BMC, filiale conjointe des 4 opérateurs de transports publics belges, rachète Stoomlink

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Par · 20/01/2022

Stoomlink, la start-up créée par Thomas Hermine en prolongement des activités de NextMoov, passe sous le contrôle de BMC (Belgian Mobility Card), filiale conjointe créée par la STIB, les TEC, De Lijn et la SNCB, et dont les fonctions essentielles, à ce jour, consistaient à assurer la maintenance et l’évolution technologique et commerciale du système Mobib (billetterie dématérialisée).

Cette prise de contrôle qui n’est que le prolongement des relations de partenariat disons “privilégié” qui, dès le départ, avaient liés NextMoov/Stoomlink à BMC puisque l’un des principaux projets sur la table fut, dès 2018-2019, le développement du Smart Mobility Planner, planificateur d’itinéraires intermodal.

Le but de l’acquisition, aux dires du nouveau propriétaire, est de “favoriser la mise en oeuvre de nouveaux outils et services numériques allant dans le sens d’une transition des déplacements par moyens individuels vers des formes de mobilité durable, et la simplification de l’intermodalité – information, conseil aux clients voyageurs en temps réel, vente, validation, One Stop…”.

Les trois co-fondateurs du studio de développement Stoomlink – Thomas Hermine, François Halin et Mathieu Delvaux – continueront de travailler au sein de ce qui devient une entité technologique de BMC. De même d’ailleurs que les deux développeurs qui font partie de l’équipe. Les trois co-fondateurs opéreront désormais avec la casquette de consultants sur projets et réflexion stratégique.

L’opération signale par ailleurs un exit de la part des trois investisseurs de départ que sont finance&invest.brussels (Brustart), l’institut VIAS et Stratec, bureau d’études bruxellois spécialisé en mobilité, économie des transports, environnement et aménagement du territoire. Les deux premiers avaient participé au tour de table effectué par la start-up en 2020.

Vers la mutualisation?

L’acquisition de Stoomlink – qui devrait conserver son indépendance opérationnelle (voir plus loin) – constitue une étape non dénuée d’importance pour BMC.

Jusqu’ici, le périmètre d’activités de cette filiale des quatre transporteurs publics se limitait essentiellement à la gestion et à l’évolution du système Mobib et à celles du Smart Mobility Planner (sobriquet: SMOP). 

L’arrivée de l’équipe de Stoomlink procure à BMC une “delivery unit” dédiée à l’innovation numérique dans le domaine de l’intermodalité et de la mobilité durable et la possibilité pour les quatre opérateurs de mettre en commun leurs développements. 

“Jusqu’ici”, souligne Thomas Hermine, en dehors de Mobib du SMOP, “les transporteurs publics continuaient encore de travailler en solo. Le projet du Smart Mobility Planner leur a fait prendre conscience qu’ils pouvaient accomplir plus et avec davantage de qualité lorsqu’ils travaillent ensemble.

Chacun d’eux est en fait confronté aux mêmes défis. Un petit exemple: l’information aux voyageurs, des calculs d’itinéraires ou des fonctionnalités de recherche d’arrêts de bus, de tram… avec tolérance d’erreurs de frappe. Une fonctionnalité que nous maîtrisons.”

Autrement dit, la nouvelle delivery unit va leur permettre d’optimiser leurs budgets et efforts de développement en jouant la mutualisation. Développements qui, jusqu’ici, étaient, au mieux, effectués en interne ou confiés à des tiers – multiples et épars. Avec redondance de certains développements…

 

Thomas Hermine (Stoomlink/BMC): “Nous avions envisager la liste de la recherche de fonds et de la préservation d’indépendance mais l’intégration dans BMC faisait plus de sens dans la mesure où nos activités se rapprochaient de plus en plus de ce que font les transporteurs publics et que cette intégration nous donne les capacités nécessaires pour poursuivre le développement de nos innovations dans de meilleures conditions.”

 

“L’acquisition de Stoomlink leur ouvre donc de nouvelles possibilités de mise en commun. Même si la chose prendra du temps”. Histoire de faire évoluer les habitudes…

“Nous disposons en tout cas et nous continuerons de développer les briques technologiques nécessaires. Et nous pourrons les accompagner sur des projets d’innovation, en mode agile…”

Les développements continueront également, fort logiquement, pour le SMOP qui a encore hérité récemment de nouvelles fonctionnalités orientées user experience (écrans explicatifs concernant les différents points et lieux cartographiques, infos sur les horaires et la proximité géographique d’arrêts de bus…). D’autres évolutions devraient être annoncées sous peu…

Quid des projets pour tiers?

Si BMC fut et restait le principal client et commanditaire de Stoomlink, la start-up travaillait également séparément sur des projets propres à chaque opérateur de transport public ainsi que pour Cambio (elle-même détenue par De Lijn).

Smart Mobility Planner. Quand les 4 opérateurs de transports publics font cause commune…

Que ce soit sous forme de développements ou d’accompagnement sur des projets d’innovation.

En dehors de ces quatre opérateurs, le studio de développement comptait également d’autres clients (para-)publics et l’un ou l’autre client privé, pour des projets de moindre envergure. Côté (para-)public, on peut par exemple citer l’agence de développement économique SPI et la ville de Liège pour un projet d’amélioration de la situation de la mobilité urbaine de la métropole (mobilité mise à mal notamment par les travaux du tram). Ce projet devrait bientôt se concrétiser. Citons encore la Rtbf, à laquelle Stoomlink fournit des informations de mobilité durable pour ses différents flash info.

Qu’adviendra-t-il de ces projets “hors transporteurs publics”? Thomas Hermine: “Les projets BMC seront évidemment prioritaires (Ndlr: notamment le projet d’unification des moyens de paiement dématérialisés) mais les projets en cours chez Stoomlink, pour d’autres clients, continuent.

A terme, nous devons encore déterminer dans quelle mesure ou selon quelles conditions des développements pour clients tiers pourront encore intervenir. En tout cas, BMC nous a promis que nous conserverions notre indépendance opérationnelle, notamment en termes de démarche d’innovation et de méthodologies.”