Cytomine entame sa phase de validation internationale

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Par · 30/05/2018

Cytomine, start-up liégeoise constituée en coopérative, était l’un des sept projets portés par des start-ups ou spin-offs wallonnes qui ont participé au programme d’accélération MedTech, organisé conjointement par Lifetech.Brussels, MedTech Wallonia et MedTech Flanders. L’occasion de faire le point sur ses projets à court et moyen terme.

Le logiciel Cytomine, fruit de développements au sein de l’Institut Montefiore de l’ULg, est une solution de pathologie numérique. Il a fait ses tout premiers pas commerciaux voici deux ans. Il consiste en une plate-forme Web open source, opérant en mode SaaS, dédiée à l’analyse, en mode collaboratif, d’images biomédicales (très) volumineuses, par exemple des images de lames de microscope numérisées. La solution permet la consultation, la classification, l’exploitation collaborative, le partage et l’annotation de très grandes images via Internet, leur analyse à l’aide d’algorithmes à apprentissage automatique et la production de rapports (toujours en mode collaboratif, entre professionnels opérant à distance). Relire notre article, publié lors de ses débuts commerciaux

Les kaléidoscopes ont aussi leurs avantages…

Qu’a retiré Grégoire Vyncke, l’un des créateurs de Cytomine, de sa participation au programme d’accélération? Essentiellement des contacts et une manne d’informations – tantôt d’ordre technologique, tantôt davantage orientées finances, investissement, cadre réglementaire… Un regret: que les sessions d’informations, ateliers et échanges n’aient pas tous été d’un intérêt égal. Non pas en termes de qualité intrinsèque mais plutôt parce que les 16 projets participants (7 wallons, 5 bruxellois et 4 flamands) avaient atteint des stades d’évolution assez variés (de quelques mois à quelques années) et couvraient un vaste panachage de sous-domaines médicaux (depuis des dispositifs pour implants dentaires jusqu’aux dispositifs de télésurveillance de patients, en passant par des solutions de modélisation tissulaire ou le logiciel d’analyse imaginé par Cytomine).

Grégoire Vyncke (au centre): “le fait de côtoyer des projets, modèles et démarches certes très variés nous a poussé à imaginer quelque chose à quoi nous n’avions pas forcément pensé.”

Mais cette grande variété de situations a également eu ses mérites aux yeux de Grégoire Vyncke: “même si les produits et solutions, ainsi que les modèles économiques envisagés, étaient très variés, le fait d’entendre tel ou tel scénario provoquait parfois un déclic, nous poussait à imaginer quelque chose à quoi nous n’avions pas pensé”.

De même, le passage par le programme d’accélération fut l’occasion de rencontrer des “coachs” aux profils et aux compétences variés – de quoi apporter une vision différente de celles des mentors qui ont jusqu’ici accompagné Cytomine (à l’ULg, d’abord; au WSL, ensuite).

Autre facteur de “déstabilisation positive”: le fait de côtoyer et d’échanger avec des porteurs de projets venus des deux autres régions, avec ce que cela peut comporter comme différences en termes de “culture” ou encore de manière d’aborder l’innovation technologique ou la recherche de financements.

Prochaine étape?

L’une des prochaines étapes, à laquelle s’attèle d’ores et déjà la société, sera le développement d’algorithmes permettant d’améliorer le potentiel de classification et de diagnostic automatique.

Une première data scientist, experte en intelligence artificielle, a été engagée. Une deuxième personne devrait venir la rejoindre dans les mois qui viennent.

Pour financer les développements, la spin-off planifie une levée de fonds, dans le courant de l’année prochaine, à hauteur de deux millions d’euros. Les fonds actuellement disponibles (500.000 euros levés en 2017 – 220.000 venant de la Sowecsom et 280.000 d’investisseurs privés) permettent à la société de “voir venir” mais pour muscler l’efficacité IA de sa solution, le futur tour de table sera indispensable.

Pas tant pour financer les salaires mais plutôt pour pouvoir disposer de la puissance de calcul que suppose l’analyse d’images. Le choix entre infrastructure (serveur) propre à Cytomine, avec mise à disposition de puissance de calcul pour les clients, ou leasing de puissance en centre de calcul doit encore être effectué. Il sera influencé notamment par… les législations locales.

La société regarde en effet d’ores et déjà au-delà de nos frontières. Or, en Suisse par exemple, le traitement des images ne peut pas sortir des murs de l’hôpital. En Allemagne, pas question de quitter le territoire national.

Et il se fait que pour la prochaine phase de validation de sa solution par des institutions médicales de référence – une campagne qui durera environ un an -, Cytomine a conclu un partenariat avec trois hôpitaux faisant référence: un en Belgique, un en France et un en Suisse.

En termes de validation internationale, elle ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là. Son espoir: poser ses valises en Scandinavie d’ici la fin 2018 “dans la mesure où ces pays sont les plus avancés en matière de pathologie numérique”, explique Christopher Hamilton, directeur commercial de Cytomine. “Valider la pertinence de la solution et obtenir un retour de type assurance-qualité par des acteurs scandinaves est un excellent préalable avant de viser les Etats-Unis.”

Les enseignements que retirera la société de cette période de validation permettront aussi de préciser le scénario en matière d’investissement en puissance de calcul.