Une touche écologique dans une mer d’hyper-consommation mobile?

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Par · 07/06/2019

Back2Buzz (La Hulpe) s’est spécialisée dans le reconditionnement “à l’identique” de smartphones usagés ou endommagés. Ces derniers temps, la société tente une diversification, en conservant toutefois son fil rouge de l’“IT éco-responsable”. Depuis le début de l’année, par exemple, la société brabançonne a pris son baluchon, emmenée dans les bagages de l’Awex ou encore de l’AdN, pour s’en aller présenter ses petites idées au CES de Las Vegas, au Mobile World Congress de Barcelone ou encore au salon parisien VivaTech.

Hormis son catalogue de smartphones et accessoires reconditionnés, le produit qu’elle y a présenté a pour nom “PaperWatch”. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une montre connectée… en papier, dans une matière travaillée de telle sorte à être résistante (en ce compris à l’eau) mais recyclable. Ses fonctionnalités peuvent être modulées selon les souhaits et finalités d’utilisation de la société qui désirerait la commercialiser ou la mettre à disposition de ses clients via inclusion de divers composants: puce RFID, QR code, traceur pour géolocalisation… Cela en fait un instrument potentiel d’identification, de paiement, de suivi de personne, de clé d’accès (à un équipement IT, à un espace privatif…). 

Des “montres papier”, ce n’est pas ce qui manque sur le marché (asiatique notamment). Elles pululent même sous de multiples formes sur les grandes plates-formes d’e-commerce. La particularité du concept développé (et breveté) par Back2Buzz vient de son petit côté éco-responsable: hormis le support en papier, les composants utilisés sont, dans la mesure du possible, respectueux de l’environnement. La PaperWatch, version belge, fonctionne ainsi sur batterie “écologique” (sans nickel), recyclable.

La production en petites ou moyennes séries en a débuté… en Chine voici quelques mois. Pour l’instant, Back2Buzz n’a encore décroché que de petites commandes, maximum pour 2.500 ou 3.000 exemplaires, notamment auprès de sociétés misant sur le bio mais l’espoir est de convaincre quelques grands noms ou enseignes d’en faire un instrument distinctif – à usage interne, pour leurs employés, ou à destination de la clientèle.

Des pourparlers, encore préliminaires, ont par exemple été engagés avec un constructeur automobile indien Tata Motors ou encore avec le groupe hôtelier Accor qui pourrait miser sur la PaperWatch pour remplacer la traditionnelle carte magnétique que l’on distribue à l’enregistrement. Pour une foule de fonctionnalités potentielles: identifiant personnel, instrument de paiement pour divers services de l’hôtel, “clé” d’accès à la chambre, sésame pour activer l’accès Internet via WiFi ou encore, pour l’hôtel lui-même, géolocalisation des clients – que ce soit à des fins de sécurité, de guidage à travers le dédale qu’est parfois la disposition du bâtiment ou encore de notification dynamique de messages et informations pouvant les intéresser selon l’endroit où ils se trouvent dans l’hôtel.

Coque biodégradable pour smartphone

Mi-juin ou début juillet, Back2Buzz lancera la commercialisation d’un autre produit: une coque de smartphone biodégradable, composée pour partie de biopolymères, d’acide polylactique (issu de la mélasse de maïs) et de fibres végétales (bambou).

Même si le premier modèle n’existera qu’en version noire, la coque pourra être personnalisée afin d’afficher des couleurs et graphismes divers, imprimés avec des colorants alimentaires par un partenaire sud-coréen.

Un premier contrat de distribution a été signé en Suisse avec Swisscom. Back2Buzz compte en outre la mettre en vente via son propre site d’e-commerce et diverses plates-formes (Amazon…) ou sites de revendeurs (FNAC…). Avec l’espoir aussi d’être proposée dans des magasins “en dur” – FNAC, Cora, chaînes de magasins bio…

La France, plus “mobilo-écologique” que la Belgique?

Pour ce qui est de son offre classique de smartphones reconditionnés, Back2Buzz n’a pas encore réellement réussi, pour l’instant, à convaincre les opérateurs locaux à jouer la carte de l’éco-responsabilité. L’heure serait plutôt à une fuite en avant où se bousculent les offres-impossibles-à-refuser qui proposent aux clients des abonnements assortis d’un smartphone à un prix défiant toute concurrence. Les offres liées ont la cote.

Dès lors, l’argument d’une société telle que Back2Buzz qui consiste à proposer un smartphone reconditionné, dûment testé, à prix plus avantageux qu’un modèle neuf, n’a “évidemment” aucune chance de convaincre.

Source: Back2Buzz

Back2Buzz avait certes passé un accord avec Orange Belgique, fin 2018, pour que leurs clients puissent choisir un modèle reconditionné, “mais cette convention n’a pas encore été suivie d’effet”, regrette Philippe Honhon, co-fondateur de la société. “En six mois, pas un seul de nos smartphones n’a été vendu…”

L’accueil est encore plus froid du côté des autres grands opérateurs.

Par contre, une porte vient de s’ouvrir en France où les pratiques sont en train d’évoluer. La mode des “offres liées” n’y a pas le même ancrage que chez nous. Les opérateurs s’y font plutôt concurrence (de manière acharnée) sur le prix de l’abonnement lui-même. Exemple: 19 euros par mois chez Free et même moins de 12 euros pour les contrats entreprise. L’offre d’un smartphone, gratuit ou à prix réduit, y a donc moins cours. Et Back2Buzz espère profiter de l’occasion. 

Une convention pourrait ainsi bientôt être passée avec Axa France qui proposerait une formule spéciale, avec smartphone reconditionné, à ses employés. Le début d’une nouvelle démarche de la part des entreprises? Lors du salon VivaTech, Philippe Honhon a rencontré non seulement Axa mais aussi des responsables de Sodexo et de la Banque de la Poste qui, eux aussi, ont tendu une oreille attentive. L’éco-virus trouvera-t-il un terrain favorable?