Proximus: feu vert pour de la fibre aérienne, via partenariat avec Ores (d’autres suivront)

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Par · 26/01/2022

Si la porte est fermée, passons par la fenêtre. L’analogie est sans doute bancale mais, en matière de déploiement de la fibre (FTTH et FTTP – fiber to the home et fiber to the premises), c’est bien de cela qu’il s’agit via la convention passée entre Ores et Proximus (et, potentiellement, d’autres opérateurs télécom).

L’idée: quand poser la fibre, dans le sol, est trop long ou trop coûteux dans certaines zones reculées et/ou peu peuplées, pourquoi ne pas passer par les airs? En l’occurrence en venant la greffer aux poteaux électriques d’Ores…

Une phase-pilote était déjà menée depuis plusieurs mois à Bouge, près de Namur. Ayant été jugée concluante, Proximus et Ores viennent de signer une convention permettant à l’opérateur d’utiliser les pylônes électriques du gestionnaire de réseau de distribution (gaz et électricité) pour déployer la fibre optique dans certaines zones où cette solution “aérienne” s’avère plus efficace (et/ou rapide et/ou économique) que la pratique habituelle des tranchées. Sont plus particulièrement visées les zones peu peuplées.

Pilote concluant

Le projet-pilote avait concerné quelque 177 habitations (distance couverte: deux kilomètres, via installation sur une cinquantaine poteaux). D’emblée, la perspective de l’élargir à 1.000 foyers avait été évoquée. Extension qui devrait désormais intervenir au cours des prochaines semaines.

La convention signée en cette mi-janvier permettra à l’opérateur de profiter de l’infrastructure d’Ores, qui dessert 200 des 262 communes wallonnes, et ce, tant pour raccorder des particuliers que des entreprises à la fibre.

Quels furent les paramètres d’évaluation – et de décision pour passer à la phase suivante?

Le projet avait été démarré en mars 2021. Après une phase de préparation, le premier client fut connecté au début juillet 2021, explique-t-on chez Proximus.

“Le but du projet-pilote était d’étendre notre gamme de solutions pour le déploiement de la fibre [avec adaptations et tests d’équipements ad hoc], de tester le déploiement d’un réseau aérien de fibre optique à très haut débit tel que déployé dans d’autres pays européens, de valider l’équipement spécifique et sa mise en œuvre pendant la construction et chez nos clients, et de construire une relation de partenariat avec Ores afin d’élaborer de futurs projets en étroite collaboration.

Les premières conclusions que nous avons pu tirer de l’expérience sont les suivantes: une de construction plus rapide, moins d’impact et de nuisance pour les résidents pendant les travaux de construction, ce qui résulte en une meilleure adhésion des clients.”

L’expérience étant donc jugée concluante, comment Proximus décidera-t-il des zones qui seront couvertes via fibre aérienne? Plusieurs paramètres sont retenus pour son analyse d’opportunité: présence de pylônes Ores [suffisamment résistants pour supporter le poids d’un ou de plusieurs boîtiers de connexion fibre – ce qui implique potentiellement le remplacement ou la non prise en compte de certains poteaux en bois plus anciens], la typologie du terrain, le degré de difficulté qu’il y a dans ces zones à creuser des tranchées et la topologie des bâtiments concernés (il faut des maisons quatre façades…).

Des communes ou zones ont-elles déjà été identifiées pour les prochaines étapes de déploiement de la fibre “aérienne” (au-delà donc de Bouge)?

Réponse de Proximus: “Nous allons très prochainement élargir notre test à Bouge. Pour les autres zones, il est impossible de fournir des chiffres pertinents tant qu’un cadastre le plus complet possible des poteaux utilisables n’aura pas été réalisé. En tout état de cause, notre but est de faire un usage optimal du parc de poteaux disponibles dans le cadre du déploiement massif de notre réseau fibre.”

Wait and see…

Convention-cadre

Proximus n’est pas le seul opérateur qui pourra profiter de l’infrastructure d’Ores. La convention est en effet “ouverte à tous les opérateurs télécoms actifs en Belgique – aux mêmes conditions et au même prix”, précise-t-on du côté d’Ores.

Et le fait est que deux autres signatures ont déjà été récoltées, pour des opérations similaires. A savoir celles des opérateurs Eurofiber et Unifiber (co-entreprise entre Eurofiber et… Proximus). Ce dernier, en plein exercice de déploiement de la fibre à Waterloo, a pris langue avec Ores pour pouvoir profiter de son infrastructure. 

D’autres communes ou entités pourraient à l’avenir en bénéficier mais sans qu’il soit encore possible de déterminer, comme c’est le cas du côté de Proximus, celles qui seront concernées: “L’analyse détaillée, commune par commune, rue par rue, doit encore être précisée. Il est donc encore trop tôt pour avancer des noms”, déclare-t-on chez Unifiber.

A rebours, Ores n’est pas le seul exploitant d’infrastructure énergétique qui pourrait aider Proximus à accélérer son rythme de déploiement de la fibre dans le pays.

Interrogé sur l’existence ou la perspective de semblables accords avec d’autres partenaires, Proximus indique que “des négociations sont effectivement susceptibles de démarrer incessamment avec des partenaires tels que Resa ou l’AIESH en Wallonie, ainsi qu’avec Fluvius [en Flandre] avec lequel une convention de pose sur poteaux existe déjà mais qui est à étendre et à adapter de façon similaire à ce qui vient d’être fait entre l’ancienne et la nouvelle convention Ores” (pour rappel, Proximus et Ores avaient en effet déjà passé une convention de partenariat par le passé pour amener la fibre jusqu’aux cabines de rue…).