Un chatbot pour Ecolo, pour préparer les élections

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Par · 28/02/2018

Ecolo vient de mettre en ligne un chatbot (sur Messenger et via son site Internet). Répondant au doux nom de Cleo, choisi pour rimer avec Ecolo, ce bot aura pour mission d’engager la conversation, d’intéresser aux vues et positions du parti un public qui est en froid avec le monde de la politique, que d’autres canaux de communication plus classiques rebutent. D’une manière générale, la cible est la “génération e”, plus jeune, plus “branchée”, mais aussi plus engagée en faveur de la société, de l’environnement. Une génération à (re)conquérir.

En ligne de mire, les prochaines élections communales. Des élections pour lesquelles “génération e” signifiera également “génération éthique”.

Tour de chauffe

Un petit robot virtuel, dialoguant avec le citoyen, restant quelque chose d’assez rare, voire élitiste ou “pointu”, et l’objectif étant, malgré tout, de toucher un public le plus large et varié possible (et pas uniquement les accrocs des réseaux sociaux et interfaces décapantes), le parti a décidé d’y aller progressivement dans sa démarche.

Cleo démarre donc sa mission en proposant un petit… test de personnalité. Objectif: “Découvrir quel citoyen vit en vous”.

Huit questions sont posées à l’internaute. Avec, pour chaque question, un choix possible entre deux options.

Qu’est-ce qui capte notre attention en rue? Notre environnement de travail est-il plutôt relax ou guindé? Est-on davantage culture ou sport? Préfère-t-on la nourriture bio ou passe-partout? Entre deux formules de week-end, que préfère-t-on? Quelle personnalité connue apprécie-t-on plus particulièrement? Etc.

Au final, Cleo fournit un petit bilan de personnalité. Du genre: “tu es plutôt une personne engagée”, “soucieuse de ton entourage”… Avec, dans la foulée, quelques petites informations et propositions à propos de ce qu’Ecolo propose sur les thèmes auxquels les questions font – de près ou de loin – allusion.

Petit exemple perso (ne le répétez pas…) que m’a produit Cleo à l’issue du test réalisé: “Tu es génération éthique. Tu considères que nos responsables politiques doivent être irréprochables et, qu’en tant que représentants des citoyens, ils doivent montrer l’exemple et veiller à apporter du bien-être au plus grand nombre [Ndlr: là, je suis scotchée parce que je ne vois pas, mais vraiment pas, comment l’algorithme a pu honnêtement en venir à cette conclusion… même si elle n’est pas fausse 🙂 ]

A ton niveau, tu réfléchis à l’impact de tes actes, et tu veilles à faire coïncider tes valeurs de respect et de démocratie avec ton mode de vie. Tu souhaites un monde plus juste, plus inclusif, plus vert, pour tous. [ Sous-entendu: “comme Ecolo”]

Si tu veux en savoir plus sur la Génération Éthique, et pour découvrir tout ce qu’Ecolo peut faire pour toi, rendez-vous sur … [suit une adresse Internet d’Ecolo]

Privacy included

Une promesse: pas de collecte ou de captation sauvage de données personnelles, pas de stockage et de réutilisation à des fins de constitution d’une base de données et de relance. “Notre but est de donner des informations, pas d’en recueillir”, insiste Margaux De Ré, responsable Web et réseaux sociaux chez Ecolo.

Seules les données publiques que chaque utilisateur autorise sur Facebook Messenger seront “visibles”.

Ceci n’est qu’une mise en jambe…

Première remarque: en fait de “dialogue”, le chatbot Cleo ne permet encore d’interagir qu’en cliquant sur l’une des deux options possibles pour chaque réponse. Si vous tentez un petit commentaire textuel, c’est rapé. Le bot vous rétorque “je ne comprends pas”. Sans doute, les prochaines versions permettront-elles d’améliorer les choses et d’éviter la frustration qui pourrait découler du périmètre restreint actuel…

La forme initiale sous laquelle se manifeste Cleo – pour un test de personnalité ludique et inoffensif – est destinée à nouer le contact. “Nous avons à tout prix voulu éviter d’en faire quelque chose de rébarbatif. Voilà pourquoi, on n’y trouve pas des questions sur les convictions de chacun, ses positions vis-à-vis des thèmes défendus par Ecolo”, explique Margaux De Ré.

La prochaine étape, par contre, consistera à adopter des accents plus politiques, afin de “permettre aux gens de découvrir les positions et propositions d’Ecolo mais aussi de fournir aux citoyens des informations générales sur les élections. Par exemple, le droit de vote des étrangers lors des communales.”

Entre-temps, la base de données des questions et réponses sera étoffée. Par souci de souplesse, à cet égard, le choix posé au départ fut de ne pas opter pour un chatbot prêt-à-l’emploi, “aux fonctionnalités forcément limitées et n’offrant pas de grande marge de manoeuvre”. Il s’appuie par contre sur le service NLP Dialogflow de Google.

Un développement NextMoov

Pour développer son bot, le parti s’est tourné vers l’agence NextMoov, l’agence digitale lancée l’année dernière par Thomas Hermine et Margaux De Ré, précédemment initiateurs de la start-up et de l’appli de mobilité NextRide (anciennement ProchainBus).

Aujourd’hui, Margaux De Ré est donc devenue responsable Web et réseaux sociaux chez Ecolo, ne consacrant plus guère de temps à d’autres tâches (notamment du côté de NextMoov). Mais c’est bien Thomas Hermine et son collègue Mathieu Delvaux, diplômé de la Haute Ecole Albert Jacquard, qui ont conçu Cleo.

Deux mots sur NextMoov. Après un an d’existence, l’agence élargit ses horizons. Créée en vue de développer des solutions de mobilité de nouvelle génération pour les opérateurs de transport et de mobilité, qu’ils soient privés ou publics, traditionnels ou non, NextMoov “veut désormais devenir une agence digitale un rien plus classique, pour laquelle la mobilité reste certes une spécialité mais n’est plus la seule cible”, explique Thomas Hermine. “Par contre, nous ne serons jamais une agence qui développerait des sites Internet, par exemple. Nous restons concentrés sur les projets et technologies de pointe – chatbots, solutions et supports mobiles et, demain sans doute, la réalité augmentée.”

La petite start-up compte actuellement deux associés à temps plein – Thomas Hermine et Mathieu Delvaux – et s’appuie sur quelque 10 freelances.