“Accélérateurs” de start-ups: risque de frénésie outre-Atlantique

Hors-cadre
Par · 03/05/2013

Le phénomène à fait son apparition chez nous, l’année dernière, lors du lancement de Nest’Up, version quelque peu localisée de la recette concoctée par TechStars: les “accélérateurs de start-ups” sont devenus un phénomène de société outre-Atlantique. Dans une sorte de frénésie qui suscite quelques appréhensions et interrogations. Même dans un pays aussi ouvert et propice à la création de projets que ne le sont les USA.

Y Combinator avait été le pionnier, dès 2005. Suivi par TechStars ou encore 500 Startups.

Outre-Atlantique, ils sont devenus une mode, reléguant quasi aux oubliettes les incubateurs plus classiques.

Différence de ces deux approches: essentiellement le tempo. Les incubateurs aident les jeunes projets et jeunes pousses à se construire en leur procurant hébergement et accompagnement (conseils, services, coaching, formations…) pendant minimum 2 à 3 ans.

Les “accélérateurs”, eux, sont plus trapus dans la démarche, distillant un accompagnement par des coachs et “mentors”, pendant une période de 3 mois, généralement. Autres différences: les accélérateurs opèrent selon le principe du concours, avec sélection préalable plus ou moins stricte des projets retenus, et processus de mise en relations des start-ups avec les contacts dont les mentors et coachs disposent dans leurs propres réseaux (entrepreneurs, financiers…). Et, outre-Atlantique, les participants peuvent espérer décrocher des financements auprès des investisseurs qui assistent au “demo day” qui clôture le programme d’accélération. Mais ces fonds sont conditionnés puisque, bien souvent, les start-ups doivent céder une partie de leur (futur) capital.

Surabondance nuira-t-elle?

Un récent “bulletin” de l’ADIT (Agence pour la Diffusion de l’Information technologique) brossait un rapide portrait de la situation outre-Atlantique. Sous le titre “La pléthore suscite le doute”, l’article signalait que certains s’inquiètent, voire critiquent, une sorte de fuite en avant incontrôlée.

Dès le début 2012, David Cohen, patron de TechStars, déclarait “they’ve become so popular that about one accelerator a day launches these days”.

Reprenant un article de Forbes, le bulletin de l’ADIT relève: “il y en a pour tous les goûts et pour tous les secteurs industriels! Certains sont spécialisés dans des domaines ultra-précis, d’autres sur des marchés uniques (ex: HanhaizPark, un accélérateur californien exclusivement dédié au développement en Chine). La diversité est telle qu’on trouve même des accélérateurs en pleine mer. C’est le cas de l’accélérateur « Unreasonable at Sea » (1) qui emmène onze équipes d’entrepreneurs et vingt mentors pour un voyage de 100 jours. Des escales sont prévues dans treize pays dans l’objectif de rencontrer les contacts locaux.”

Et de poursuivre: “l’abondance de l’offre suscite également une vague de scepticisme à l’égard des accélérateurs, notamment en ce qui a trait à la qualité des projets générés. Des projets de moyenne qualité entachent ainsi les statistiques des accélérateurs en collectant peu d’investissements. Dans la même optique, la qualité et le nombre de mentors est en baisse. L’accompagnement, qui est réellement la clé de voûte des accélérateurs, perd ainsi en qualité. A l’inverse des incubateurs qui sont certifiés par la National Business Incubator Association, les accélérateurs ne doivent répondre à aucun critère. […] Selon Peter Relan, un entrepreneur en série, bien connu dans la Silicon Valley, 90% des jeunes entreprises accélérées sont vouées à l’échec. Ce n’est cependant pas une mauvaise chose car les accélérateurs participent à l’émulation de la scène entrepreneuriale, qui, pour être efficace, doit être stimulée en permanence. Les accélérateurs sont parfois considérés comme des formations entrepreneuriales à part entière, concurrentes des MBA des universités. Ce phénomène, selon Peter Relan, pousse les directeurs de MBA à adapter leur offre pour faire face à cette nouvelle concurrence.”

Autre phénomène qui ne manque pas de poser question: “La sélectivité dont font preuve certains accélérateurs, tels TechStars, est un gage de qualité pour les investisseurs qui utilisent désormais les accélérateurs pour découvrir les projets les plus prometteurs à la place d’effectuer leurs propres recherches.”

(1) Ce voyage, organisé par le Unreasonable Institute, s’est en fait déroulé de la mi-janvier à la fin avril. Les onze “embarqués” ont fait escale dans divers pays: Japon, Chine, Hong Kong, Vietbnam, Singapour, Inde, Île Maurice, Afrique du Sud, Ghana, Maroc et Espagne (Barcelone). A noter que SAP était l’un des sponsors de l’expérience.