Baromètre numérique du citoyen wallon: ça grimpe, ça grimpe…

Hors-cadre
Par · 24/10/2019

En l’espace de deux ans, les divers indicateurs et paramètres pris en compte dans le cadre du “Baromètre” de l’équipement et des usages numériques du citoyen wallon (réalité par l’AdN) ont dans l’ensemble progressé. “D’au moins deux pour-cents”, indique Hélène Raimond, experte à l’AdN. Parfois même avec des améliorations plus que sensibles.

Le taux d’équipement des ménages en ordinateurs a en effet continué d’évoluer, grignotant les quelques pour-cents qui manquent encore pour atteindre une situation optimale.

Quelques chiffres – bruts et en vrac…

La progression est de 6 points au rayon Présence d’un ordinateur (fixe ou portable) au sein du domicile. Nouveau score global: 84% des domiciles équipés. La progression est de 10 points en termes de possession d’une tablette [55%] et même de 19 points [75%], côté smartphone.

L’Internet est présent dans 90% des ménages (un progrès de 9%). 82% des personnes interrogées disent l’utiliser tous les jours, ce qui représente une augmentation très sensible sur une période de 8 ans puisque “seulement” 65% des citoyens sondés en 2011 disaient avoir recours à leur connexion Internet domestique à un rythme quotidien. 

A noter une belle progression du taux de connexion des plus de 75 ans, une catégorie qui enregistre une progression de 28 poins en deux ans.

Par ailleurs, les déploiements WiFi se multiplient dans les espaces publics ou commerciaux et sont désormais utilisés, d’après le sondage de l’AdN, par 50% des citoyens (interrogés). Une non utilisation de ces connexions sans-fil pourtant accessibles (en grande majorité gratuitement) par la moitié des citoyens, voilà qui laisse songeur… Manque d’informations? Crainte pour leurs données? Coût jugé marginal d’une connexion télécom?

Les lieux les plus utilisés sont des réseaux privés (commerçants, restaurants…) ou des hotspots publics (gares, aéroports…). Avec respectivement 39% et 25%.

Pour tout découvrir, sous de multiples angles d’analyse, sur les résultats de l’enquête Baromètre Citoyen de l’AdN, pour disséquer et analyser à l’aise tous les chiffres, rendez-vous sur le site Digital Wallonia.

D’autres lieux publics apparaissent comme étant mieux équipés en WiFi qu’il y a deux ans et dès lors davantage utilisés. Citons par exemple les bibliothèques ou encore les EPN (espaces publics numériques). Bien qu’enregistrement un doublement dans le taux d’utilisation (passant de 3 à 7% en deux ans), ces EPN ont de toute évidence encore une marge de progression énorme, vis-à-vis des publics plus défavorisés ou demandeurs.

Les espaces WiFi-sés relevant des municipalités (WiFi urbain ou communal) sont par contre loin de connaître le succès qu’on pourrait en espérer, n’étant utilisés que par 6% de l’échantillon citoyen sondé. 

 Voir les détails sur la méthodologie de l’étude en fin d’article.

Il reste 8% des foyers qui ne disposent d’aucun équipement IT. Un chiffre global qui masque une grande disparité socio-démographique. La plupart des “have-nots” se retrouvent dans la classe d’âge des plus de 70 ans mais aussi du côté de ménages mono-parentaux, surtout lorsque le chef de famille est une femme. Autant de signes révélateurs de la nature de la fracture numérique et de l’inégalité genro-sociale qui perdurent, voire s’accentuent.

Au-delà des chiffres, il est bien entendu (plus) intéressant et pertinent d’analyser l’usage qui est fait des équipements et solutions déployées, d’y détecter d’éventuelles tendances et évolutions de comportements (ou d’attentes). Autre interrogation essentielle: qu’en est-il de la fameuse fracture numérique? comment évolue-t-elle, tant en termes socio-démographiques que dans sa nature intrinsèque, notamment sous l’effet de l’évolution des technologies?

Nous reviendrons dans un prochain article sur cette analyse de la fracture numérique. Concentrons-nous ici sur les usages, ou tout au moins sur certains aspects de l’usage des outils et potentiels IT et numériques par le citoyen wallon.

Mais qu’en font-ils?

>> Internet

Si Internet est de plus en plus présent au sein des foyers et utilisé selon une fréquence, régularité ou intensité allant croissant, en quoi le type d’usage qui en est fait est-il une indication d’une évolution “vertueuse”, utile et bénéfique pour le citoyen?

Baromètre Citoyen 2019 (AdN): 10% de foyers non connectés à Internet. Raisons majoritairement invoquées: inutilité de la technologie (38%), âge trop avancé (28%), coût (11%), trop compliqué (7%). 

 

Le principal type d’usage demeure – et de loin – la communication. Via courriels mais avec aussi une augmentation significative du recours à des messageries instantanées (Messenger, Whatsapp…). Il y a, de ce côté-là, un engouement net et croissant: +19 points en l’espace de deux ans. Un peu plus des deux-tiers des citoyens interrogées (67%) disent en effet utiliser une messagerie instante. Un phénomène que les auteurs de l’étude expliquent notamment par la pénétration grandissante des smartphones.

Ces messageries, par ailleurs, ont de plus en plus souvent comme dénominateur commun le canal vidéo: “Skype, Hangout, Whatsapp… se confondent désormais en un usage video chat”, soulignent les auteurs du rapport.

En deuxième position dans les types d’usage de l’Internet, on pointe la recherche d’informations. Du classique, là encore.

La géoloc, sans surprise, gagne du terrain: on se repère et se laisse guider de plus en plus par les outils Web: 61% des réponses en 2019 contre 52% en 2017.

Baromètre Citoyen 2019 (AdN): On consomme de plus en plus grâce à Internet. Et, parmi les types de contenus et services qui sont le plus en progression, on relève notamment… la télévision, la musique, en écoute directe ou en téléchargement. Effet Netflix (et consorts) inclus…

 

Une autre pratique gagne du terrain: la recherche d’informations en préambule à un achat (en-ligne ou en mode classique en boutique physique). 6% de plus (66% des personnes sondées) se renseignent ainsi via des informations en-ligne avant de passer à l’acte. Les sites comparateurs de prix ont également davantage la cote (44% des personnes interrogées disent y avoir recours). Reste à savoir s’ils le font de manière ponctuelle ou si cela se transformera en habitude et bonne pratique et si ce genre de sites seront utilisés pour une palette plus vaste et diversifiée que les “usual suspects” que sont les Trivago ou Expedia lors de l’achat de voyages et autres séjours de vacances…

Les transactions commerciales via le Net (e-commerce) progressent également, pratiquées désormais par 61% des participants de l’étude, contre 54% en 2017 (plus de détails ci-dessous). 

Et puis, il y a les usages qui sont influencés par la catégorie d’âges: recherche d’emploi chez les jeunes (de même que les jeux en-ligne), recherche d’emploi également pour la tranche d’âge 30-44 ans mais aussi recours à des agendas partagés (influence de l’environnement professionnel oblige).

Des usages plus diversifiés

D’une manière générale, le nombre d’usages différents dont font état les citoyens tente à augmenter. Et ce, dans toutes les catégories d’âge ou profils socio-démographiques. En ce compris du côté des aînés. Ils sont certes moins éclectiques que la moyenne de la population (9 usages différents contre 15) mais il y a aussi progression de leur côté puisque leur “score” moyen n’était encore que de 6 voici deux ans.

La tranche d’âge 60-69 ans semble notamment apprécier la Toile pour des services bancaires ou de la réservation d’activités de loisirs. Les plus de 70 ans, eux, en font un outil de lien social: recherche d’infos, suivi de l’actualité, envoi de courriels.

>> Les réseaux sociaux

Facebook demeure – et de très loin – le réseau social le plus utilisé.

Snapchat progresse, essentiellement chez les jeunes qui sont un quart à l’utiliser. Mais la deuxième place reste détenue par Instagram (17% des usages, toutes catégories d’âge confondues). A distance plus que respectable de Facebook.

L’utilisation de certains réseaux sociaux révèle certaines préférences genrées. D’après l’étude de l’AdN, Pinterest, Snapchat et Instagram auraient davantage les faveurs des femmes tandis que LinkedIn demeure majoritairement masculin. Idem pour Twitter. Ces deux univers sont hantés respectivement à 65% et à 63% par des hommes.

67% des citoyens disent être présents sur au moins un réseau social.

>> Les achats et transactions en-ligne.

61% des Wallons et Wallonnes de plus de 15 ans interrogés disent avoir procédé à au moins un achat en-ligne au cours de l’année écoulée. Ce qui représente une progression de 7 points par rapport au même sondage d’il y a deux ans.

Baromètre Citoyens: “Seulement 30% des Wallons se préoccupent d’acheter sur des sites belges.”

 

Un chiffre confirme un constat souvent posé – et regretté: les internautes wallons achètent essentiellement… sur des sites étrangers. “Seulement 30% des Wallons se préoccupent d’acheter sur des sites belges”, affirment les auteurs de l’étude.

Les sites où ils vont trouver leur bonheur sont essentiellement de nationalité française, hollandaise ou allemande. A l’échelle belge, le trio de tête demeure Coolblue, bol.com et Zalando.

Comme indiqué plus haut dans l’article, les consommateurs semblent aussi s’informer davantage, grâce à Internet, avant ou au sujet de leurs achats: on recherche plus souvent des informations (+ 6 points), on utilise davantage les comparateurs de prix (+8%, sans toutefois que la barre des 50% soit atteinte).

Hit-parade du type de biens ou services achetés en-ligne?
– vêtements, chaussures et articles de sport: 63%
– voyages et vacances: 49%
– livres et magazines: 41%
– tickets de spectacle: 36%
– titres de transport: 28%
– appareils multimédia: 25%
– matériels informatiques: 25 %
Signe encourageant, les citoyens-consommateurs font davantage attention au caractère sécurisé des procédures de paiement en-ligne qu’on leur propose.

Par ailleurs, les transactions en-ligne via mobiles ont le vent en poupe. En ce compris pour le dernier “étage” de l’opération qui est celui du paiement. 27% des achats effectués sur des boutiques en-ligne le sont au départ d’un smartphone.

La résistance aux – ou (la crainte des – paiements via mobile (smartphone) est loin d’avoir disparu pour autant: elle atteint encore 41% dans les rangs des sondés. Elle est toutefois en recul sensible (22 points) par rapport à la situation qui prévalait voici deux ans.

D’autres technologies de paiement sans-fil (NFC, codes QR…) semblent, elles aussi, faire moins peur. Nouveau score 2019: 23%, contre un frileux 4% en 2017.

>> Services publics en-ligne

64% des citoyens (soit 10% de plus qu’il y a deux ans) disent “consulter” les sites Internet dorganismes publics, “au moins une fois dans l’année”, en grande majorité pour y dénicher des informations dont ils ont besoin.

L’utilisation de ces services publics en-ligne afin de réaliser une démarche demeure par contre mitigée: seulement 29% des personnes interrogées disent y avoir recours pour des déclarations obligatoires (du genre Tax on Web). Dans ce registre, il y a néanmoins progrès par rapport à la situation relevée en 2017 puisque le gain est de 9 points.

La demande de documents officiels progresse également – de 8 points – atteignant désormais 22%, chiffre qui ne demande qu’à grossir.

Assez logiquement, ce sont les sites communaux qui sont le plus consultés (58%), largement devant les sites régionaux (35%) et les sites relevant d’autorités fédérales (31%)

>> e-learning

Les formations en-ligne seraient-elles en passe – enfin – de devenir un réflexe, voire une habitude? En l’espace de deux ans, la proportion de citoyens sondés qui s’y adonnent a très sensiblement augmenté, passant d’un maigrichon 8% à un 22% plus substantiel.

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Détails sur la méthodologie de l’étude

L’enquête de l’AdN a été réalisée par téléphone entre le 29 janvier et le 27 février 2019. Au total, 2.147 questionnaires ont ainsi été complétés. 

Pour ce qui est de la représentativité de l’échantillon, voici ce qu’en dit l’AdN: “Des quotas ont été appliqués pour garantir une répartition équitable des répondants selon les deux genres, 11 classes d’âge, 10 catégories socio-professionnelles, 4 classes de niveau d’éducation, les 5 provinces et 11 catégories de ménages.

Les quotas ne pouvant jamais être respectés à la lettre, un redressement de l’échantillon a été calculé à partir de ceux-ci pour restituer la distribution naturelle de l’univers considéré.

[…] Les taux calculés ne peuvent être regardés comme des mesures exactes, mais comme des indicateurs fiables des tendances d’équipements ou d’usages numériques. La marge d’erreur varie selon les questions mais est d’environ 2,1% lorsque l’interrogation porte sur l’ensemble de la population.”  [ Retour au texte ]