Etude UMons: objectiver le business development du Parc Initialis

Hors-cadre
Par · 29/05/2013

Objectiver, par des chiffres concrets, validés par des acteurs neutres, les aides publiques et les initiatives (privées ou publiques) visant à créer ou attirer des entreprises dans une filière ou dans une zone d’activités géographique bien déterminée. Voilà qui semble une chose plutôt utile et nécessaire, notamment pour aller au-delà des effets d’annonce. La tâche toutefois n’est pas des plus simples.

En décembre 2012, une étude a été initiée afin de quantifier l’intérêt économique du parc d’activités Initialis de Mons et d’objectiver l’impact qu’ont eu (ou auront encore potentiellement) sur la création d’entreprises et d’emplois, les mesures et initiatives prises dans le cadre de son développement. Initialis, pour rappel, est un parc scientifique très orienté numérique/IT qui lui a d’ailleurs valu le surnom de “Digital Innovation Valley”.


“Digital Innovation Valley”

Parmi les principaux acteurs qui sont implantés dans le Parc Initialis, citons le Microsoft Innovation Center (MIC), le centre de compétences et de formation TechnoCité, le centre de recherche Multitel ou encore FuturoCité (successeur d’EuroGreen IT). Sans compter la proximité d’un Google, établi à quelques kilomètres de là.

Côté jeunes sociétés, le parc accueille des sociétés telles que Fishing Cactus, I-Movix, I-Care, TagExpert, Mémoire du patrimoine, ACIC…


 

L’étude, menée par le professeur Alain Finet, attaché à l’institut de recherche HumanOrg de la Faculté d’économie et de gestion Warocqué de l’UMons, sera un exercice de (très) longue haleine (5 ans). Une durée inhabituelle qui s’explique par le fait qu’elle s’inscrit dans le cadre plus vaste d’une étude et évaluation des retombées économiques de Mons 2015 [Mons capitale européenne de la culture].

L’un des objectifs de l’étude est de déterminer la manière de dynamiser et de rendre plus performant l’écosystème existant (entreprises-leader, jeunes start-ups, recherche, monde académique, organismes de formation, acteurs publics).

Autres raisons de cette étude: déterminer “comment surfer sur la dynamique induite par Mons 2015 sur le développement de la Digital Innovation Valley et des “pépites” qui y sont établies.” Et “démontrer l’impact de la Digital Innovation Valley sur la notoriété de la région et ses retombées économiques.”

Premiers enseignements

Le premier exercice auquel a procédé Alain Finet a été de comptabiliser emplois, nombre de sociétés et progressions entre 2006 et 2012. Une sorte de carte d’identité purement quantitative reposant sur des chiffres bruts (chiffre d’affaires, résultat d’exploitation, capital de départ, nombre d’emplois…).

L’analyse qualitative doit encore avoir lieu. Voici déjà toutefois les chiffres “bruts”.

– nombre de sociétés établies dans le Parc Initialis:

2006: 41 – 2012: 107

– nombre d’emplois directs:

2006: 358 – 2012: 1.095.

Le nombre moyen de personnes employées par entreprise est lui passé de 6 en 2006 à 10 en 2012.

“Démontrer l’impact de la Digital Innovation Valley sur la notoriété de la région et ses retombées économiques.”

Premiers commentaires d’Alain Finet: “L’écosystème a réussi à faire augmenter le nombre d’emplois et de sociétés. Les sociétés se sont maintenues et ont même progressé en dépit de la crise. Les structures ont tendance à grossir… même si elles restent majoritairement des microstructures.”

69% des sociétés sont des micro-entreprises (ou TPE), employant moins de 10 personnes. 30% sont des petites sociétés (entre 10 et 49 personnes). Une seule dépasse la barre des 50 personnes.

La taille très modeste des sociétés est à la fois logique et un facteur limitatif pour le développement économique de la région, estime Alain Finet. Logique, parce que le parc Initialis est clairement placé sous le signe des médias et projets numériques (agences Web, diffusion numérique, jeux vidéo et jeux sérieux, services réseau, connectique…).

“C’est un domaine très spécifique et très diversifié qui, par nature, ne génère pas beaucoup d’emplois. Les structures démarrent et reposent souvent sur l’idée folle d’un porteur de projet. Ce sont de petites pépites technologiques à qui il manque souvent des connaissances et compétences, en interne, pour développer un réel business plan. Cette situation est potentiellement pénalisante pour le développement du Parc Initialis.”

Pépites et attrape-rêves

Ce qui manque à la zone, c’est un acteur-phare, un “poids lourd” qui puisse générer des emplois à plus grande échelle, permettre de franchir un seuil.

Quelles sont dès lors, aux yeux d’Alain Finet, les conditions nécessaires pour qu’une région, un parc- quel qu’il soit- puisse espérer attirer un tel acteur-phare et passer à un stade supérieur de développement? “Pour s’assurer la venue d’un “porte-drapeau” ou de nouveaux investisseurs qui viennent financer des sociétés existantes, il faut une mise de fonds, de l’espace où grandir, une image de marque de la région, la présence d’acteurs reconnus évoluant dans le même secteur, de la main-d’oeuvre formée, des débouchés.”

Ce qui fait beaucoup de paramètres à satisfaire. Alain Finet ajoute toutefois: “la dynamique de Mons 2015 aura un effet favorable à la fois sur l’image de marque de la région et sur sa notoriété.”

A condition, bien entendu, de réussir cet événement-phare.

Pour le reste, il s’agit pour TechnoCité [centre de compétences, de veille et de formation à l’ICT et aux médias numériques] de continuer à jouer les “outils d’impulsion”. Le centre forme actuellement quelque 7.000 personnes par an.

“Le MIC, pour sa part, constitue une vitrine, un instrument qui met en relation différents partenaires”, déclare Alain Finet. “Il remplit un rôle important de par l’idée qu’il fait germer dans l’inconscient collectif. De manière très opérationnelle, les services offerts par le MIC ont permis la création et l’accompagnement de 200/300 emplois [ A lire à ce sujet le bilan chiffré que le MIC faisait, voici quelques mois, de ses activités à Mons]. Il est clair que la simultanéité de la présence du MIC et de Technocité constitue un terreau réellement favorable pour le développement d’une dynamique de création d’emplois dans le domaine du numérique.”

L’étude plus fouillée de la courbe de progression sur 6 ans devrait permettre de vérifier l’effet tangible de l’implantation du MIC [Microsoft Innovation Center] dans le parc. Aux yeux d’Alain Finet, le rôle d’“incubateur d’intelligence” de TechnoCité est, par contre, incontestable. “Il galvanise les activités numériques de la zone. Ses efforts ont été renforcés par l’arrivée du MIC.”

Prochaines étapes

De nombreuses inconnues, zones d’ombre et explications manquent encore dans l’étude telle qu’elle existe à l’heure actuelle. Par exemple: les différences éventuelles par type d’activités des sociétés; l’effet d’investissements publics; les raisons des faillites; l’analyse des “success stories”; la viabilité des sociétés; la création nette d’emplois et leur stabilité dans le temps… Tous éléments dont on a hâte de découvrir, à terme, l’analyse.

Les nouvelles implantations sont essentiellement le fait de start-ups dont il sera intéressant de vérifier, d’ici quelques années, la stabilité ou la progression.

Si le nombre de société a progressé d’environ 160%, ce n’est là, une fois encore, qu’un chiffre brut qui doit encore être analysé. Certaines sociétés qui étaient établies dans le parc en 2006 ont en effet déménagé. Certaines d’entre elles n’existent plus forcément mais cette analyse n’a pas encore été faite.

Prochaine étape, planifiée pour la rentrée de septembre et devant se dérouler sur 6 mois: des entretiens directs avec les entrepreneurs, selon une grille de questions et d’évaluation qui portera à la fois sur les dimensions technologique et économique.

La majeure partie de l’étude se déroulera entre 2014 et 2018.