GenieVision: une solution de BIM en réalité augmentée venue d’AGC

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Par · 25/09/2020

Ce 1er octobre, avec un retard de plus de six mois sur son plan commercial initial – la cause au Covid et aux mesures de confinement -, AGC Glass et, plus exactement une nouvelle entité née au sein de son pôle New Business, démarre la phase de commercialisation active d’une nouvelle solution numérique, baptisée GenieVision.

Le thème? Du BIM (building information modeling) mâtiné de réalité augmentée et de documentation automatique de non-conformités.

La start-up GenieVision – parce qu’il s’agissait bien d’une start-up en mode “incubée en corp.” – a vu le jour à l’issue d’un appel à projets innovants, lancé en interne en 2018. Une quinzaine d’idées ont été “pitchées” lors de cet AGC Startup Boot Camp. GenieVision fut parmi celles qui ont convaincu le jury interne. Le projet a alors suivi un petit trajet classique de jeune pousse, bootcamp compris. Un bootcamp organisé en interne, chez AGC, avec intervention de deux consultants indépendants, habitués au coaching de start-ups.

Début 2019, AGC décidait d’investir elle-même (la piste des business angels avait aussi été envisagée) et d’assurer ainsi un trajet de concrétisation pour le projet, en en conservant la maîtrise totale.

Cibles prioritaires pour les débuts commerciaux: les entreprises générales de construction et les bureaux d’études. “Notre cible est actuellement le second oeuvre, même si la solution peut également être utilisée pour le gros oeuvre”, indique Caroline Zigrand, co-fondatrice de GeneVision et aujourd’hui responsable Ventes et marketing. “Fin 2021, nous commencerons sans doute à viser également des projets de maintenance.”

En termes de géographie, l’effort se portera dans un premier temps sur le Benelux, la France et l’Allemagne, “des pays que nous avons identifiés comme étant plus mûrs en termes de recours au BIM”. Pour l’heure, la communication sera assurée uniquement par AGC. Des partenariats de commercialisation sont certes envisagés mais ce sera sans doute pour une étape ultérieure.

Du BIM en 3D “augmenté”

GenieVision est un outil de visualisation destiné à être utilisé sur tablette numérique dans un contexte de gestion de chantiers de construction ou de rénovation (phase préparatoire et phase d’exécution), voire encore de maintenance.

Objectif: “faciliter et améliorer la fiabilité et la pertinence des contrôles de conformité” – conformité entre plans et travaux effectifs. 

Pour ce faire, la solution superpose les plans 3D en mode vidéo temps réel sur l’espace physique réel, après petite opération de “calage” par identification de points-repères (arêtes de mur, délimitation d’ouvertures…). Une fois le point de repère fixé, le modèle 3D/AR suit les mouvements que l’utilisateur (par exemple un chef de chantier) imprime à sa tablette, venant se superposer à l’image captée par la caméra, par positionnement automatique (alignement, redimensionnement…).

Par rapport aux solutions BIM existantes, GenieVision espère se différencier, d’une part, par l’accent mis sur la visualisation en mode réalité augmentée, qui procure une sorte de potentiel de vérification “assistée” de conformité, et, d’autre part, par une utilisation que l’équipe a voulu la plus naturelle possible, n’imposant pas d’apprentissage particulier ou de changement fondamental d’habitude.

Raison pour laquelle, par exemple, la piste des lunettes ou casque AR n’a pas été suivie. “Le recours à un casque AR figure certes dans notre roadmap mais, dans un premier temps, nous avons surtout réfléchi en termes d’adoption par l’utilisateur, selon une approche progressive”, souligne Caroline Zigrand. “Le seul recours à une tablette implique en effet déjà un gros changement par rapport aux habitudes. Sans compter qu’un casque impliquerait un coût plus élevé…”

La solution fonctionne donc “simplement” sur tablette numérique. Le choix d’AGC s’est porté spécifiquement sur l’iPad Pro version 2020, “en raison à la fois de la puissance de calcul embarquée et des qualités et précision de la caméra”.

Opération connectée

Les calculs (mapping…) ne se font pas sur la tablette mais dans le “cloud” (en l’occurrence sur le serveur central, sur l’infrastructure AGC). 

Les modèles 3D sont chargés “au fil de l’eau” sur la tablette, à partir du serveur central qui stocke les plans d’origine, les mises à jour successives éventuelles. La solution fonctionne donc en mode synchronisation temps réel entre la tablette et la plate-forme dans le cloud.

Une fois que le premier “calage” a été effectué (mapping entre le plan d’origine et la situation réelle via identification précise des éléments-repères), la vérification visuelle s’effectue automatiquement, par téléchargement temps réel des scans 3D successifs (préexistants et transformés en AR).

L’utilisateur peut en outre décider du nombre de types d’éléments qu’il entendu ainsi contrôler, par superposition de couches virtuelles successives (conduits, éléments électriques, fenêtres, aménagements…).

L’AR lui permet de réellement voir les écarts ou anomalies par rapport aux plans. A noter qu’on n’en est pas (ou pas encore) à une identification automatique, par analyse algorithmique d’images, des non-conformités ou problèmes. A cet égard, c’est toujours l’être humain qui a la main et lui seul.

De même, la génération de rapports, sur base des non-conformités identifiées, se fait de manière semi-manuelle. L’utilisateur prend des clichés des éléments posant problème, rédige un bref rapport (descriptif du problème), choisit le destinataire du rapport et expédie le tout vers la plate-forme centrale. Par contre, là où le logiciel apporte un degré supplémentaire de précision et de facilité est le fait que toutes les métadonnées, concernant les éléments signalés, sont automatiquement intégrés au rapport (notamment la “localisation” des problèmes détectés). 

Ayant choisi d’opérer via synchronisation temps réel entre la tablette et le cloud, GenieVision ne fonctionne encore que s’il dispose d’une connexion Internet (ou WiFi). “Une future version permettra de travailler en off-line”, affirme Caroline Zigrand. “Elle permettra de précharger les modèles 3D pour pouvoir travailler en autonomie, d’enregistrer les contrôles de conformité sur la tablette, et de réexpédier les scans de calage successifs et les rapports de non-conformité dès qu’une liaison réseau aura été rétablie.”

GenieVision n’a par ailleurs pas l’ambition de se transformer en solution BIM à part entière, couvrant la totalité des fonctionnalités. AGC y voit plutôt une aide supplémentaire, un module fonctionnel venant se greffer sur les solutions déjà utilisées par les clients. Que ce soit en amont (pour récupération et chargement des modèles 3D, le logiciel d’AGC se chargeant de transformer les données en fichier de réalité augmentée), ou en aval (vers des systèmes de gestion documentaire, par exemple, ou encore des systèmes de suivi des non-conformités). Pour ce faire, l’intégration s’effectuera au moins d’API et via support des formats de fichiers standardisés (IFC-Industry Foundation Classes, BCF-BIM Collaboration Format).

L’équipe de GenieVision

Six personnes, venues de différents départements d’AGC, sont à l’origine de GenieVision. Deux, entre-temps, ont choisi d’autres orientations professionnelles, mais le “noyau dur” est celui de départ. A savoir:
– Philippe Carême, précédemment responsable Digital IT Practice et venant de l’équipe Transformation numérique d’AGC
– Hadrien Vande Wiele, venu de la même équipe et aujourd’hui directeur technologique de la jeune pousse (à noter qu’il avait débuté sa carrière dans le domaine des jeux vidéo, ayant notamment travaillé pour les studios Juggler et Curious Craft, apportant donc à l’équipe de GenieVision un certain sens de l’image et de l’animation)
– Jean-Pierre Van Oudenhove, spécialisé en géomatique et migration/transformation de données (il endosse le rôle de Chief Data Officer chez GeneVision)
– Caroline Zigrand, aujourd’hui responsable Ventes et marketing.
S’y ajoutent une petite dizaine d’autres personnes, pour l’essentiel des développeurs. Un business developer a été engagé en août 2020.

Le quatuor de fondateurs de GenieVision – De g. à dr.: Caroline Zigrand, Hadrien Vande Wiele, Philippe Carême et Jean-Pierre Van Oudenhove.