L’IT (aussi) en filigrane des derniers titres Honoris Causa de l’UNamur

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Par · 07/10/2018

Jeudi dernier, en mettant l’accent sur l’importance de l’“intelligence collective”, l’UNamur décernait des titres de Docteur Honoris Causa à trois récipiendaires – dont, cela vaut la peine d’être relevé, un duo de collectifs venant en aide aux réfugiés. Parmi les deux autres personnes physiques élevées au rang de Docteur Honoris Causa, on trouve la Kenyane Juliana Rotich.

Après avoir décroché une licence en technologie informatique à l’Université du Missouri (à Kansas City), elle s’est tout d’abord lancée dans des activités de consultante en informatique avant de retourner au Kenya pour y développer Ushahidi (“témoignage” en swahili), un logiciel open source qui permet de collecter et d’agréger des informations et données disponibles sur Internet, générées par des téléphones mobiles ou provenant de témoignages, afin de documenter et de cartographier des situations de crise (état des lieux, nature et ampleur des dégâts…).

Ce logiciel a été utilisé pour la première fois en 2008, dans le contexte des violences qui ont suivi les élections au Kenya. De très nombreux autres pays, depuis lors, s’en sont servi. Il a notamment été utilisé lors du séisme d’Haïti.

Autre développement informatique de Juliana Rotich: un routeur portatif qui permet aux utilisateurs de se connecter à Internet, même dans des zones souffrant de coupures d’électricité.

Pourquoi parler du titre de Docteur Honoris Causa de Juliana Rotich? Parce que l’UNamur espère que ce prix et les relations nouées vont permettre de nouveaux liens de se tisser.

“Juliana Rotich s’est en effet déjà investie dans projets d’entrepreneuriat en dehors du continent africain”, explique Annick Castiaux, vice-rectrice Education, Service à la société et Communication de l’UNamur. “Notamment dans le cadre de projets qui sont supportés par des venture capitalists en Espagne. Le titre de Docteur Honoris Cause de l’UNamur pourrait donc ouvrir de nouvelles perspectives pour des initiatives belges.”

Mais aussi – et plus proche du rôle éducatif de l’université, “permettre à des étudiants en master de se rendre en Afrique, à Nairobi, par exemple, qui est le cadre d’un véritable dynamisme de développement open source. Juliana Rotich a déjà rencontré des professeurs d’informatique de l’UNamur. Ce pourrait être ‘occasion pour nos étudiants d’expérimenter par eux-mêmes ce dynamisme…”

Annick Castiaux (UNamur): “Il y a toute une inspiration à aller chercher du côté d’une intelligence plus collective, plus globale. En élevant Juliana Rotich au titre de Docteur Honoris Causa, c’est l’importance de flux venus de pays plus défavorisés que nous voulions souligner.”

Autre titre de Docteur Honoris Causa: celui remis à Josef Schovanec, résident français, fils de réfugiés tchécoslovaques, à la fois, docteur en philosophie et écrivain, que l’on entend régulièrement sur les antennes de La Première. Autre “signe distinctif”: Josef Schovanec est autiste Asperger et si nous parlons de lui à l’occasion de son obtention du titre de Docteur Honoris Causa de l’UNamur, c’est parce qu’il a récemment créé à Toulouse une université qui veut proposer aux autistes Asperger l’opportunité de suivre des cursus en même temps et en étroit co-apprentissage avec des étudiants “normaux”. Et il se fait que les premières formations proposées sont placées sous le signe des STEM: informatique, mathématiques et physique théorique.

Il a d’ailleurs d’ores et déjà fait un appel du pied à destination de l’université namuroise afin qu’elle s’insère dans le réseau d’universités pro-autistes que celle de Toulouse compte tisser hors frontières.