Lors de la récente conférence Logistics Summit organisée par BeCommerce, l’un des fils conducteurs suivis par différents intervenants était l’importance d’une union sacrée entre les différents intervenants de la chaîne logistique, en particulier les maillons concernant le passage en douanes. Mais pas que…
En Belgique, en matière d’e-commerce, la référence, le point de comparaison – qui est rarement flatteur pour nous – reste les Pays-Bas. Que ce soit en termes d’infrastructure de livraison et distribution, de réactivité, de “souplesse” de la main-d’oeuvre, d’avantage légalo-fiscal, nos voisins du nord servent systématiquement d’exemple du genre “pourquoi-ne-faisons-nous-pas-comme-eux”. En fait, et de manière ironique, les Hollandais commencent à se demander s’ils ne sont pas en train de se faire dépasser, à certains égards, par les “petits Belges” – notamment en matière de procédures de douanes appliquées à un phénomène allant grandissant: la logistique de distribution des produits achetés via plates-formes e-commerce dans des pays souvent bien lointains (asiatiques en particulier). Un match est en train de se préparer entre la “méthode” hollandaise et la réplique belge (Venue contre B-Gate – on en reparlera certainement dans les prochains mois).
Tout cela pour dire que la logistique e-commerce, du côté des pays récipiendaires et de leurs noeuds stratégiques de re-distribution et acheminement final, est devenue un enjeu crucial.
Des arguments convaincants
Un enjeu que l’Aéroport de Liège et le Port d’Anvers, tous deux présents lors de la conférence de BeCommerce, ont bien l’intention d’affronter dans les meilleures conditions possibles, en jouant si possible la carte de l’union et de la collaboration par-delà les ségrégations linguistico-politiques mais aussi par-delà les anciens antagonismes qui semblaient devoir garder dans des camps adverses fournisseurs, transporteurs, logisticiens, opérateurs et autorités de douanes.
Désormais, soulignait Kristian Vanderwaeren, administrateur général Douanes et Accises (AGD&A) au SPF Finances, les différentes parties se rendent compte qu’elles ont tout intérêt à s’allier afin de maximiser les chances d’une efficacité logistique.
“Les douanes jouent un rôle essentiel pour un aéroport tel celui de Liège qui accueille de très nombreux vols extra-européens”, soulignait Luc Partoune, CEO de Liège Airport. L’aéroport veut dès lors jouer la carte du “noeud e-commerce”, en attirant toujours plus de compagnies aériennes et de sociétés spécifiquement orientées e-commerce, tels que les centres de distribution.
L’accord récemment passé avec Cainiao Smart Logistics Network, la filiale logistique d’Alibaba, qui basera son centre européen de distribution (1) sur le sol liégeois, sera largement utilisé comme exemple pour attirer d’autres acteurs.
Qu’est-ce qui a séduit Alibaba à Liège? “Leur but est de garantir à terme, des livraisons hors-Chine dans les 72 heures, contre 5 jours actuellement”, explique Luc Partoune. “Nous avons décroché le contrat notamment en raison notamment de l’efficacité de nos services de douanes. Toutes les expertises locales sont importantes – gestion des données, solutions d’e-paiement, logistique…
Nous espérons que ce contrat sera le premier d’une série mais, pour cela, il est important qu’une collaboration naisse en Belgique, avec les ports d’Anvers et de Zeebrugge notamment. La demande est tellement importante qu’il y a place pour tout le monde.”
Bernard Piette (Logistics in Wallonia): “Nous disposons largement des mêmes arguments que les Pays-Bas en termes d’infrastructure logistique, de compétences. La différence se situe surtout du côté de l’assertivité. Nous avons un problème de perception [en notre défaveur]. Cela suffit souvent à faire basculer la décision des investisseurs.”
Un autre élément qui a convaincu les Chinois, selon les responsables de l’Aéroport de Liège, est le fait que la candidature belge ait osé s’affirmer. “Nous leur avons tout simplement dit que nous étions les meilleurs et que tout problème éventuel serait résolu. Personne ne sait ce que sera l’e-commerce dans dix ans. Les Chinois n’étaient donc pas en mesure de dire ce qu’ils voudront à l’avenir. Nous leur avons assuré que nous leur offririons ce dont ils auront besoin.”
Un autre argument, plus tangible, fut le degré d’implication que les autorités financières et douanières belges veulent désormais avoir dans l’attraction d’acteurs et investisseurs étrangers. Rendre les procédures douanières plus performantes, fluides et rapides sera un élément indispensable pour attirer les “pure players” de l’e-commerce et gagner des points dans une stratégie de “plaque tournante” européenne, face notamment aux concurrents néerlandais et allemands.
Pour ce faire, il faudra effacer l’impression – qui est plus qu’une impression évidemment – de fragmentation belgo-belge. “Nous avons voulu la régionalisation des compétences. Nous devons désormais faire avec”, soulignait Bernard Piette, directeur général du Pôle de Compétitivité Logistics in Wallonia. “Les réformes successives ont fait de nous des victimes collatérales. Heureusement, sur le terrain, les acteurs arrivent à se parler et trouvent des moyens de collaboration. C’est cela aussi qui a convaincu les Chinois.”
Confirmation de Kristian Vanderwaeren: “Il est essentiel de créer des leviers logistiques et des corridors numériques, avec une unification des systèmes IT, une seule interface renvoyant vers les différents hubs logistiques, qui doivent travailler ensemble.” La grande union sacrée entre pôles logistiques, en trans-modal (air, rail, mer)…
(1) Les quatre autres centres de distribution de sont basés à Hanghzou (Chnine), à Dubai, à Kuala Lumpur et à Moscou. [ Retour au texte ]
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