Bon plan/Mauvais plan: Droits et devoirs

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Par · 18/02/2014

Les plates-formes de crowdfunding ont bien entendu tout intérêt à se construire une solide réputation et à veiller à ne pas l’entacher. Mais cela n’évite pas – au pire – les arnaques et au “mieux” – les désillusions.

Dans quelle mesure, les projets qui s’y exposent pour recueillir des fonds sont-ils sérieux? Les tentatives d’arnaque ne peuvent être négligées. Les contreparties promises, pour des plates-formes de type “reward based” , ne sont pas toujours fournies. La chose s’explique parfois parfaitement lorsque le projet, finalement, n’aboutit pas. En toute bonne foi. Mais certains repartent aussi avec leur petit pactole sous le bras sans jamais vouloir réellement “délivrer”.

La jeune plate-forme belge n’a pas trouvé l’oeuf de Colomb en la matière mais prévoit que le porteur de projet qui fait appel à la plate-forme signe un document par lequel il reconnaît “devoir” telle chose à telle personne s’il réalise son projet. “Sorte de reconnaissance de dette d’échange, sorte d’accord sous seing privé”, explique Nicolas Denis, co-fondateur d’IDentity. Cela tient toutefois encore de la confiance et de la seule bonne volonté des parties concernées. Rien, légalement, n’oblige le porteur de projets à respecter cette parole donnée. Et les recours éventuels devant les tribunaux doivent encore faire jurisprudence…

Une réflexion est donc en cours pour que les crowdfunders soient assurés (plus ou prou) d’obtenir quelque chose en échange de leur apport financier. “Pourquoi pas s’associer par exemple à la Sowalfin ou à Novallia, au BEP, qui apporteraient une garantie? Après tout”, raisonne Nicolas Denis, “les prêts et l’épargne bancaire sont bien garantis…”

Quelques conseils encore

Pour conclure, Rodolphe d’Udekem (Impulse) et Guillaume Desclée (MyMicroInvest) formulent encore quelques conseils à destination des porteurs de projets.

  • Connaître son besoin, à savoir: ce qui doit être financer et la somme d’argent nécessaire pour le faire.
  • Mettre l’accent sur les bons arguments: plus le projet sera complexe, plus les besoins seront pointus, plus il faudra raisonner en termes de ROI.
  • “Raconter son histoire et une véritable histoire. Il faut du contenu pour le faire: vidéos, images, texte qui soit abordable et donne envie… Et il faut raconter l’histoire tous azimuts: amis, familles, réseaux sociaux, courriels, médias…”
  • Savoir si on sera en mesure de gérer efficacement la relation avec les contributeurs: choix et livraison des contreparties (avec une complexité grandissante à mesure qu’on s’éloigne du modèle reward).
  • Se rendre compte que le crowdfunding n’est pas la panacée ou une fin en soi, qu’elle n’est qu’une partie des modes de financement possibles, pouvant faire office de levier: “il faut savoir ce qui est disponible à quel moment et utiliser tel ou tel mode de financement comme un marche-pied, un levier vers quelque chose d’autre”, souligne Rodolphe d’Udekem.
  • Récolter les avis et feedbacks des internautes et savoir s’en servir pour valider son projet, son produit ou son modèle auprès du public-cible. Le crowdfunding est un vecteur pour le faire. C’est en soi une manière de procéder à une étude de marché. Sans parler du fait que c’est un outil de visibilité, un outil de marketing.”
  • “Sur une plate-forme telle la nôtre [equity], abordez votre opération de crowdfunding comme un véritable roadshow financier. Il faut être extrêmement actif pendant toute l’opération, comme on le fait quand on s’adresse à des professionnels, avec la même énergie”, conseille Guillaume Desclée.