Haulogy: destination croissance et recherche

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Par · 29/05/2018

Haulogy (Braine-le-Compte), éditeur spécialisé dans les solutions de gestion pour le secteur énergétique (clientèle de fournisseurs d’énergie mais aussi de distributeurs – GRD), ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Treize ans après sa création, le voici qui lève un total de 7,5 millions (dont 4,5 millions sous forme d’avance récupérable de la Wallonie) pour accélérer sa pénétration des marchés étrangers et pour “adapter, développer et enrichir ses logiciels” en vue de relever les défis de la transition énergétique (libéralisation des marchés et essor des énergies renouvelables).

Petit rappel du champ d’activités de la société.

Haulogy a développé un ensemble de logiciels facilitant et orchestrant les échanges de messages entre distributeurs, fournisseurs, transporteurs, producteurs et utilisateurs d’énergie. Pour les GRD, par exemple, la société propose des logiciels de gestion du déploiement de compteurs, de relevés d’index, d’échanges de données et informations avec les autres intervenants. Pour les fournisseurs, les différents modules prennent notamment en charge échanges, réception d’index, gestion de contrats, facturation…

Outre ses logiciels (proposés sous licences ou sous forme SaaS), Haulogy propose également des services (intégration système, hébergement et/ou gestion dans le cloud.

S’adapter à la transition énergétique

Pour se donner les moyens de ses ambitions de croissance, la société vient donc de boucler un solide tour de table – qui ne fut pas forcément une promenade facile comme nous vous le rappelons plus loin dans l’article. En cause, notamment, un gouvernement wallon qui a capoté, voici un an, à un bien mauvais moment…

Quoi qu’il en soit, l’opération est désormais bouclée et prend la forme d’un double mécanisme.

Le volet “adaptation des logiciels” a droit à un financement de la Région, dans le cadre d’un programme de recherche qui court jusqu’en 2021 et qui concerne trois volets: la “software factory”, l’adaptation des produits aux contraintes de la transition énergétique et des différences nationales de législations, et l’apport de nouvelles technologies.

Patrick Donnay (Haulogy): “Le Cetic nous aidera à identifier les technologies de manière souple et agile, à anticiper celles qui comptent.”

Partenaires dans le cadre du projet de recherche: le centre d’expertise Cetic et trois universités (UCLouvain, UNamur et ULg).

Le Cetic est chargé d’identifier et d’objectiver la pertinence de nouvelles technologies comme adjuvants ou facteurs d’innovation pour les solutions Haulogy. “Le but”, explique Patrick Donnay, co-fondateur et président d’Haulogy, “est de procéder à l’étude de l’état de l’art, de déterminer ce qui sera réellement pertinent, de définir et de réaliser des cas de tests avant d’intégrer ces technologies dans les logiciels en vue de leur industrialisation. La technologie blockchain, par exemple, apparaît comme prometteuse dans le secteur de l’énergie mais il faut éliminer certains doutes, vérifier la pertinence.

Le Cetic nous aidera à identifier les technologies de manière souple et agile, à anticiper celles qui comptent.”

Pour l’heure, la priorité est mise sur l’automatisation des processus pour les clients. “Nombre de technologies sont potentiellement utiles, parmi lesquelles tout ce qui tourne autour du machine learning. Dans le cadre de ce thème, nous travaillons également à la mise en oeuvre d’un portail, tant à l’usage de nos clients que pour les clients de nos clients [consommateurs finaux]. Dans ce registre, une technologie identifiée est celle des chatbots…”

A noter que pour gérer ces travaux de recherche, Haulogy vient d’engager un… collaborateur du Cetic, en la personne de Philippe Drugmand, nommé R&D manager. 

Trois universités apporteront également leurs connaissances pour d’autres volets du programme de recherche. L’ULg épaulera Haulogy dans la recherche et le balisage de nouveaux modèles de marché. Département concerné: celui de Damien Ernst.

Côté UCLouvain, la recherche concernera l’interface utilisateur et la “user experience” – plus particulièrement celles destinées au consommateur final, mais sans négliger pour autant des interfaces pour clients professionnels. Partenaire de recherche: Suzanne Kieffer (Pôle de recherche en communication).

Enfin, l’UNamur planchera sur l’automatisation des tests et l’amélioration de la qualité des logiciels. Département plus particulièrement impliqué: les Instituts NaDI et Precise, via le professeur Patrick Heymans.

Croissance à l’international

Pour financer le volet “internationalisation”, Haulogy ouvre son capital à trois nouveaux actionnaires qui injectent chacun un million d’euros. A savoir: l’invest IMBC (Invest Mons-Borinage Centre), la SRIW via sa filiale Environnement et BeWatt, la société de Bruno Vanderschueren (ex-co-dirigeant de Lampiris) qui investit et gère des participations dans divers sociétés du secteur énergétique. Les trois nouveaux venus détiennent désormais 25% du capital.

La toute grande majorité des clients d’Haulogy sont encore des acteurs belges. Exemples de références épinglées à son tableau de chasse: côté fournisseurs: Mega, Lampiris, Antargaz, ENI, Belpower, Eoly, Total, Octa+, Essent…; côté GRD: Arewal (résultat de la fusion entre l’EIEG, l’AIESH et REW-Wavre), Sibelga, Eandis…

La société compte toutefois de premiers clients à l’étranger: en France (Unergie) et aux Pays-Bas (Anode, Total). “Et la liste des références françaises va s’allonger à court terme”, annonce Daniel Byl, co-fondateur et CEO de Haulogy. D’autres marchés sont pointés sur le radar mais aucune décision définitive n’a encore été prise. Cela pourrait être l’Irlande ou le Royaume-Uni (mais peut-être aussi une autre destination). “Notre choix dépendra de différents facteurs”, souligne Patrick Donnay. “La maturité du marché, son taux de libéralisation, l’empreinte potentielle que nous pouvons accaparer…”

Si Haulogy avait besoin de capitaux frais pour son extension internationale, c’est pour bâtir une présence locale: équipe commerciale, support de première ligne et services d’intégration. La société dispose actuellement d’un simple bureau de représentation à Paris mais compte y créer une filiale. Idem aux Pays-Bas. “Nous suivons toujours le même modèle. Tout d’abord, l’identification d’un partenaire connaissant bien l’organisation du pays-cible afin qu’il nous accompagne dans la transformation du logiciel en fonction de la législation en vigueur.

Chaque fois que nous ouvrons un nouveau marché, cela s’accompagne d’un important travail pour veiller à ce que le logiciel s’aligne sur la législation locale et pour éviter les risques que représentent les coûts de maintenance.”

Un financement wallon qui a joué à cache-cache

Long parcours et suspense pour Haulogy depuis plus d’un an. Fin 2016, la société s’était retrouvée parmi les trois sociétés wallonnes jugées éligibles pour se voir attribuer l’étiquette de “digital champion” – lisez société liée au numérique en phase ou avec fort potentiel de scale-up – et bénéficier dès lors d’un financement du Digital Wallonia Hub (DW Hub), mécanisme mi-“dopage de croissance” mi-collaboration avec des acteurs de recherche, imaginé par le gouvernement wallon dans le cadre du programme Digital Wallonia. Relire notre article de l’époque (février 2017).

Trois sociétés étaient donc en bonne voie d’emboîter le pas à Lasea et à OncoDNA qui avaient été les premières, quelques mois auparavant, à recevoir un financement DW Hub. Le dossier, en principe, devait passer devant le jury de sélection en mars 2017 pour approbation.

Las! La difficile mise en place de ce jury et, ensuite, la chute du gouvernement wallon – le MR remplaçant le PS – allaient envoyer le dossier dans les limbes.

De quoi pousser les dirigeants de Haulogy à suivre un autre circuit pour l’obtention des investissements espérés. Le dossier, qui était déjà dans les mains de la DGO6 (Recherche), a donc été quelque peu retravaillé. Mais, dans les grandes lignes et en termes de périmètre, rien n’a changé.

La somme, tout d’abord: 4,5 millions d’euros. L’un des objectifs ensuite: la croissance à l’international. Les modalités du projet enfin: une forte collaboration avec des universités et centres de recherche. “Le DW Hub étant passé à la trappe, les conditions d’obtention d’une aide récupérable n’imposaient plus d’accords avec des universités (leurs départements ou centres de recherche)”, indique Patrick Donnay, “mais nous avons toutefois continué dans cette voie. Et, a posteriori, nous en sommes heureux. C’était important. Tout comme ce fut une bonne chose d’avoir dû, dès le départ du dossier, penser à restructurer notre capital qui était très modeste.

Cela nous a aidé. Avec la nouvelle structure, plus importante, il sera plus aisé pour nous de rentrer chez des clients importants…”

Le feu vert, côté intervention de la Région, s’est donc finalement matérialisé fin 2017, Haulogy décrochant une aide financière d’un montant de 4,5 millions d’euros sous forme d’avance récupérable, la deuxième de son histoire. [ Retour au texte ]

Quelques chiffres pour terminer…

Emploi: 72 ETP

Equipe R&D: environ 20 ETP (équipe basée en Belgique)

Ambition: doubler cet effectif d’ici cinq ans.

Répartition du chiffre d’affaires: quasi du 50/50 entre la formule SaaS et les ventes de licences.