NoShaq (ex-Meusinvest): garder le cap tout en jouant de quelques accents nouveaux

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Par · 05/09/2019

Le groupe d’investissement NoShaq — pour ceux qui n’auraient pas encore assimilé le changement de patronyme, NoShaq est, depuis déjà plusieurs mois, le nouveau nom de MeusInvest — affiche sa satisfaction pour la clôture de son exercice 2018-2019. En témoignent les chiffres repris ci-dessous.

Parmi les secteurs qualifiés de prioritaires pour sa stratégie et ses décisions d’investissement, le numérique (via LeanSquare) a plutôt bien tiré son épingle du jeu ces derniers mois: 26 décisions d’investissement entérinées, 6 entrées “exécutées” venant gonfler le portefeuille et deux sorties.

Reste maintenant à confirmer et renforcer. Comme le soulignait Gaëtan Servais, directeur général de NoShaq, lors de la présentation des résultats: “en l’espace de cinq ans, LeanSquare a réussi le premier objectif que nous nous étions fixé. Avec 50 dossiers en portefeuille, le deal flow est concluant.

D’ici un an ou deux, on passera au deuxième jalon. A savoir, évaluer la qualité du portefeuille [lisez: potentiel de viabilité et de croissance des start-ups, de leur développement à l’international, de valorisation des investissements…]. Si elle n’est pas jugée suffisante, l’effort sera poursuivi.

A horizon de dix ans, il s’agira de mesurer la capacité de l’écosystème à attirer des acteurs venus d’ailleurs, en ce compris de l’international, comme l’a réussi l’axe prioritaire Biotech, arrivé à maturité alors que nous y investissons déjà depuis 20 ans.”

L’année 2018-2019 en quelques chiffres

– montant total des investissements décidés en cours d’exercice: 114,8 millions d’euros (soit la deuxième année consécutive au cours de laquelle NoShaq/Meusinvest aura franchi le cap des 100 millions)
– 50,7 millions ont pris la forme d’une participation au capital, contre 63,4 millions en prêts et 700.000 euros en leasing
– 170 décisions d’interventions entérinées – avec 75 concrétisations (sociétés entrées en portefeuille) dont 26 dans le secteur numérique et 5 dans le thème industrie 4.0
– plus-values réalisées pendant cette période: 10,2 millions d’euros alors que les sinistres (faillites, liquidations, dissolution…) ne totalisent que 3,45 millions (chiffre à confirmer fin septembre).

Le bilan, en chiffres cumulés depuis la création de Meusinvest en 1985, est le suivant:
– 837 sociétés financées, sur un total de 2.101 dossiers traités
– 917 millions d’euros investis, dont 478 au cours des cinq dernières années
– 464 sociétés en portefeuille, dont 302 font l’objet d’une participation au capital
– en moyenne, 75% des dossiers financés se situent dans l’un des cinq secteurs jugés prioritaires (bitech, numérique, industrie 4.0, agro-alimentaire de qualité, immobilier).

2020 est considérée comme devant être, pour les actions en terrain numérique de NoShaq, une année importante — une “année-charnière” — dans la mesure où elle marquera les débuts opérationnels de la Grand Poste, où seront hébergées start-ups et acteurs d’accompagnement.

2020 pourrait également marquer le démarrage ou l’accentuation des actions faisant appel aux ressources de l’écosystème numérique dans le secteur de l’industrie culturelle – désormais estampillé “prioritaire” par NoShaq (voir ci-dessous).

“Notre espoir est de voir se créer un district créatif autour de la Grand Poste. Et le Pôle Image sera associé à la réflexion stratégique, compte tenu de la nouvelle orientation vers le monde culturel.”

Légère inflexion vers le B2B

Après cinq ans d’actions au bénéfice de projets et start-ups numériques, NoShaq/LeanSquare intègre petit à petit davantage de coloration B2B dans sa stratégie d’investissement et d’accompagnement.

“L’expérience a démontré que l’orientation purement B2C prise au départ par LeanSquare et la méthodologie initiale d’attraction d’un deal flow – par appel de projets et passage devant jury – n’a pas donné les résultats espérés. Beaucoup de projets n’étaient pas réellement innovants ou différenciés – beaucoup de “me-too”

Il est vrai qu’il s’avère difficile de trouver, en Wallonie, de beaux projets B2C qui aient de réelles chances de décollage.

LeanSquare a donc adapté sa méthodologie – il y eut notamment la formule One Hour Challenge – et s’oriente davantage vers une segmentation en “verticals” (e-santé, B2B tech, B2B2C…) et la création de mini-écosystèmes.” Et opère donc une “translation” avec davantage de travail sur le B2B…

Deux nouveaux secteurs de déploiement

Au-delà des cinq secteurs considérés comme prioritaires depuis quelques années – les biotech, le numérique, l’immobilier, l’agro-alimentaire de qualité et, depuis un an environ, l’industrie mécanique 4.0 -, NoShaq a identifié deux secteurs supplémentaires sur lesquels se concentrer plus particulièrement. A savoir: d’une part, l’industrie culturelle ; de l’autre, l’énergie et le développement durable.

Raisons invoquées: le fait que l’industrie culturelle soit un gros pourvoyeur d’emplois dans le bassin liégeois – “le deuxième après celui de la santé et des biotech” – et draine pas mal d’activités connexes. Côté énergie/développement durable, le but est de répondre, voire d’anticiper un besoin, “pour aider les entreprises à réussir leur réorientation stratégique dans ce domaine”. “On constate que les sociétés figurant dans la catégorie énergie / développement durable dans notre portefeuille sont parfois à la peine. Plusieurs start-ups éprouvent des difficultés à tirer leur épingle du jeu et à progresser.” Le but, en renforçant les actions, l’accompagnement, est donc de dégripper, de “créer un écosystème qui permette de générer un déclic et un effet d’entraînemen”, en favorisant l’émulation, la duplication de bonnes recettes…” 

Les intentions ou ambitions dans le domaine de l’industrie culturelle ont, pour leur part, d’importants accents numériques – ou du moins des points de convergence avec le numérique. Des notions, solutions et ressources du genre gaming, réalité virtuelle et augmentée, médias disruptifs, IoT… sont autant de thèmes qui bénéficieront de l’attention de NoShaq. “Le gaming et l’AR/VR, notamment, présentent un gros potentiel qui est largement sous-exploité en région liégeoise”, déclare Gaëtan Servais.

Ce n’est encore qu’un projet – et un nom de code – mais un “TAC” (Technical Art Center) pourrait voir le jour, à créer avec des “partenaires du monde de la culture et de l’entreprise”. “Il s’agit de mailler davantage, de créer un écosystème complet, de créer une dynamique, […] d’accompagner les entrepreneurs du domaine culturel à trouver de nouveaux modèles, à innover et à créer en favorisant les partages d’expérience et de connaissances. Pensé comme une plate-forme collaborative, le TAC s’intéressera à toutes les formes et disciplines artistiques – théâtre, arts visuels, danse, musique, cinéma, vidéo, gaming mais aussi arts numériques et urbains.”

Pourquoi un changement de nom?

Si MeusInvest a disparu des tablettes, expliquent et réexpliquent ses dirigeants, c’est pour mieux symboliser le changement de nature de ce qui fut créé à l’origine comme une invest purement publique, destinée à sortir le bassin liégeoise de sa crise d’économie historique largement sinistrée.

“Désormais, nous ne sommes plus une structure d’invest mais bien une holding de 16 sociétés de gestion de fonds. Et plus qu’un gestionnaire de fonds, nous sommes aussi et de plus en plus un acteur de développement de projets”, souligne par exemple Gaëtan Servais. D’où le choix d’un nom plus générique (les inconditionnels de montagnes mythiques se régalent), “qui n’évoque plus le “produit” – une invest – ou la région – le bassin mosan.”
La tendance de MeusInvest/NoShaq d’étendre ses activités et tentacules au-delà du périmètre liégeois prend d’ailleurs de l’ampleur. Nombre de dossiers viennent d’un peu partout de Wallonie, de Bruxelles et parfois d’ailleurs. La représentativité de sociétés financées n’étant pas basées dans le bassin liégeois, au sens étroit du terme, gagne du terrain. Exemple? On dénombre aujourd’hui 41 sociétés, grandes ou petites, établies dans la région de Huy-Waremme, soit 10% du portefeuille, et pas moins de 52 sociétés du côté de Verviers…
Ajoutons à cela que la structure du capital de NoShaq penche de plus en plus vers le privé, la Région wallonne ne pesant plus que 40%. 20% sont aux mains de NEB Participations (formé au départ par Nethys, Ethias et Belfius). Les 40% restant sont composés d’acteurs bancaires, d’investisseurs industriels et de privés. Gaëtan Servais laisse en outre planer l’idée d’une recapitalisation (nécessaire pour consolider le potentiel et le rythme des flux d’investissements), en accueillant d’ici quelques années (deux ans? trois ans? plus?) quelques (gros) nouveaux partenaires.

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