DigiSkills Belgium: les débuts d’un “guichet unique” belge pour les ressources d’up-/reskilling numérique

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Par · 22/11/2021

“Nous avons l’écosystème [de formation]. Nous avons les initiatives [sous-entendu inutile de charger la barque ou de vouloir réinventer la roue]. Mais ce qui manque encore, c’est la visibilité et l’utilisation réelle de ces outils”. Voilà en substance le message qu’a fait passé Saskia Van Uffelen, Digital Champion Belgique, lors du lancement de la plate-forme DigiSkills Belgium, portée sur les fonts baptismaux par la Coalition Nationale Belge pour les Compétences et les Emplois Numériques (une coalition trans-niveaux de pouvoirs et trans-sectorielle).

Son objectif: donner un coup d’accélérateur à l’acquisition de compétences numériques, tous publics confondus, en regroupant sous une même coupole l’ensemble (ou en tout cas un maximum) d’informations à propos des formations numériques et en numérique disponibles en Belgique, les ressources accessibles et les acteurs sollicitables, et ce, quel que soit le besoin ou le stade de vie de l’intéressé(e) – étudiant, personne en recherche d’emploi, “décroché” du système, personne active en quête de réorientation, spécialisation ou progression professionnelle, etc. etc.

Pour reprendre l’analogie utilisée par Saskia Van Uffelen, cette “plate-forme” doit faire office de “maison” composée d’une série de chambres où trouver ressources de formation, informations, outils d’évaluation…

 

Ambition affichée: “réduire le déficit de compétences numériques au niveau national, créer un écosystème d’initiatives et de formations pour tous les citoyens belges qui veulent entrer dans la société numérique d’aujourd’hui et de demain.”

 

Une “maison” dont la structure sort donc de terre mais qui doit encore se meubler. Les premiers partenaires contributeurs et partenaires “activateurs de compétences” sont connus: les trois Régions, l’AdN (Agence wallonne du Numérique), Agoria, la FEB, Federgon, Technifutur, Syntra, UQalify (qui a développé la plate-forme, tout la société, anversoise, avait déjà été l’auteur du DigiSkills Passeport d’Agoria).

On le voit, les parrains sont encore relativement peu nombreux et insuffisamment représentatifs de la mosaïque d’acteurs belges de la formation ou de la lutte contre la fracture numérique. D’autres doivent encore être approchés, démarchés, convaincus et embrigadés. 

Des contacts sont d’ailleurs en cours avec toute une série d’autres acteurs et contributeurs que les responsables de DigiSkills Belgium espèrent convaincre de se joindre à l’initiative. Pour n’en citer que deux (présents ou représentés à la séance inaugurale), Interface3 Bruxelles ou les différents centres de formation IT/numériques du Forem.

Qu’y trouve(ra)-t-on?

Que trouve-t-on actuellement sur la plate-forme DigiSkills Belgium? Des informations sur les formations proposées par divers acteurs de formation et sur les animations ou événements d’initiatives de lutte contre le décrochage numérique (centres de formation, sources de financement, conférences, événements…), des témoignages (à la fois de “role models”, d’acteurs de l’inclusion numérique, de citoyens lambda ayant suivi un parcours de formation…), des blogs et contenus sur la thématique de l’insertion/inclusion et de l’upskilling/reskilling

La galerie de contenus n’est qu’un avant-goût de ce qu’elle pourrait devenir, à mesure que d’autres acteurs viendront y injecter du contenu.

Pour trouver l’information pertinente qui conviendra à chacun(e), la navigation et sélection se fait via le bouton Recherche et via cochage de cases dans la liste des filtres s’affichant sur la gauche de l’écran sur la page Initiatives digitales De quoi rechercher un événement et/ou une formation, par exemple, abordant la thématique de l’Intelligence artificielle, de la programmation ou de la cybersécurité, selon que l’on soit étudiant(e), chercheur d’emploi, une femme attirée par ou déjà active dans le numérique. Etc. Autre niveau de filtre: son niveau de connaissance actuel ou celui recherché…

On ne peut que regretter ici – “bug” ou imperfection passagère? – que ces filtres ne soient pour l’instant disponibles… qu’en anglais. Pas très “inclusif” pour le citoyen lambda…
Gare aussi à quelques liens qui, de toute évidence, n’ont pas encore été activés ou qui n’amènent pas réellement à la destination voulue. A relever également certaines imperfections dans les textes. Bugs de jeunesse qui, espérons-le, disparaîtront rapidement

Sur DigiSkills Belgium, on trouve également un outil somme toute essentiel pour réussir l’objectif visé (permettre à chacune de se situer par rapport à ses besoins et potentiels de maîtrise de son univers numérique). A savoir, l’outil d’auto-évaluation de compétences numériques Digital Skills Passeport imaginé par Agoria. Cet outil, soulignons-le au passage, pourrait être rejoint, demain, par d’autres outils du même genre. Pourquoi pas le “scan” mis au point en Wallonie par l’AdN? Ou d’autres outils qui viseraient un public, un secteur spécifique? La “maison” DigiSkills Belgium se veut ouverte à tous (moyennant un minimum d’alignement avec l’objectif visé).

Un potentiel en deux étapes

Pour l’instant et dans l’immédiat, le site DigiSkills Belgium se contentera d’être une coupole-vitrine hébergeant et relayant des sources d’information et contenus, et accueillant l’une ou l’autre ressource – notamment, comme on l’a vu, l’outil d’auto-diagnostic de compétences numériques DigiSkills Passport d’Agoria.

Le temps est encore au “meublement” de la maison. Raison pour laquelle un appel en mode Call-to-Action a été lancé lors de l’annonce officielle de la plate-forme (voir ci-dessous). Raison aussi pour laquelle les responsables se donnent quelques mois pour affiner et affûter le mode de communication à destination du citoyen lambda, quel que soit son parcours antérieur, ses besoins, ses caractéristiques et contraintes socio-professionnelles ou socio-démographiques.

Dans un premier temps, la plate-forme sera là pour établir un début de corrélation entre besoins en formations et compétences et sources potentielles d’acquisition de ces compétences. “DigiSkills Belgium, actuellement, fournit un instantané des compétences et des pistes existantes”. A l’internaute-citoyen qui passerait par le site de pousser plus avant l’exercice de sélection et de recherche.

Dans un deuxième temps, l’intention ou en tout cas l’espoir est de mettre en oeuvre, sur base d’algorithmes et de mécanismes plus élaborés, un processus de réel “matching” entre le bilan de compétences (existantes et à acquérir) et la formation et le prestataire le plus indiqué pour les acquérir.

Call To Action

Appel a donc été lancé pour attirer de nouveaux partenaires-contributeurs – “prestataires d’éducation et de formation, des associations commerciales et d’entreprises, des sociétés informatiques et autres”.

Les différents contributeurs et partenaires sont invités à se faire connaître, à prendre contact avec les responsables de DigiSkills Belgium afin de fournir leurs informations, qu’il s’agisse de textes, de contenus visuels, de liens URL vers leurs propres sites pu pages, de listings de formations, d’informations contextualisées sur le marché de l’emploi, de blogs… qui seront soit téléchargés sur la plate-forme, soit référencés par elle.

La mise à jour des contenus respectifs sera de la responsabilité de ces organismes et contributeurs, UQalify promettant que le back-office de la plate-forme a été conçu pour ce processus de réactualisation par les tiers (autorisés).

 

Saskia Van Uffelen (Digital Skills and Jobs Coalition): “Aidez-nous à mettre sur pied une campagne de sensibilisation et de communication efficace afin de motiver les gens à réfléchir à leur plan d’apprentissage. Toute idée créative ou disruptive est la bienvenue…”

 

Le call to action lancé ce jeudi 18 novembre concerne aussi la campagne d’information et de sensibilisation à mettre en oeuvre à destination des citoyens.

Afin de les amener à être bel et bien en mesure d’apprendre et d’apprendre à apprendre, il faut en effet, primo, que la plate-forme leur soit connue et les convainque (voire les séduise) et, deuzio, qu’ils se sentent encouragés et motivés à s’impliquer dans ce cheminement d’apprentissage numérique, ponctuel ou constant. D’où ce message lancé par Saskia Van Uffelen, animatrice de la Digital Skills and Jobs Coalition belge, à destination des associations, formateurs, entreprises, agences et tutti quanti: “Aidez-nous, dans les mois qui viennent, d’ici janvier ou février 2022, à mettre sur pied une campagne de sensibilisation et de communication efficace afin de motiver les gens à penser à leur plan d’apprentissage. Toute idée créative ou disruptive est la bienvenue…

Travaillons ensemble à renforcer les petites initiatives. Travaillons ensemble à améliorer les compétences numériques de certains groupes-cibles dont les besoins sont plus marqués – les jeunes, les personnes plus âgées, les femmes, les décrochés…

La Belgique fut le premier [Ndlr: en fait les deux deux premiers] pays à disposer d’une carte d’identité électronique. Mon rêve est que, d’ici 10 ans, chaque citoyen belge ait une digital ID card pour savoir où il en est en termes de connaissances et de maîtrise numériques.”

The proof will be in the pudding…

L’accueil est a priori positif du côté des organismes de formation approchés. Exemple du côté d’Interface 3 Bruxelles, où l’on considère que l’initiative est en effet intéressante même si, comme c’est sans doute le cas du côté d’autres acteurs, les responsables estiment qu’ils disposent d’une visibilité déjà suffisante en-ligne, permettant d’attirer des apprenants potentiels. Preuve en est, selon Elena Lanzoni, responsable d’Interface3 Bruxelles, que la demande spontanée a presque noyé la capacité d’accueil pendant les phases successives de confinement.
La crainte exprimée est que ce nouvel “outil”, dans les (pré-)sélections d’orientation vers tel ou tel acteur de formation, génère un flux de demandes de la part de personnes qui ne répondraient pas forcément aux critères d’action de l’organisme.
En jeu ici, la qualité et l’adéquation des filtres mis en ligne par la plate-forme DigiSkills Belgium.
Et, bien entendu – élément essentiel -, la manière dont les internautes les utiliseront, dont ils cocheront suffisamment de cases pour préciser leur profil et leurs besoins.
Autre condition au sujet de l’“efficacité” de ces filtres, citée cette fois par les auteurs de la plate-forme: que les différents organismes de formation ou de contribution de contenus fournissent eux-mêmes les paramètres et mots-clé pertinents à insérer dans les entrailles de la plate-forme.
A noter toutefois que ces acteurs de formation, que la plate-forme DigiSkills se propose en quelque sorte de fédérer, n’ont pas encore pu juger du fonctionnement de l’outil de recherche et des filtres ou encore de la réconciliabilité potentielle de l’outil d’orientation qui moulinera sous la surface de la maison DigiSkills avec leurs propres procédures de sélection (ou tri) de candidat(e)s à former.