Recapitalisée, EMAsphere veut diversifier la capacité de pilotage de sa solution

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Par · 03/07/2020

EMAsphere, société basée à Mont-Saint-Guibert qui a développé une solution de gestion centralisée de pilotage financier pour PME, vient de réaliser un nouveau tour de table à hauteur de 2,5 millions d’euros. Entre 2013 et 2018, la société avait déjà levé 7,5 millions d’euros.

Le récent tour de table a impliqué à la fois des investisseurs privés et des institutionnels. Parmi eux, Sambrinvest et le fonds luxembourgeois Dedicated.

“Environ la moitié de l’apport total vient de nouveaux investisseurs, dont Sambrinvest et Dedicated et deux investisseurs privés”, indique Didier Vankeerberghen, co-CEO d’EMAsphere. “Et les deux institutionnels représentent environ les deux tiers de l’apport des nouveaux arrivants.” [Pour info, Sambrinvest annonce avoir investi 250.000 euros].

“C’est aussi le première fois que nous ouvrions le capital à des institutionnels”, ajoute Didier Vankeerberghen. “L’arrivée de Dedicated est importante dans la mesure où le marché luxembourgeois est très intéressant pour nous. Notre clientèle s’y compose aussi bien de sociétés traditionnelles que d’acteurs du financement et de la gestion de fonds privés.

Etendre les thématiques

Les nouveaux capitaux seront utilisés pour développer un nouveau pan fonctionnel de la plate-forme, destiné plus spécifiquement aux directions commerciales et RH (des annonces devraient intervenir d’ici quelques mois), et pour accélérer la pénétration du marché français où la société est présente depuis 2018.

Côté produit, Didier Vankeerberghen explique que sa société “s’est engagée dans un tournant stratégique. Nous nous sommes concentrés, dans un premier temps, sur des développements visant essentiellement les aspects financiers du pilotage, en ce compris prévisionnel, des entreprises, notre cible typique étant les sociétés réalisant entre 2 et 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, nous faisons également porter l’accent sur des données non financières afin de conférer une vision à 360° aux dirigeants.

Comme nous l’avons fait en matière de gestion financière, notre approche est celle du 80/20, avec un apport maximal d’expertise injectée dans des bibliothèques d’indicateurs préconfigurés et implémentation des 20% restants en fonction des spécificités de l’entreprise ou de ce que son directeur général ou financier veut voir et surveiller.

Didier Vankeerberghen (EMAsphere): “Aujourd’hui, nous faisons également porter l’accent sur des données non financières afin de conférer une vision à 360° aux dirigeants.”

EMAsphere leur procure un modèle de données bien structuré, permettant de visualiser et de surveiller les données financières, quel que soit le système comptable utilisé.

La même démarche désormais sera appliquée dans des domaines non financiers: CRM, gestion de projets, gestion de ressources humaines…”

La société s’est déjà engagée dans cette voie, notamment dans le champ du CRM, supportant diverses solutions – Odoo, Salesforce, Teamleader… 

Récemment, elle annonçait un accord, pour offre de solution groupée (bundle) avec la société gantoise Teamleader afin de permettre aux utilisateurs de sa plate-forme d’importer directement des données CRM, de gestion de projets et de facturation Teamleader et de compléter ainsi les tableaux de bord et rapports générés par EMAfinance.

“Notre intention est de proposer des bibliothèques prédéfinies d’analyse de performance commerciale qui opèrent quel que soit le système CRM utilisé. L’apport de capital servira donc à étendre notre catalogue de connecteurs et à développer des fonctionnalités dans différents domaines: CRM, RH, gestion de stocks, gestion des temps…”

Les premières solutions pour “domaines” seront annoncées dans le courant du deuxième semestre de l’année. Des accords ont déjà été passés avec certains acteurs, tels que Teamleader, Isabel (gestion et suivi des flux bancaires) et le Groupe S (gestion de RH). “Mais ces accords ne sont en rien exclusifs”, souligne Didier Vankeerberghen. “Nous voulons être agnostiques”.

Dans un deuxième temps – courant 2021 -, l’extension fonctionnelle de la plate-forme EMAsphere devrait prendre une autre direction: l’offre de modèles “pré-construits” pour des secteurs d’activités spécifiques – secteur hôtelier, sociétés de services, construction, grande distribution…

Le potentiel français

L’autre finalité visée par le récent tour de table est de développer davantage le marché français.

L’Hexagone représente actuellement un tiers du chiffre d’affaires mais la moitié des clients d’EMAsphere. “Nous comptons proportionnellement plus de clients en France dans la mesure où nous avons essentiellement attaqué ce marché via le canal de partenaires, en l’occurrence de grands cabinets d’expertise comptable, tels que PwC, DBO ou RS.”

Aujourd’hui, EMAsphere veut à la fois changer quelque peu son fusil d’épaule et accélérer. Les entreprises (clients existants et prospects) seront démarchés en direct par la filiale française (10 personnes actuellement). Par ailleurs, la société brabançonne dit vouloir développer son réseau de partenaires, où figurent déjà Cegid (spécialisé notamment en solutions de gestion pour experts comptables) ou Inqom (solution comptable basée sur l’intelligence artificielle). Des intégrateurs régionaux sont ou seront également sollicités.

“Le marché français représente pour nous un important potentiel, de sept à dix fois plus important que la Belgique. Notre marge de progression y est encore très importante.”

Pour ce qui est de ses ambitions ou intentions internationales, EMAsphere dit vouloir tout d’abord consolider sa croissance au Benelux – au départ de ses sites de Mont-Saint-Guibert et de Gand – et “capitaliser sur la croissance française”.

D’autres pays ne sont pas pour autant oubliés mais ils seront approchés tout d’abord en indirect. C’est le cas du Royaume-Uni, où les partenaires “ont essentiellement une expertise dans le monde du chiffre et des fiduciaires”, et de l’Espagne, où EMAsphere désignera bientôt un partenaire. Ce dernier aura un profil sensiblement différent de celui privilégié au UK puisqu’il s’agit d’une “société spécialisée dans le diagnostic et l’optimisation des performances des entreprises”. La différence de ces profils de partenaires s’explique par la cible prioritairement visée: comptables et fiduciaires outre-Manche, entreprises en Espagne.