Le syndrome du “dead brain”

Hors-cadre
Par · 14/02/2013

Jeune ou déjà blanchie sous le harnais, une société se doit de se remettre constamment en question. L’immobilisme a rarement des effets bénéfiques. Encore moins dans un secteur volatile, voire volage, tel celui de l’ICT et du numérique.

Alors que la société qu’il a créée est en passe de tomber dans le giron de Canon (à moins que les actionnaires n’en décident autrement), Pierre De Muelenaere évoquait la semaine dernière quelques écueils qui expliquent, selon lui, pourquoi tant d’entrepreneurs échouent ou disparaissent des radars avec leur société.

Positionnement trop frileux, replié sur quelques marchés (géographiques) qui finissent tôt ou tard par ne plus être porteurs ou ne plus suffire. Déséquilibre entre propositions technologiques et capacités commerciales et marketing. Assèchement de la capacité de renouvellement technologique qui rendent les sociétés “brain dead”. Erreur de timing et de pondération dans l’utilisation des budgets disponibles.

Pour poursuivre et amplifier ses propres efforts d’innovation et sa présence sur le marché, IRIS a vu dans l’envergure (et la business proposition) de Canon la plate-forme qui pourrait lui procurer les perspectives futures qu’elle ne pouvait garantir à elle seule.

Mais comment une société peut-elle faire, quand elle en est encore à un stade plus précoce de son existence, pour décupler et ouvrir ses horizons? Comment procéder lorsque l’on n’a pas l’ancienneté et l’attrait d’une société telle IRIS ou encore lorsqu’on ne peut pas s’appuyer sur le lien ombilical vers une université dont les laboratoires de recherche sont aussi, potentiellement, des moyens de se tourner vers des organismes publics aptes à financier la R&D?

En fait, les solutions ne manquent pas mais sont souvent ignorées, négligées, voire snobées.

Quelques exemples? Créer une communauté virtuelle entre start-ups aux compétences complémentaires. Chercher un appui auprès de centres de compétences tels le CETIC ou Cenaero qui, de plus en plus, ouvrent leur champ d’action aux PME et jeunes pousses. Participer activement à des cercles d’échanges entre entreprises, par exemple les business clubs qu’animent les clusters. Solliciter la jeune génération au travers de ces “junior enterprises” qui se créent au sein des universités. Déposer un projet de recherche auprès d’un organisme finançant la recherche et l’innovation, comme Innoviris. Tenter sa chance du côté des doctorats (le cas échéant l’idée ou le thème pourrait même tomber dans le champ de doctorats subventionnés par des financements de recherche). Et nous ne parlons même pas de la piste, quasiment inexploitée, du crowdsourcing.

Le monde, le marché, la réalité technologique sont devenus trop complexes pour que chacun reste dans sa petite case cloisonnée. Après tout, c’est toujours par le biais de croisements que la création se matérialise. Que ce soit dans un jeu de scrabble, lors de la recombinaison de gènes ou à la faveur d’alchimies savantes.