Claroline Connect: le LMS belge qui séduit surtout en France

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Par · 08/12/2017

Comme l’équipe de développement, emmenée par Laurent Gruber, en a pris l’habitude, Claroline Connect, solution LMS (learning management system) en open source d’origine belge, s’apprête à accueillir quelques fonctionnalités nouvelles à la faveur de la sortie de sa prochaine version (en janvier 2018).

La gestion des utilisateurs sera notamment améliorée ainsi que la gestion des évaluations (travail des étudiants, travail en groupe, ajouts de nouveaux membres aux groupes…).

Après l’important travail de refonte du LMS pour dissocier back-end (Symfony) et front-end (React) et autoriser ainsi une plus grande souplesse d’évolution, les équipes de développement (essentiellement belges et françaises) continuent d’ajouter, brique par brique, de nouveaux éléments fonctionnels et, surtout, de progresser vers une future version qui permettra une utilisation complète en mode déconnecté.

Autre nouveauté récente: la traduction de l’outil en néerlandais. Claroline existait déjà en anglais et espagnol. De premières étapes de traduction en allemand et italien ont également été entreprises.

Pour ce qui est des utilisateurs, ils sont de plus en plus de nationalité française, tant dans le monde de l’enseignement que de la formation au sens plus large du terme (associations, entreprises…).

Laurent Gruber: “La démarche, en France, pour de nouveaux développements et leur financement est bien plus proactive qu’en Belgique.”

Quelques noms de convertis français au LMS Claroline? Les Greta (Groupements d’Etablissements publics locaux d’enseignement), qui, dans chaque département, organisent des formations continues pour adultes dans un largé éventail de métiers ; les Maisons familiales rurales ; l’Institut national du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui forme notamment les inspecteurs du travail, les agents du Ministère du Travail ou encore propose des formations dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail via des sessions et contenus gérés par Claroline Connect.

Pour la rentrée, l’Université de Lyon a, quant à elle, basculé l’ensemble de ses cours en mode e-learning sur Claroline Connect. Soit une communauté d’utilisateurs se chiffrant à environ 40.000. Avec une utilisation quotidienne intensive puisque l’université annonce plus de 20.000 accès par jour.

La France, elle encore, est un puissant ambassadeur de Claroline via l’Agence pour l’Ecole française à l’Etranger qui a recours au LMS pour les innombrables écoles françaises implantées à travers le monde. Le réseau compte pas moins de 492 établissements scolaires, dans 137 pays, qui desservent une population scolaire de 350.000 élèves.

Du CEB à la pharmacie

En Belgique, en dehors du monde de l’enseignement qui est loin d’être son premier fan, on peut citer les noms de :

  • l’AEI (Agence pour l’Entreprise et l’Innovation) qui a développé une plate-forme destinée aux “enseignants entreprenants” ; elearning.aei.be propose un ensemble de formations continuées pour les enseignants qui donnent des cours de promotion de l’entrepreneuriat ; la plate-forme sert à la fois à la diffusion des séances de formation qu’à l’inscription des professeurs, à la gestion des inscriptions aux divers événements en présentiel, à la gestion et à l’échange de documents, à l’échange d’expériences entre enseignants
  • l’Union des Villes et Communes Wallonnes, pour les formations des mandataires à des sujets touchant à leurs fonctions
  • encore la SSPF (Société Scientifique des Pharmaciens Francophones) qui utilise Claroline pour proposer des formations tant à des sujets touchant à la santé qu’à des compétences opérationnelles (accueil du client en officine…).

Au premier semestre, l’équipe de Claroline avait développé une solution spécifique – “CEB malin” – en vue de la préparation des 6ème primaires au CEB (catégorie français, mathématiques, éveil).

“C’était l’occasion pour nous de mettre en avant l’une des fonctionnalités que nous avons récemment rendue plus simple et conviviale, à savoir la création d’exercices. La nouvelle interface permet à l’enseignant de créer un nouvel exercice en quelques minutes. Cela permet de n’afficher que l’essentiel, une QFC par exemple, mais avec la possibilité d’ajouter tout une série d’options plus spécifiques ou personnalisées”, souligne Laurent Gruber.

Le bilan de la petite opération de promotion CEB by Claroline n’a pas encore été tiré. Mais l’équipe pourrait s’en servir pour repartir à l’assaut des décideurs institutionnels afin de prouver l’utilité de la solution…

Le poids de la France

Dès le début, en 2001, Claroline, né de développements au sein de l’UCL, a attiré l’attention d’utilisateurs français mais le poids et l’influence de notre voisin se sont sensiblement accentués lors du mariage intervenu fin 2012 entre Claroline et son homologue Spiral Connect, plate-forme d’enseignement en-ligne développée à l’Université de Lyon I.

Le support de la Communauté française de Belgique à l’initiative locale n’a jamais été enthousiaste et volontariste. Nous nous en sommes faits à plusieurs fois l’écho, relayant les espoirs déçus de l’équipe de Claroline. Aujourd’hui, les relations sont toujours aussi tièdes avec les autorités locales et l’intérêt marqué pour ce LMS belge reste souvent théorique, les organismes, tant publics que privés, montrant nettement moins d’entrain que leurs voisins français à dégager des ressources humaines et, surtout, des financements pour supporter les nouveaux développements.

Pour enclencher une véritable démarche commerciale proactive qui pourrait étendre les horizons de la solution, il faudra sans doute trouver de nouveaux financements.

Dans ces conditions, les responsables du consortium – Laurent Gruber en tête – n’ont pas encore enclenché de véritable démarche commerciale proactive. Il faudrait, pour ce faire, trouver quelques financements pour renforcer l’équipe. Et un investisseur qui respecte l’esprit du consortium – à savoir, favoriser avant tout de nouvelles formes d’enseignement plutôt que de viser des rentrées juteuses – ne se trouve pas à tous les coins de rue. Laurent Gruber, toutefois, ne rejette pas l’idée de reprendre un jour son bâton de pèlerin pour aller frapper à certaines portes…

Passer ce cap supplémentaire serait pourtant sans doute nécessaire pour mettre Claroline davantage sur la carte internationale des LMS. Et pour lui donner les moyens de développer l’infrastructure d’hébergement de l’AISBL créée voici deux ans afin de prester divers services (hébergement, support, formation des utilisateurs…)

“L’infrastructure centrale de Claroline héberge pour l’instant une septantaine de plates-formes d’e-learning d’utilisateurs”, indique Philippe Mercenier, ancien directeur de Claroline, aujourd’hui à la retraite mais toujours impliqué dans l’initiative. “Les universités de Lyon et de Saint-Etienne, elles, assurent elles-mêmes leur propre hébergement. Mais, de notre côté, parmi les quelques 70 environnements hébergés, il s’en trouve quelques-uns qui ont la capacité à desservir plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs.”