Réseau IA: du pain sur la planche en 2019

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Par · 28/01/2019

Le Réseau IA, collectif wallon réunissant des acteurs – commerciaux et académiques – de l’Intelligence Artificielle, dévoile son programme d’actions pour cette année. Ses priorités: dresser la carte des acteurs et potentiels locaux, fournir au cabinet du ministre Pierre-Yves Jeholet un rapport (avant les élections) pouvant potentiellement déboucher sur de premières mesures dans le cadre du plan Digital Wallonia “2.0”, démarrer une opération de “démystification” de l’IA et tisser des partenariats (ou relations) avec d’autres organismes. 

Priorité n° 1: inventorier et grandir

Un premier rendez-vous est fixé le 11 février pour les membres du réseau, histoire de faire mieux connaissance entre adhérents – ou candidats à l’adhésion.

“Le but”, explique Christophe Montoisy, l’un des initiateurs du Réseau IA, “est d’identifier la chaîne de valeur du collectif et d’analyser ainsi l’offre disponible en IA.

Une chose est sûre, toutefois, nous avons besoin d’attirer davantage d’experts, en IA ou dans des matières connexes ou pertinentes (juridique, propriété intellectuelle, conseils etc.).

Nous profitons d’ailleurs de l’organisation de cette première journée pour lancer un appel à toutes les entreprises actives dans l’IA qui souhaiteraient mettre en avant leurs compétences. Elles sont invitées à prendre contact avec le réseau et à participer à cette première réunion fédératrice.”

Informations et inscriptions via l’adresse contact@reseauia.be.

Un autre objectif majeur sera de dresser un état des lieux de l’Intelligence Artificielle en Wallonie – en termes d’offre de services et de produits, de demandes, d’attentes des entreprises et de formations disponibles. Sur base de ce bilan de départ, un schéma d’actions prioritaires sera élaboré.

Afin de dresser un profil le plus précis possible des “demandes et attentes”, deux tables rondes seront organisées – l’une fin février à destination des grandes entreprises, l’autre, le 11 mars pour un public de PME.

Par ailleurs, le travail d’inventaire des formations disponibles (ou nécessaires) a déjà commencé, en collaboration avec le Forem, les Hautes Ecoles et les universités. Dans le même contexte, un groupe de travail a été constitué afin de se pencher sur l’impact de l’IA sur les compétences et les métiers.

Autre inventaire, jugé essentiel: l’état de l’art des laboratoires de recherche wallons. “Une réunion a eu lieu avec les universités et les centres de compétences qui ont environ un mois pour collecter les informations et nous remettre leur rapport. L’inventaire devrait être prêt fin mars.”

Informer les décideurs politiques

Suite aux tables rondes avec les entreprises, un “position paper » sera rédigé et remis au ministre Pierre-Yves Jeholet, en charge de l’économie et du numérique. Ce rapport, qui pourrait – c’est en tout cas l’espoir – inspirer la teneur des actions prises dans le cadre du plan Digital Wallonia “2.0”, fera la synthèse des “observations, analyses et recommandations du réseau IA pour le développement de l’économie wallonne grâce à l’IA.”

“Nous avons déjà eu trois réunions avec le cabinet du ministre et une autre est planifiée”, indique Christophe Montoisy. “Le position paper sera un instrument pouvant déboucher sur la définition de directives à prendre par le gouvernement en matière de numérisation et d’intelligence artificielle.”

N’est-il pas un peu tard pour influer sur la teneur du plan Digital Wallonia 2.0 dont les grandes lignes ont été esquissées récemment par Pierre-Yves Jeholet mais qui doivent encore être avalisées par le gouvernement, notamment sur base des recommandations du Conseil du Numérique? Relire à ce sujet nos articles, ici (pour les déclarations du ministre) et ici (pour l’avis du Conseil du Numérique)

“Le gouvernement, bien entendu, ne pourra pas tout faire avant les élections [Ndlr: les réelles décisions seront prises après l’entrée en fonction de la future majorité] mais notre position paper devrait permettre d’orienter l’une ou l’autre décision budgétaire en faveur de certaines mesures – ou projets.

De nos premiers travaux et au travers des discussions que nous avons eues avec les membres et avec nos contacts, il ressort par exemple qu’il faut agir pour renforcer le lien entre les experts IA, d’une part, et les personnes qui connaissent les processus en entreprise, de l’autre. Des formations sont nécessaires. Le position paper pourrait donc potentiellement recommander que la Région investisse d’abord dans des initiatives orientées formation…”

Que la Région embraye ou non, le Réseau IA désire avancer de son côté en jetant les bases de premiers projets et expériences-test. A cette fin, un événement-rencontre baptisé Tremplin IA sera organisé avant l’été, qui mettra en contact des entreprises désirant s’engager dans des projets d’intelligence artificielle et les membres du collectif. Objectif: “mettre en évidence la valeur ajoutée que nos experts, qu’ils soient spécialistes de l’IA ou orientés formation, propriété intellectuelle, aspects juridiques…, peuvent apporter, identifier des “proofs of concept” à développer dans les trois mois suivants et générer des scénarios d’utilisation concrète servant d’amorce à une dynamique IA multi-secteurs”.

“Démystifier l’IA”

Deuxième objectif, plus pédagogique, que se donne le Réseau IA pour cette année: “démystifier l’IA et sensibiliser les dirigeants sur ses potentiels dans le cadre de leurs activités ou secteurs”. 

Pour ce faire, le collectif aura recours à des rencontres au cours desquelles des cas concrets de réalisation seront exposés “afin d’expliquer ce qu’il est possible de faire avec l’intelligence artificielle”.

Le premier de cet événement sera la réunion “What’s up IA” réservée au PME, organisée le 11 mars en collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie (lieu choisi: le Château de Courrière, près d’Assesse en province de Namur). “Il s’agira de répéter ce genre d’événement”, souligne Christophe Montoisy.

Par ailleurs, des experts membres du collectif iront porter la “bonne parole” dans des événements ou réunions organisés par d’autres acteurs. Lors de séances de formations ou d’informations, de conférences, de meetups

Une quarantaine de membres

Quelques mois après sa création, le collectif compte aujourd’hui une quarantaine de membres, depuis des PME positionnées sur le terrain de l’analytique et de l’IA jusqu’à de grandes entreprises intéressées ou s’étant déjà lancées dans des projets (exemple: IBA, Prayon…), en passant par des sociétés de conseils, des établissements de formation (universités, Haute Ecoles), des experts dans divers domaines utiles à la mise en oeuvre de l’IA (sécurité, vie privée, droit, propriété intellectuelle…).

“Etoffer et structurer le réseau afin d’en faire un point-relais capable de faire exister l’IA sur le plan local, fédéral et international.”

Des contacts ont été noués avec divers autres acteurs et fédérations – notamment le Pôle de Compétitivité Mecatech, l’UWE… – qui serviront de relais vers leurs membres ou réseau. Autres organismes qui se sont dits intéressés par l’initiative: le living lab WeLL (e-santé) ou encore l’école de codage BeCode, afin d’“évangéliser” un public plus jeune. 

Une réflexion est en outre en cours sur l’opportunité d’organiser davantage de formations à destination du citoyen. Pour ce faire, la question se pose de savoir si les universités et les Hautes Ecoles seraient un lieu et un vecteur pertinents pour mieux éclairer le grand public au sujet de la transformation de la société et du marché du travail qu’induira l’intelligence artificielle.

On le voit les pistes d’action sont potentiellement nombreuses et l’opportunité ou la pertinence des actions parfois encore à l’étude. Pour objectiver l’efficacité de ses démarches, le Réseau IA envisage de confier une mission à l’AdN (Agence du Numérique). En l’occurrence, lui définir un certain nombre de paramètres et indicateurs permettant d’évaluer objectifs et concrétisations. “Nous n’avons pas encore de vue précise sur ce que pourraient être ces indicateurs”, déclare Christophe Montoisy, “mais on pourrait imaginer des indicateurs tels que le taux de pénétration de l’IA au sein des entreprises et l’impact sur le chiffre d’affaires, l’emploi, la marge brute…”.