Du côté du WSL, 2022 ce sera…

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Par · 23/03/2022

Le millésime 2022 est placé, pour le WSL, sous le signe de quelques nouvelles “missions” – dont une devant encore être formalisée – et de la relance d’un programme d’accélération MedTech.

Au programme: démarche de maturation technologique personnalisée pour les participants au prochain MedTech Booster ; évaluation et encadrement de sociétés à (fort) potentiel de croissance ; premiers pas pour l’outil d’aide à la gestion financière de start-ups techno (nom de baptême FinMax) ; lancement d’un concept de communauté de “zèbres” (par opposition aux mythiques licornes).

TRL Booster for medtech

2022 signale les débuts d’un “TRL Booster”, programme d’accélération travaillant plus spécifiquement sur la maturité technique (TRL) des projets. De manière plus spécifique, ce programme visera des projets MedTech.

Pourquoi viser les MedTech? D’une part, parce que les sociétés positionnées sur ce créneau représentent environ un-tiers des jeunes pousses accompagnées actuellement par le WSL. D’autre part, “parce que ces start-ups sont, plus souvent encore que les autres, confrontées au phénomène de long palier une fois arrivées aux stades 2 et 3 de la courbe de maturité technique TRL”, explique Fabrizio Giannotta, business coach spécialisée dans le “medical devices” chez WSL.

Une vingtaine de medtech accompagnées actuellement par le WSL…

“Leur positionnement medtech suppose une longue phase de développement avant la première vente. D’où un risque financier accentué”. Le TRL Booster visera donc à remédier à ce passage à vide “pour arriver le plus vite possible au stade ultime de maturité, signalé notamment par l’obtention d’une certification ou d’un marquage CE.

Le but n’est pas, en soi, de compresser le temps mais surtout d’éviter les retours en arrière. Le but est d’éviter une accumulation de boucles de rétroaction qui ralentissent la progression”.

Le programme TRL Booster for Medtech, qui démarrera début avril 2022, comporte 10 ateliers. Les participants ne sont par contre pas obligés de les suivre tous, certains pouvant s’avérer superflus par rapport aux compétences acquises ou à leur stade d’évolution.

En fin de cycle, un onzième atelier sera dédié aux perspectives internationales, notamment grâce à des contacts échanges avec d’autres clusters MedTech (français, allemand, suisse…).

Le nombre de participants au TRL Booster n’est pas limité. Par contre, pour s’inscrire au cycle complet, il faut faire acte de candidature avant le 15 avril. A noter que les start-ups (MedTech) participantes peuvent tout aussi bien être wallonnes, bruxelloises que flamandes. Même si une certaine priorité sera sans doute donnée aux francophones.

Pour Fabrizio Giannotta, le TRL Booster for medtechs s’inscrit en complément et comme “étape suivante logique” pour les jeunes pousses qui seraient par exemple déjà passées par l’accélérateur MedTech organisé par Lifetech Brussels. “Ce dernier donne certes des formations mais son approche est plus générique, plus informative que spécifique.

Signalons au passage que la deuxième édition du CRL Booster (accélération de degré de maturité commerciale) accompagne cette année 16 sociétés, parmi lesquelles Osimis, AeroSint, WideTech, AGC…

Le TRL Booster aide chaque société de manière concrète, en fonction de ses problématiques propres, du type de solution spécifique qu’elle développe”. A ce sujet, autre précision importante, le TRL Booster accompagnera des start-ups développant des “dispositifs médicaux” (matériels et/ou logiciels – classes I, II et III selon la définition qu’en donne le règlement européen MDR 2017/745). Sont par contre exclues des sociétés planchant sur des solutions de diagnostic.

FinMax for deep tech

Derrière l’appellation FinMax se cache un outil de gestion financière à destination des start-ups et, plus spécifiquement, de celles qui ont pour “ADN” les sciences de l’ingénieur (dans un vaste éventail potentiel de secteurs).

Basé sur le logiciel Excel, cet outil développé par le CEI Eklo (anciennement CIDE-Socran) et enrichi d’un volet et de paramètres davantage orientés “phase R&D” (plus importante et déterminante pour les start-ups techno/deep tech), a été conçu de telle sorte à pouvoir être aisément utilisé au quotidien par les dirigeants de ces start-ups – qu’il s’agisse du directeur général, du directeur financier, du responsable business development…

De quoi leur permettre d’identifier leurs besoins financiers, les embûches de leur planification financière, en fonction de leur situation spécifique et y compris la dimension “consommation” des budgets affectés à des projets de R&D, budgets qui sont assez souvent alimentés par des subsides et autres avances récupérables…

Les paramètres et les formules ont été pré-programmés afin de faire émerger, en ce compris sous forme de représentations graphiques (avec possibilités de “drill down”), des marqueurs et indicateurs-clé. “De quoi mieux anticiper les rentrées d’argent, planifier, mettre en balance chiffre d’affaires et prix de revient, simuler l’impact de nouveaux recrutements ou les planifier au bon moment, comprendre et expliquer les écarts par rapport au budget de départ…”

L’outil permettra aussi, à terme, de comparer réalisé et planifié et d’en nourrir le modèle pour planifier l’évolution future. Le FinMax servira aussi d’instrument pour mieux défendre son dossier ou justifier de sa gestion face à des intervenants extérieurs: investisseurs privés, administration publique ayant par exemple octroyé une aide récupérable ou un subside qui sera libéré selon certaines étapes à respecter…

Même si le but est d’“autonomiser” les responsables de start-ups deep tech en leur permettant de mieux appréhender et gérer leur barque financière/budgétaire, le but n’est pas pour autant d’alléger la charge d’intervention et d’accompagnement du WSL. 

Pascal Alexis, responsable financier au WSL, estime au contraire que cela poussera sans doute les responsables de start-ups à solliciter davantage les conseils ou l’avis de leurs coachs. Ces derniers, toutefois, sur base des simulations et calculs effectués par l’outil à l’aide des chiffres et paramètres rentrés par la start-up, pourront l’aiguiller plus utilement ou attirer son attention sur des étapes loupées ou des indicateurs à conforter afin de répondre aux exigences que ne manquera par exemple pas de formuler un investisseur ou un gestionnaire de dossier au SPW EER…

L’outil FinMax trouvera par ailleurs une certaine utilité dans le cadre d’une autre activité, orientée “scale-up” que prépare le WSL. Ce qui nous amène à de drôles de bestioles…

Zèbres, licornes et drôles de bestioles

Les licornes, c’est bien. Ça fait toujours rêver. Certains en font une quasi-doctrine et un signe de réussite nationale. C’est aussi un excellent moyen de se distinguer sur la carte mondiale et d’attirer l’attention et les investisseurs étrangers.

Mais combien de “licornes” peut-on raisonnablement espérer chez nous? Et puis – c’est le raisonnement justificatif que tient le WSL -, ce sont de grandes dévoreuses de ressources financières, ce sont des valorisations survitaminées et souvent – même si on ne doit pas forcément généraliser – des accumulations de pertes. Sans que l’on y trouve à redire…

Pour rappel, une “licorne” est une jeune pousse valorisée à plus d’un milliard de dollars. De plus en plus, c’est à qui épinglera le plus de licornes sur son territoire. Une course à la valorisation qui s’emballe puisque l’on parle désormais d’“hectocornes”. Ne cherchez pas cet animal dans une quelconque mythologie… C’est une pure invention du 21ème siècle: une start-up valorisée à… 100 milliards de dollars ! La première “hectocorne” est ByteDance, maison-mère de…TikTok. Autre hectocorne: la fintech Ant Group, filiale d’une autre chinoise – Alibaba. Tiens ! Une société qui se prénomme, en anglais, fourmi. On n’est plus à un paradoxe près !

L’approche que le WSL (et, derrière lui, le cabinet Borsus) privilégie est celle d’une “communauté zèbre”, autrement dit d’initiatives et de jeunes pousses qui visent “la rentabilité et l’impact social” (emplois et maillage de l’écosystème compris).

Autre “dimension” que doit évoquer ce qui fait la particularité des zèbres: l’esprit collectif, l’instinct grégaire, une grande résilience (si le contexte environnemental s’y prête), le souci de la protection du groupe : “les résultats de chacun servant les résultats du groupe”.

“Une communauté zèbre travaille en coopétition pour la croissance d’une région”, justifie-t-on encore du côté du WSL. Cette notion de “zebra community” est née dans la tête de deux Américaines, Mara Zepeda et Jennifer Brandel. A lire par exemple: Zebras fix what unicorns break

 

WSL: “Cette notion de “communauté zèbre” doit servir de fondement pour un développement économique et industriel durable [lisez : pérenne] pour l’écosystème local”.

 

En jeu, la puissance, la complémentarité, la résilience de l’“écosystème” local, où les différents acteurs s’inscrivent le plus et le mieux possible dans une chaîne de valeurs, de compétences et de solutions complémentaires. Une complémentarité qui invite à la collaboration plutôt qu’à la compétition contre-productive.

Didier Leboutte, président du conseil d’administration du WSL: “à elles seules, les licornes ne feront pas la richesse de la Wallonie. Elles ne génèrent pas un emploi suffisamment diversifié qui nourrisse la totalité du territoire.”

Pour Agnès Flémal, directrice du WSL, l’important est de positionner chacun en un point précis, et pour chacun de savoir qui fait quoi, quels sont les autres acteurs de son écosystème, ce qui manque, afin de collaborer et de boucher les trous.”

Le diagnostic, posé de longue date en Wallonie, est que l’on manque de sociétés ayant une capacité à grandir. “Or, passer d’une société de 10 personnes à une société de 20 ou 30 implique un changement profond de la structure”.

 

Agnès Flémal: ““Supprimer les freins [qui empêchent une société de passer à la phase scale-up] ne doit plus passer uniquement par l’octroi de nouveaux moyens financiers”.

 

Et c’est là qu’intervient le rôle que prépare le WSL pour cette année : un outil de diagnostic et une grille de lecture pour déterminer ce qui freine le passage à la scale-up. “Nous sommes en train de finaliser une analyse des mécanismes de professionnalisation, afin de lever les freins, de permettre d’aller plus vite dans le coefficient multiplicateur”. L’exercice est “en cours”, avec “une proposition de solution qui sera soumise dans un délai relativement court au Cabinet [du ministre Willy Borsus]”.

Parmi les critères et paramètres d’évaluation, des paramètres financiers et opérationnels mais également des indicateurs plus “soft”, tels que le niveau ou la capacité d’ambition du CEO. Sera considérée comme scale-up en puissance une société pouvant effectuer un bond multiplicateur de 2 à 5 (minimum) dans un délai de trois ans, que ce soit par exemple en termes de chiffre d’affaires ou de personnel. “Supprimer les freins ne doit plus passer uniquement par l’octroi de nouveaux moyens financiers”.