Chèques “Relance par le numérique” pour les PME wallonnes

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Par · 21/03/2022

Le mécanisme React-EU (Plan de relance) du programme Feder permet à la Wallonie de dégager un budget de 20 millions d’euros, à consommer d’ici fin août 2023, destiné à co-financer des projets de transformation ou de maturation numérique des PME wallonnes. Essentiellement dans deux domaines: l’initiation ou l’extension de solutions et processus e-commerce et la sécurisation des données et solutions informatiques.

Certes la crise sanitaire est passée par là – et justifie les programmes d’aide à la relance – mais la proportion de PME wallonnes qui ont pu ou voulu, pendant ces deux dernières années, se tourner davantage vers des solutions numériques, “dématérialisées”, pour permettre à leurs activités de se poursuivre et de progresser, cette proportion est encore trop faible. Voici quelques chiffres publiés par l’Agence du Numérique:
– 5% de PME wallonnes “conscientisées” à introduire ou renforcer leurs activités de vente en-ligne
– seulement 22% de détaillants et commerçants wallons vendant en-ligne

Manque de connaissance et manque de moyens financiers expliquent également en bonne partie les lacunes en sécurisation des infrastructures, solutions et processus numériques des petites sociétés. Raison pour laquelle les nouveaux chèques-entreprise Relance serviront aussi à financer des projets orientés cyber-sécurité et protection des données. 

Un processus en trois temps

Sociétés visées: les indépendants et les PME wallonnes employant moins de 250 personnes et réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros. Ce qui ratisse déjà large… S’y ajouteront, dès le mois d’avril, les asbl à vocation économique.

Le nouveau chèque-entreprise “Relance par le numérique” permettra de financer jusqu’à 90% de projets qui “visent à réparer les dommages causés par la crise du Covid-19 et préparer la relance économique”.

“Expert labellisé”, kesako?

Depuis de nombreuses années, avec parfois des soubresauts dans le mécanisme, la Wallonie a décidé de “labelliser” un certain nombre de prestataires qui doivent décrocher ce “bon à servir” pour espérer intervenir dans des projets de transformation numérique d’entreprises wallonnes bénéficiant d’aides financières (“chèques-entreprise”). Un site de Digital Wallonia en publie la liste.
La “labellisation” se veut le garant de la compétence, du sérieux et de la viabilité financière du prestataire.
Dans le cas de ces Chèques-entreprise Relance par le numérique, les experts auxquels les PME et indépendants wallons pourront faire appel devront obligatoirement avoir décroché une labellisation dans la catégorie “Maturité numérique” ou “Cybersécurité”. Ceux autorisés à intervenir dans le cadre d’un chèque Croissance ou Création pourront aussi être sollicités sous le couvert de Chèques Relance par le numérique, pour autant que “leurs prestations s’insèrent dans les dépenses éligibles du nouveau chèques – par exemple, du marketing en ligne”, peut-on lire sur le site Digital Wallonia. Pour pouvoir être listés comme expert sollicitable, ils doivent donc poser leur candidature…
A noter au passage qu’une opération de recertification des consultants labellisés est toujours dans l’air. Le dossier de réforme du système des Chèques-entreprise n’a pas encore trouvé d’issue. Une décision, ou un éclaircissement, pourrait intervenir après l’été 2022…  

Les dossiers doivent être rentrés et les aides “consommées” avant la fin août 2023. L’enveloppe globale allouée devrait permettre, selon les estimations de la Région, d’“aider entre 1.000 et 2.000 PME wallonnes”. L’intervention de la Région sera plafonnée à 15.000 euros (hors TVA) par entreprise.

Et chaque projet devra être scénarisé et, si accepté, accompagné en trois temps:
– phase 1 : intervention d’un consultant expert (obligatoirement “labellisé” – voir encadré ci-contre) pour réaliser un audit de l’existant (situation, potentiels et/ou besoins en e-commerce, sécurité, stratégie numérique) ; à noter que l’intervention de l’expert consiste à aider et guider l’entreprise à effectuer son auto-évaluation via recours à l’outil en-ligne d’évaluation de maturité numérique DigiScore – Pour ce premier volet, l’intervention régionale peut aller jusqu’à 1.900 euros (hors TVA)
– phase 2 : élaboration, en collaboration avec l’expert choisi, d’un plan d’actions – priorités commerciales, stratégie de référencement, renforcement de la sécurité, recours à des solutions numériques pour la gestion des activités commerciales et logistiques en-ligne – Intervention régionale maximale pour cette étape: 5.700 euros (hors TVA)
– phase 3 : mise en oeuvre du plan d’actions (conception, développement, paramétrage, achat de licences, processus d’intégration…) – Intervention régionale plafonnée, pour cette troisième phase, à 7.400 euros (hors TVA).

Ce troisième volet sera “activé dans les semaines à venir”, après dernières vérifications de légalité et d’applicabilité de la mesure au regard des contraintes imposées par l’Europe en matière d’aide aux entreprises.
Tel qu’imaginée, l’aide qu’une entreprise peut obtenir en phase 3 (implémentation, déploiement) peut potentiellement provenir du même consultant qui est intervenu pour les volets 1 et 2. Ce qui n’élimine donc pas totalement le risque de biais, un consultant pouvant recommander une solution qu’il maîtrise davantage et en être aussi un des leviers d’implémentation.

Fin de semaine dernière, une quarantaine de dossiers Chèques Relance par le numérique avaient déjà été introduits par des PME…

Le processus de dépôt de dossier et de demande d’intervention est expliqué sur le site dédié aux chèques-entreprise.