The un-smart divide, ou le mythe de l’intelligent

Hors-cadre
Par · 28/05/2013

La société (au sens de communauté humaine) connectée devient-elle pour autant un espace à vivre plus intelligent?

Lors de son exposé sur la “ville numérique intelligente” à l’occasion de l’IP Forum de l’AWT, Maxime Prévot, bourgmestre de Namur, parlait de la nécessaire “intelligence du contenu’”. Il faut passer, déclarait-il en substance, d’une l’intelligence du concept à l’intelligence du contenu. Parce que les nouvelles technologies ne sont pas toujours des “facilitateurs”.
Et il est vrai que la meilleure idée, l’idée la plus futuriste, la plus techno-branchée peut ne pas correspondre au contexte local, aux besoins réels. La question à se poser: ce qu’on invente contribue-t-il à ajouter de la valeur? Quelle fracture numérique nouvelle n’est-elle pas induite par l’un ou l’autre effet de bord? Une nouvelle fracture numérique ne vient-elle pas amplifier la fracture humaine, souvent déjà bien réelle?

Echo similaire à Mons où la ville se prépare à son grand événement Mons 2015, Capitale européenne de la Culture, placé sous le thème “Where Technology meets Culture”. La volonté est ici de jouer la carte non pas uniquement de la connexion ou de la connectivité technologique mais aussi celle de la (re)connexion sociale. “Nous voulons”, souligne Yves Vasseur, commissaire de la Fondation Mons 2015, “une ville plus ouverte, plus (inter)connectée. Nous voulons favoriser des relations entre classes d’âge, entre classes sociales”, recréer la mixité, le maillage, “réduire la fracture numérique qui vient parfois s’ajouter à la fracture sociale.”

Parce que – quoi que l’on pense – la technologie demeure un luxe (financier) pour certains, il est plus que jamais nécessaire de réfléchir à la manière d’éviter que les potentiels technologiques n’approfondissent la fracture humaine, sociale.

L’idée n’est pas de freiner la technologie selon le principe d’égalité pour tous. L’idée n’est pas de provoquer un nivellement par le bas qui empêcherait la technologie de nous apporter tous les avantages qu’elle peut représenter pour notre quotidien et notre qualité de vie.

Il s’agit plutôt de tendre vers le rêve (inaccessible?) qui serait de voir la Société penser en des termes de Collectivité, de Communauté, afin que ceux qui risquent d’être laissés pour compte puissent bénéficier des avantages promis.

Pour cela, il faut retisser des liens, de vrai liens. Pas des hyperliens entre (faux-)amis d’un réseau virtuel. Faire en sorte par exemple que les nouveaux outils numériques qu’on implante dans les classes ne créent pas une fracture nouvelle, plus profonde, lorsque, revenus chez eux, les élèves et apprenants de tous âges ne soient plus égaux devant la technologie parce que certains d’entre eux n’ont pas d’ordinateur à domicile et ne peuvent donc pas accéder à leurs cours ou devoirs mis dans le “cloud”. Ou parce que certains parents leur interdisent de se connecter à ces cours et contenus de crainte qu’ils n’aillent en fait sur Facebook.

Il suffirait d’une dosette de partage entre have et have-nots.

N’est-on pas après tout dans l’ère du partage (parfois anachronique)- photos, tweets, secrets livrés à de parfaits inconnus, espaces de stockage pour nos fichiers professionnels, préférences consuméristes exploitées par les Google & Co…

Pourquoi ne pas partager aussi – et surtout – les chances d’accès?