Teach Transition: Vers un futur certificat universitaire en “digital learning”

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Par · 22/04/2020

Ils ont été pris de court. “Ils”, ce sont aussi bien les établissements d’enseignement que les professeurs et les formateurs. La crise sanitaire et l’ordre de confinement qui a imposé un soudain recours généralisé à des méthodes de télé-formation ont suscité d’innombrables initiatives, adaptations dans l’urgence, recherches précipitées de solutions… Chacun, ou presque, y est allé de son petit système D, avec peu ou prou de compétences, connaissances et méthodologie préalables en enseignement dématérialisé. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’oeil vers les forums et les réseaux sociaux pour constater combien les conseils, petits trucs et interrogations quasi existentielles sont devenus le quotidien du secteur pédagogique.

Si elle était préconisée depuis pas mal de temps et si des frémissements plus ou moins appuyés s’étaient déjà manifestés, la “transition numérique des métiers de l’enseignement et de la formation” vient de connaître un réveil en fanfare. Avec le constat que la formation des futurs enseignants et formateurs est encore largement en jachère.

“De nombreuses initiatives de formation aux nouveaux outils de “digital learning” et de collaboration et aux méthodologies qui les accompagnent existent depuis plusieurs années. Cependant, il y a encore peu de formations structurantes pour ce public par rapport à la demande du terrain”, constate Mathilde Musin, chargée de mission auprès de l’Eurometropolitan eCampus (Tournai). “Par ailleurs, les formations proposées ne sont pas toutes valorisables et reconnues de part et d’autre de la frontière franco-belge.”

Projet transfrontalier

D’où le lancement d’un projet Interreg, baptisé Teach Transition, impliquant des acteurs wallons, flamands et français.

Objectif: “co-créer un parcours de formations continues” et donner naissance, dès la rentrée académique 2021-2022, à un nouveau cursus universitaire. “L’objectif du projet”, explique Mathilde Musin, “est de mettre en commun de savoirs et savoir-faire d’institutions de formation qui ont déjà développé ces connaissances mais qui ne les ont pas encore confrontées ou mutualisées.”

Cible: des professeurs de l’enseignement supérieur et des formateurs s’adressant à un public d’adultes, qui souhaitent “répondre à la transition numérique de leur métier et développer leurs compétences en techno-pédagogie”. Pré-requis éventuels pour pouvoir suivre cette formation? “Ils n’ont pas encore été définis, le projet en cours consistant essentiellement à créer le dispositif de formation.”

L’espoir est ainsi de procurer une formation certifiante (15 crédits ECTS – European Credit Transfer and Accumulation System) à quelque 200 professeurs et formateurs belges et français d’ici fin 2022.

Source: Eurometropolitan eCampus.

Le projet se déroulera en quatre phases, explique encore Mathilde Musin:

– “conception itérative du dispositif de formation – état de l’art, production du référentiel de compétences, de l’expérience apprenant et du processus de certification
– production et mise à disposition des activités de la formation – production du parcours, ordonnancement des activités, médiatisation et implémentation
– évaluation de la méthodologie de création, de la formation et du dispositif ainsi créé
– et pérennisation – diffusion des recherches et des productions, mise en œuvre de la formation et recherche d’institutions porteuses.”

“A ce stade, les différents partenaires du projet travaillent à l’état de l’art. Nous interrogeons des formateurs qui enseignent déjà le numérique, en France et en Belgique et nous interrogeons également notre public-cible afin de cibler plus précisément ses attentes.”

La forme exacte que prendront les cours doit encore être déterminée: “deux modalités sont envisagées. La formation se fera soit en blended learning, soit totalement en-ligne.”

Le projet Teach Transition est financé à hauteur de 1,511 million d’euros – dont la moitié venant de fonds FEDER. Les 50% restants seront apportés, côté français, par l’Université de Lille et, côté wallon, par une convention publique-privée (40% venant de la Région wallonne et 10% des partenaires pédagogiques).

Les partenaires

Quels sont les acteurs impliqués dans ce projet de co-construction du nouveau parcours de formation?

“Pour le versant français, le projet est suivi par les laboratoires Cirel (Centre inter-universitaire de recherche en éducation de Lille) et CRISTAL (Centre de Recherche en Informatique, Signal et Automatique de Lille) de l’Université de Lille.

Ces équipes ont pour champ de recherche la formation des adultes dans les dispositifs et les environnements informatiques pour l’apprentissage humain. Leurs compétences leur permettent de prendre part au design du dispositif, à son prototypage et développement, à son étude et à son analyse. A côté du volet recherche, l’ULille met un Master d’ingénierie pédagogique multimédia à disposition. 

Pour le versant wallon, le projet bénéficie de l’apport de plusieurs acteurs: la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education (FPSE) de l’UMons, Technofutur TIC, Eurometropolitan e-Campus, avec aussi le soutien de la Haute Ecole Condorcet.”

Chacun de ces acteurs apporte des compétences et jouera un rôle déterminé. Ainsi l’UMons sera responsable de l’évaluation de la formation créée. “La Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’UMons organise le Master en Sciences de l’Education dont une des finalités est la technologie de l’éducation. Par ailleurs, l’équipe qui est impliquée dans le projet a pour champ d’action, tant au niveau de la formation que de la recherche, tout ce qui touche au dispositif pédagogique intégrant des outils numériques.”

Le Centre de compétence Technofutur TIC, pour sa part, sera chargé du volet “pérennisation du projet” en raison de sa mission habituelle qui est de développer de nouvelles compétences associées aux technologies de l’information et aux usages numériques. En ce compris la formation d’enseignants à la manière d’intégrer les TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) dans leur pratique pédagogique. 

Quant à l’Ee-Campus, souligne Mathilde Musin, “il intervient en raison de son expertise en “digital learning” – formations courtes en techno-pédagogie, projets de recherche et d’amélioration de dispositifs en ligne, accompagnement à la création de contenus de formation en-ligne.” A ce titre, l’Ee-Campus sera le chef de file du projet, responsable de sa bonne mise en œuvre.