Industrie-recherche: même (cyber-)combat. Bruxelles lance son initiative “BICI”

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Par · 12/12/2018

La “Brussels Initiative on Cybersecurity Innovation” – BICI pour les intimes – a officiellement été portée sur les fonts baptismaux ce mardi 11 décembre. Parrain et co-géniteur: le Sirris. Complices: les centres de recherche de l’UCL, de l’ULB, de la VUB, de la haute école EhB (Bruxelles) – quinze au total. Avec aussi, côté privé, la volonté de faire participer “d’autres acteurs-clé” bruxellois. Le financement, lui, vient en partie de la Région (via Innoviris), en partie de ressources européennes (fonds Feder).

Mission du BICI: opérer une veille active et, surtout, faire en sorte que “les nouvelles connaissances en matière de cybersécurité soient plus rapidement transmises aux entreprises.”

Le “Proof of concept” en a été fait…

Le voeu d’une collaboration plus étroite, plus spontanée et plus efficace entre universités (et leurs centres de recherche) et l’industrie et secteurs d’activités est une constante – depuis de très nombreuses années. On le retrouve à nouveau au coeur de la nouvelle version du Plan du numérique wallon, aujourd’hui en attente de validation et de décision par le gouvernement au sud du pays…

En quoi ce voeu, souvent pieux, prendra-t-il des allures nettement plus concrètes et tangibles dans le cadre de cette Brussels Initiative on Cybersecurity Innovation?

L’initiative, disent ses auteurs, a été prise parce qu’on a pu constater qu’en effet cette collaboration était possible et – mieux encore – réelle. La preuve en a été donnée, selon eux, tout au long de cinq projets de recherche en cybersécurité financés par Innoviris (Institut bruxellois pour la Recherche et l’Innovation). En 2015, en effet, un appel à projets était lancé qui voyait naître cinq projets respectivement baptisés C-Cure, Scaut, SeCloud, Spices et Brufence. Relire, pour plus de détails, notre article de l’époque.

En plus des 15 centres de recherche académiques ou publics, une série d’acteurs privés ont été impliqués dans l’un ou l’autre de ces projets. Citons notamment Worldline, Cegeka, Nviso, Xperthis, Sopra Steria, ING, Sogeti…

L’interaction réussie entre les mondes industriel et universitaire au sein de ces projets a permis de mettre en évidence le potentiel de l’innovation en matière de cybersécurité dans la Région de Bruxelles-Capitale. Le but est donc d’instaurer une collaboration entre cinq catégories ou profils d’acteurs: le monde académique, les centres de recherche “collectifs” (à commencer par le Sirris), les autorités publiques régionales, les prestataires de services et acteurs de la cyber-sécurité, et les utilisateurs finaux sectoriels (industriels ou commerciaux).

Et dans la pratique…?

BICI visera à mieux “armer les entreprises contre les cyber-attaques” et les aidera à développer des produits cyber-sécurisés. 

La clé: une meilleure collaboration entre recherche et acteurs industriels et/ou économiques pour faire face de manière plus pragmatique, rapide et efficace aux dangers et défis croissantes de la cyber-réalité. “Les défis de la cyber-sécurité sont sources de trois besoins essentiels”, rappelle-t-on au Sirris. “Un besoin de support en termes de partage des connaissances et de bonnes pratiques au sein d’une communauté. Une prise de conscience réelle des entreprises face aux dangers et défis, ce qui est encore trop peu le cas actuellement. Et un support en matière de recherche et d’innovation, une recherche qui soit pilotée par l’industrie.”

Bojan Spasič, chef de projet Sécurité logicielle au Sirris: “Innovation technologique et innovation en matière de cybersécurité doivent s’imbriquer et s’intégrer étroitement afin de garantir la pérennité et la résilience des produits et services proposés par les entreprises.”

Les actions porteront à la fois sur un transfert des résultats de recherches vers les entreprises, sur des campagnes de sensibilisation et sur la mise en oeuvre de projets innovants communs “susceptibles de faire progresser les technologies en matière de cybersécurité en Belgique”.

Objectifs: “identifier les partenaires et experts adéquats, répondant au besoin, défi ou risque spécifique auquel est confrontée l’entreprise ; l’informer au sujet de technologies de pointe, existantes ou devant se concrétiser à court terme, correspondant aux besoins des services et produits développés ; apporter une assistance et favoriser la co-création de solutions de cyber-sécurité innovantes ; co-créer des technologies s’intégrant avec les produits et services des entreprises.”

Les actions s’articuleront selon un taux de collaboration et de création croissante de valeur ajoutée:  sessions de partage de connaissances et d’idées, ateliers et “master classes” plus approfondis et spécifiques “calqués sur la feuille de route des partenaires industriels”, sessions préparatoires au cours desquelles les sujets de collaboration seront définis avec précision, projets de recherche menés en collaboration et en mode co-création.

icity.brussels

Voici trois exemples de projets chapeautés, maternés, par icity.brussels qui voient monde de la recherche académique et industriels collaborer sur des projets liés à la cyber-sécurité.

Détection de fraudes par carte bancaire ou de crédit, par évaluation et validation de solutions d’apprentissage (automatique) et d’ingénierie de fonctions profondes. Partenaire: les chercheurs en machine learning de l’ULB
– Projet Oracle: Original Real-time Analysis of Cyber threats through LEarning. Partenaires impliqués: l’ULB et Proximus.
– Projet Phileas: détection de comportements anormaux d’objets connectés (IoT). Partenaires: le laboratoire de recherche Iridia (ULB) et Degetel, groupe français de conseil numérique.

BICI s’inscrit dans le cadre du programme icity.brussels, une initiative conjointe des deux universités bruxelloises (ULB et VUB) et du Sirris qui bénéficie d’une aide financière Feder (Fonds européen de développement régional) et par Innoviris. Montant alloué: 13 millions d’euros.

icity.brussels réunit (virtuellement) plus de 200 experts IT, assure de la veille et procure des conseils dans diverses matières IT et numérique. A savoir: la cyber-sécurité mais aussi l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et augmentée, l’Internet des Objets, l’industrie 4.0 et les télécoms. Son rôle consiste également à faire se rencontrer et échanger (connaissances et bonnes pratiques) entre industrie et monde de la recherche. Ce qui explique qu’icity.brussels ait été choisi pour accueillir et gérer la nouvelle Brussels Initiative on Cybersecurity Innovation.