Andenne et les open data: mieux vaut anticiper…

Hors-cadre
Par · 18/05/2017

Andenne, 26.000 habitants. Une ville moyenne à l’aulne de la Belgique. Mais une longueur d’avance en matière de politique open data. Ou, à tout le moins, une stratégie de positionnement afin d’“être prêt” le jour où l’open data entrera réellement dans les moeurs et/ou lorsque la Wallonie dégainera enfin une stratégie – active – en la matière. “Nous voulions prendre les devants. Les initiatives récentes, au niveau fédéral et via Digital Wallonia, nous ont encouragés à accélérer le mouvement”, indique Marc-Laurent Magnier, responsable ICT pour la commune.

La ville a en fait saisi l’opportunité que représentait la constitution d’une base de données destinée à répertorier et centraliser les informations sur tous les porteurs d’activités de la ville pour franchir le pas de l’open data en mettant cette base de données en-ligne (elle est disponible via ce site). Format des données: JSON et KML ; GPX pour les données de géoloc’.

Si, dans un premier temps, les premiers utilisateurs sont les agents des services municipaux, le but est bel et bien d’encourager les citoyens, les développeurs et le tout-venant à s’en emparer.

Mise à jour participative

Créer cette base de données centralisée n’a pas été une sinécure, reconnaît Marc-Laurent Magnier. Les fichiers et les listings (quand ils existaient) étaient hétéroclites, existaient dans divers formats, recouraient à des nomenclatures différentes. Des redondances existaient entre les sources. Pour ne pas parler des informations erronées, vieillies, lacunaires…

“L’un des gros chantiers a consisté dans un travail de compilation, d’harmonisation et de structuration des champs [de la base de données]. Nous avons fait en sorte qu’ils puissent décrire n’importe quoi — qu’il s’agisse d’une attraction touristique, d’un bâtiment, d’un service municipal, d’une boutique, d’un restaurant…”

Aujourd’hui, la base de données centrale d’Andenne répertorie tous les services municipaux, reprend les associations, clubs sportifs, commerces, organismes et professionnels de la santé, artisans, sociétés industrielles… Au total, quelque 1.700 entités.

Chaque acteur concerné est responsable de la tenue à jour des informations qui y sont mentionnées. A lui de décider de la richesse des données qu’il y consigne: nom, description (courte ou longue), site Internet, adresse mail, adresse postale, coordonnées du personnel (voire celles des membres, employés…), chiffre d’affaires… “Pour certains, c’est quasiment un mini-site…”

Les services municipaux se chargent d’encoder d’office tout nouveau commerce ou association s’établissant sur le territoire de la ville, en mentionnant un minimum d’informations. Libre à eux de compléter ou non. “Nous nous contentons, pour les commerces, d’encoder les informations publiques. Nous leur envoyons un mail signalant que nous les avons intégrés à la base et nous leur communiquons le mot de passe qui leur permettra de tenir leurs infos à jour et de les compléter.

Tous les porteurs d’activités ont intérêt à y figurer de la manière la plus descriptive possible étant donné que la base de données est bien référencée par Google. C’est leur fiche, provenant de la base de données, qui sort en premier lors de recherches sur Internet… Les gens commencent à le comprendre.”

Premiers usages

Comme signalé, les premiers utilisateurs de la base de données ouvertes sont les services municipaux eux-mêmes, qui s’en servent par exemple à des fins d’information, de création de guides thématiques destinés à la population (ou produits sur demande spécifique), pour alimenter les différents sites Internet (andenne.be, Andenne Tourisme, Shopping Andenne).

Marc-Laurent Magnier: “Nous sommes passés à l’open data parce qu’on en avait besoin pour que les systèmes des différents services et sites municipaux puissent communiquer. Et puisqu’on avait les données, nous avons décidé de les mettre à disposition.”

A court terme, la base de données servira de terreau pour procurer du contenu à l’application mobile que proposera demain Andenne et dont le développement a été confié à TagTagCity. Un flux sera aménagé pour pouvoir planifier des balades (pédestres, équestres, VTT, thématiques…) via l’appli, avec informations sur le kilométrage, le degré de difficulté, la géolocalisation du parcours et des points d’intérêt qui le jalonnent.

 

La base de données, via publication d’une API, pourra à l’avenir être utilisée par toute personne intéressée. Chacun, par exemple, pourrait ainsi aller puiser des informations sur une activité, un secteur… et se créer un guide ou un répertoire sur-mesure. Toutes les informations de l’agenda (activités, collectes des déchets…) sont réutilisables. Les développeurs pourraient aussi aller y piocher des données pour de nouveaux services ou applications…

Pour l’heure, la stratégie n’a pas encore été balisée. “Nous ferons davantage la publicité de la base de données lorsque le nouveau site Internet de la ville sera en ligne. Nous réfléchissons encore à la manière de la promouvoir. Quand le besoin s’exprimera, quand les projets prendront forme au niveau de la Région, nous serons prêts. Mais, pour l’heure, nous ne voulons pas consacrer des heures inutiles à forcer la main aux gens…”

Des idées malgré tout? “Pourquoi ne pas en faire bénéficier les écoles pour permettre aux plus jeunes à apprendre à développer?”, imagine Marc-Laurent Magnier.

Un premier pas vers la mise à disposition spontanée a d’ailleurs été franchi à l’occasion du récent hackathon Citizens of Wallonia, organisé à Mons. Andenne avait mis sa base de données à disposition des participants (sans qu’aucune équipe, toutefois, ne s’en empare…).