Fibru: la Région bruxelloise mutualise sa fibre non utilisée

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Par · 06/12/2022

964 kilomètres de fibres optiques irriguent la Région de Bruxelles-Capitale. Leurs propriétaires – Sibelga, Bruxelles Mobilité, Vivaqua, la STIB, le Port de Bruxelles et IRISnet – opéraient jusqu’à présent en ordre dispersé, chacun tirant gaines et fibres, gérant en parallèle des infrastructures qui, aujourd’hui, se retrouvent en situation de surcapacité. De ce constat, la Région a décidé que mutualiser les infrastructures et les capacités surnuméraires (fibres et gaines) pourrait être utile non seulement pour rationaliser et optimiser l’existant mais aussi pour monétiser les fibres non utilisées et déployer de futurs projets plus pertinents.

Mission a donc été confiée à IRISnet, organisme responsable de la gestion et du développement de l’infrastructure réseau haut débit de la Région, de cartographier et de préparer un schéma de gestion “fédéré” – le réseau mis en commun portera le doux nom de Fibru – afin de commercialiser les capacités utiles.

Un seul réseau, géré par IRISnet

Dès à présent, la mutualisation des six réseaux fibre est un fait accompli. La gestion, la planification, la maintenance des six réseaux sont confiées à IRISnet qui, pour la circonstance, a commencé à renforcer ses équipes (techniques) notamment.

Le travail de cartographie de l’existant a permis de mettre des chiffres sur les surcapacités. Le réseau le plus étendu, celui d’IRISnet lui-même, qui dessert essentiellement les administrations bruxelloises, n’est utilisé qu’à environ 30% de sa capacité. Les cinq autres réseaux fibre eux aussi ont plus de 50% de capacité en jachère.

S’ajoutent à cela les gaines qui n’ont pas encore accueilli de fibre. C’est essentiellement le cas du côté de Silbelga mais aussi de la STIB.

Le réseau le plus long (en termes de gaines posées et de fibres posées) est celui d’IRISnet. Total: 335 kilomètres de fibres. Suivent: Sibelga (285 km), Bruxelles-Mobilité (205), la STIB (113) et le Port de Bruxelles (26).

 

 

L’idée est donc désormais de mettre ces capacités non exploitées à disposition de tiers qui paieraient pour en bénéficier. Bénéficiaires concernés? La Région regarde en priorité du côté des opérateurs télécom actifs sur son territoire. A savoir, Proximus (en théorie peu intéressé par la chose au vu de ses propres ambitions en matière de déploiement de la fibre), Orange et Telenet. Des contacts ont d’ores et déjà été pris, pour valider l’idée. Ce qui pourrait, dans les prochains mois, déboucher sur des contrats. “L’avantage que nous pouvons leur offrir est un réseau ouvert, qui n’impose pas aux bénéficiaires d’utiliser obligatoirement une technologie spécifique”, dit-on au cabinet de Bernard Clerfayt, ministre bruxellois en charge de l’économie et de la transition numérique. Qui pointe ainsi les conditions plus draconiennes qu’impose par exemple Proximus pour pouvoir bénéficier de sa propre infrastructure.

A priori – mais le scénario à plus long terme n’est pas forcément exclu -, la Région ne compte pas “commercialiser” sa fibre inexploitée auprès de porteurs de projets ou d’entreprises.

Dès le début 2023, fibres et gaines seront proposées “au prix du marché”, précise-t-on du côté du cabinet.

La Région dit pouvoir potentiellement en tirer jusqu’à 2,5 millions d’euros de revenus par an, du moins lorsque le projet aura atteint sa “vitesse de croisière”. Lisez: lorsque toute la capacité disponible aura été achetée. Les revenus seront redistribués vers les six administrations propriétaires concernées (voir la remarque en note) et ce, à hauteur de 70%. Les 30% restant serviront à financer et rémunérer IRISnet pour ses activités de gestion, de maintenance et de développement stratégique de l’infrastructure.

IRISnet officiera en effet comme point de contact unique et comme responsable de la commercialisation vis-à-vis de tous les utilisateurs potentiels. Et comme on l’a vu, il lui revient dès à présent de piloter et coordonner tout futur projet concernant le réseau fibre et ses possibles extensions. A cet égard, le travail d’évaluation des besoins et opportunités futurs ne fait que commencer…

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Petite remarque: pour être tout à fait exact, les quelque 964 kilomètres de fibres répertoriées ne concernent que cinq administrations. Vivaqua ne dispose pas de fibre mais, par contre, dispose bel et bien d’une infrastructure prête à en accueillir pour renforcer l’existant. En l’occurrence, leur réseau d’égouts. Et cela fait quand même 950 kilomètres !

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