

Qu’ont dit ces jeunes Québecquois?

Telle qu’ils perçoivent l’école de demain, ces jeunes insistent sur la nécessité d’un “ancrage dans un idéal de progrès social”, de mise en exergue des “valeurs de créativité et d’esprit critique, d’entraide et de collaboration.” Autres conditions sine qua non à leurs yeux: “équité et égalité des chances, ouverture sur le monde, autonomie et responsabilité.”

La CEST-Jeunesse est une activité de la Commission de l’éthique en science et en technologie du Québec, destinée aux étudiants de niveau collégial inscrits au cours de philosophie Éthique et politique. Cinq enseignants en provenance d’établissements du premier niveau de l’enseignement supérieur (les “cégeps”), situés dans diverses régions du Québec, consacrent la première partie du trimestre d’hiver à un thème de travail. Par la suite, les étudiants ayant participé au cours délèguent trois des leurs (soit un total de quinze étudiants) pour constituer la CEST-Jeunesse et délibérer sur les enjeux soulevés par le thème choisi au cours d’une fin de semaine de travail en résidence. [ Retour au texte ]

De manière plus directement liée aux technologies numériques proprement dites, les jeunes “insistent sur l’importance d’une réelle appropriation de la technologie, en opposition avec la simple compétence à utiliser le matériel.”

Là où ces jeunes se montrent “prudents et pragmatiques”, pour reprendre le jugement de la présidente de la Commission, c’est dans les préalables qu’ils estiment nécessaires. A commencer par la démonstration que l’ICT dans le secteur de l’enseignement est “efficace” et “revêt une valeur pédagogique” certaine. “Prérequis essentiel à leur déploiement dans le réseau scolaire”, insistent-ils.

Vient ensuite le délicat problème de l’“équité”, autrement dit de l’accessibilité de tous aux ressources et outils numériques, sans oublier aux “connaissances et compétences pour les utiliser.” Le contrôle et la responsabilisation des divers acteurs concernés sont présentés comme des pistes possibles voire nécessaires pour éviter certaines dérives.

“Equité et égalité des chances, ouverture sur le monde, autonomie et responsabilité.”

Enfin, les jeunes plaident pour une “pluralité et un équilibre entre les approches déployées en éducation. Les technologies et leurs usages peuvent avoir leur place, mais il faut se méfier des solutions uniques et des cadres rigides.”