Une plate-forme wallonne contre les “nids de poule” télécoms

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Par · 27/09/2018

Dans le long et nécessaire maillage “connectivité” du territoire wallon par les opérateurs mobiles et mobiles, la lutte destinée à effacer de la carte les zones grises et blanches qui souffrent de lenteurs voire d’absence de réseau vient de se trouver un nouvel outil. En mode participatif. Du moins en mode extranet destiné aux responsables des pouvoirs locaux.

Voici venir le site Digital Wallonia Connect.

Les élus communaux, qui se seront au préalable identifiés et auront été autorisés comme tels par l’AdN (voir ci-dessous), pourront désormais signaler un problème de qualité réseau via cette nouvelle plate-forme mise en oeuvre par l’AdN.

Les données collectées seront consolidées et relayées vers les opérateurs. “Nous disposerons ainsi de données plus précises sur les zones mal couvertes en Wallonie et nous pourrons travailler avec les opérateurs ainsi qu’avec le régulateur fédéral à des recommandations ciblées visant à résorber l’impact qu’ont les zones mal couvertes sur les citoyens et les entreprises.”

Les données récoltées permettront aussi, potentiellement, de déduire des paramètres communs dans certaines zones, “de mieux déterminer si une technologie existant déjà dans le catalogue des opérateurs peut être appliquée ou si, pour certaines zones ou certaines spécificités géographiques ou topographiques, il faut en imaginer une autre”, indique Philippe Compère, expert à l’AdN.

Comment opèrera ce site-relais?

Première étape pour les responsables locaux: s’identifier comme “relayeur” autorisé auprès de l’AdN. L’opération se fait via un simple petit formulaire en-ligne où le mandataire local (bourgmestre, directeur général, échevin…) décline ses noms, qualité et adresse de contact mail.

Les mandataires locaux, une fois identifiés, pourront signaler des problèmes de connectivité.

L’AdN vérifie alors son identité. Pour simplifier le processus, il a en effet été décidé de ne pas demander au mandataire de dégainer sa carte d’identité numérique pour s’inscrire (ou d’en passer par un autre mécanisme du genre Itsme).

Une fois l’identité validée, l’AdN envoie par mail un lien au mandataire, qu’il pourra utiliser pour accéder au portail. Chaque mandataire autorisé se verra attribuer un lien personnel, lui donnant accès au portail.

Il pourra alors commencer à signaler des problèmes qui lui auraient été notifiés par les citoyens ou les entreprises établies sur le territoire communal. Là encore, par le biais d’un simple formulaire en-ligne, où il peut signaler le type de problème, la gravité de la non-connexion, l’opérateur concerné (s’il est identifié), le quartier ou la rue où se pose le problème…

Avant envoi à l’opérateur concerné, l’AdN analysera les problèmes signalés afin éventuellement de regrouper les problèmes, de les catégoriser, voire de ne pas tenir compte de problèmes dont l’Agence sait que l’opérateur tente déjà de régler. 

Traitement “confidentiel”

Lorsque le problème signalé peut être attribué à un opérateur (fixe ou mobile) déterminé, le principe appliqué par l’AdN sera de faire remonter le signalement vers cet opérateur et vers lui seul. C’est là l’une des exigences qu’ont posées les opérateurs pour accepter le principe du Digital Wallonia Connect, dans le droit fil des conventions passées dans le cadre de l’accord TOP (Tax on Pylone).

Mais cela n’implique-t-il pas que l’AdN sorte de son rôle de neutralité? Si un usager, un quartier, un village, une zone entière est en mal de couverture télécom, ne serait-il pas utile que la solution éventuelle soit recherchée dans le panel complet de ce que peuvent offrir tous les opérateurs? Sans doute, mais l’engagement de confidentialité passé entre l’AdN et les opérateurs fait obstacle.

Un portail de signalement Digital Wallonia Connect – parce que les cartes de couverture (haut débit fixe et/ou mobile) sont encore imprécises et incomplètes, ne disent rien sur les “nids de poule” et autres trous noirs au niveau d’un village, d’un quartier, d’une rue…

Dans le même ordre d’idée, il n’y aura pas utilisation des informations récoltées et relayées par les mandataires locaux pour constituer par exemple une carte visualisant les problèmes signalés et qui s’afficherait sur le portail Digital Wallonia Connect. Pas de principe d’open data à cet égard…

Le relais de l’information vers le seul opérateur concerné n’est toutefois pas une règle absolue. Tout d’abord, parce que le problème relevé n’aura pas forcément toujours été attribué à un opérateur en particulier. Philippe Compère: “selon le type de signalement, si nous constatons que les autres opérateurs disposent potentiellement d’une solution pour résoudre le problème signalé, nous pourrons éventuellement contacter la commune pour l’informer.

Ce sera d’ailleurs là l’objectif de la version suivante du Digital Wallonia Connect qui inclura une “boîte à outils”. On trouvera alors sur le site une liste de solutions de connectivité proposées par les opérateurs [par exemple, la solution Tessares que promeut Proximus].

“Mais pour l’heure”, poursuit Philippe Compère, “le but premier est de vérifier auprès de l’opérateur concerné s’il peut résoudre le problème. Si on ne sait pas quel opérateur est concerné, on relaiera vers les trois.”

Pas de relais en direct à partir du citoyen

Pourquoi ne pas avoir ouvert totalement cette plate-forme au citoyen lambda, au simple internaute ou aux professionnels, comme la France, elle, a choisi de le faire? Officiellement, l’AdN explique que “Digital Wallonia Connect ne vise pas à remplacer la relation privilégiée du client bénéficie avec son opérateur ou à servir de helpdesk alternatif. C’est donc toujours vers son opérateur que le client devra se tourner en priorité s’il fait face à un problème sur son réseau, fixe (téléphonie fixe, télévision et Interne) ou mobile.”

Il y avait sans doute aussi la crainte d’être inondé de signalements – et de récriminations – et de ne pas pouvoir y faire face. Sans compter le souhait de laisser leurs prérogatives aux communes… en les responsabilisant. Le message que l’AdN et les autorités régionales veulent en effet faire passer est le suivant: en tant que communes, relayez-nous les réels besoins et problématiques de connectivité mais, dans la foulée, agissez aussi de votre côté afin de ne plus freiner le déploiement d’antennes ou le processus d’octroi de permis…