NSI rachète Open Belgium

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Par · 23/11/2017

NSI IT Software & Services vient de donner un sérieux coup d’accélérateur à sa stratégie de croissance en reprenant l’antenne locale du groupe Open. Une sorte de retour aux sources puisque Open Belgium, entité du groupe français Open, était né de l’acquisition en 2008 de Sylis, société qui avait elle-même débarqué en Belgique dix ans plus tôt à la faveur du rachat d’IBT (Informatique Bureautique Télématique), membre à l’époque du groupe Cockerill Sambre.

A noter, toujours pour ceux d’entre vous qu’un rien de spéléo IT ne rebute pas, que le nom de Sylis avait disparu au profit du patronyme Open lors de la fusion avec Teamlog.

Fermons ici cette parenthèse historique pour souligner d’emblée que l’opération d’acquisition ne porte que sur la seule entité belge. Open Luxembourg reste en effet entre les mains du groupe français mais l’acquisition de l’entité belge aura éventuellement quelques “effets de bord” au Grand-Duché (voire notre note de bas de page).

Toutefois, l’acquisition de la filiale belge devrait apporter à NSI des leviers nouveaux lui permettant de développer davantage ses activités au Grand-Duché où il était jusqu’il y a peu présent essentiellement via Multidata, rachetée en 2011. Il vient toutefois d’y ouvrir une nouvelle antenne (baptisée NSI Luxembourg).

Multidata continuera de viser essentiellement une clientèle de PME. NSI Luxembourg, elle, s’adresse surtout aux grands comptes et se concentrera davantage sur une clientèle basée sur le territoire de la ville de Luxembourg.

Pourquoi cette acquisition?

Elle-même membre du groupe Cegeka (qui en détient 66%, le solde étant entre les mains de Meusinvest), NSI IT Software & Services a enregistré ces dernières années une croissance non négligeable, tant sur base organique que via quelques acquisitions (voir NSI en faits chiffres en fin d’article). En l’espace de 6 ans, les effectifs sont par exemple passé de 190 unités à plus de 500.

L’opportunité qui lui a été donnée de racheter Open Belgium l’intéressait en raison d’une certaine complémentarité des deux sociétés. Si, en termes d’activités métier et de compétences technologiques, les deux sociétés affichent plutôt des similarités (consultance, développement d’applications, gestion d’infrastructure), les clientèles en portefeuille de part et d’autre ne devraient pas provoquer de phagocytage malencontreux.

Jean-Louis Rampen: jouer sur “l’effet boule de neige: la progression en taille rend le recrutement plus facile, l’entreprise grandit, gagne en compétences et séduit plus aisément de plus gros clients.”

Côté secteur public, la présence de NSI dans la sphère régionale wallonne trouve un complément plutôt intéressant du côté d’Open, davantage présente en terre fédérale.

Parmi les donneurs d’ordre porteurs de revenus et de perspectives contractuelles, on relève notamment le SPF Justice et ses intentions de déployer dans d’autres juridictions des solutions de numérisation de la justice, destinées dans un premier temps aux Tribunaux de Police, Parquets de police et Justices de Paix.

De même, côté privé, Open Belgium comptait dans son escarcelle davantage de grands comptes bruxellois.

Pour NSI, le but premier de l’acquisition était d’atteindre une plus grande taille critique, apte à séduire des clients de plus grande taille et à lui faire décrocher des projets de plus grande envergure. “Pour une même somme d’efforts en avant-vente, des projets à 2 millions sont évidemment plus intéressants que des projets à 500.000 euros”, indique Manuel Pallage, co-directeur général de NSI IT Software & Services et qui prend les rênes de la nouvelle “NSI-Open”.

“La taille a en outre un effet direct sur l’attractivité d’une société en termes de ressources humaines. C’est l’effet boule de neige: la progression en taille rend le recrutement plus facile, l’entreprise grandit, gagne en compétences et séduit plus aisément de plus gros clients”, ajoute Jean-Louis Rampen, administrateur-délégué de la société.

Ce qui ne veut pas dire que la société va se recentrer exclusivement sur des clients plus XXL – “ce serait un non-sens au vu du tissu économique belge francophone… Et nous ne voulons pas commettre l’erreur que font certains grands groupes en misant tout, ou presque, sur les grands comptes”, commente Jean-Louis Rampen.

NSI veut en outre conserver un équilibre quasi parfait (en chiffres) entre clientèle privée et publique (l’acquisition d’Open Belgium, à cet égard, ne vient pas perturber la chose). “Nous voulons préserver cet équilibre parce que cela permet de résister aux fluctuations tectoniques du marché”, affirme Manuel Pallage. Jusqu’ici, une mauvaise passe dans le secteur privé a toujours été compensée par des projets et budgets publics. Et vice versa… Même lors du trou d’air macro-économique de 2008…

4 activités

Le portefeuille d’activités de NSI se compose de 4 grands chapitres:

  • des projets ERP (Microsoft Dynamics) pour des clients privés (PME ou grandes entreprises) – “ce marché se porte bien et ne décélère pas”
  • Manuel Pallage (NSI): “ “Nous voulons préserver l’équilibre privé-public parce que cela permet de résister aux fluctuations tectoniques du marché”

    du développement applicatif (Java et .Net) selon des méthodes Agile et en mode projet au forfait – “c’est notre ADN et l’acquisition d’Open Belgium vient encore renforcer cet axe qui connaît une croissance moyenne de 10%”

  • des projets de déploiement et de gestion d’infrastructures – sur site ou dans le cloud: “nous gardons volontairement ces deux approches. Ces trois dernières années, nous n’avons jamais vendu autant de matériels, en dépit du discours ambiant en faveur du cloud
  • services professionnels: “cette activité de consultance, d’audit, d’analyse de projets… est en forte progression, notamment du fait que les entreprises hésitent ou ont des difficultés à recruter et à garder ce type de profils. Elles préfèrent en outre déléguer la chose à un tiers si cela ne correspond pas étroitement à leur coeur de métier.”

Comment NSI explique-t-elle que ses activités de déploiement d’infrastructures continuent de progresser à l’heure où le seul discours “politiquement correct” semble être le cloud? “Le marché des infrastructures sur site, en soi, n’est peut-être pas en progression mais le fait que d’autres sociétés l’aient délaissé au profit d’une approche cloud nous ménage de nouvelles opportunités”, raisonne Jean-Louis Rampen.

“Nous ne négligeons évidemment pas le cloud”, embraye Manuel Pallage. “Nous avons déployé notre propre infrastructure, via un partenariat avec WIN, de quoi pouvoir proposer du cloud sur mesure.” – relire notre article à propos de cette offre de cloud public.

Il y a en outre certains domaines où garder son infrastructure en interne semble être, pour certaines sociétés, une pratique indéboulonnable. “Lorsque l’on parle ERP, les entreprises préfèrent encore garder leurs données chez elles. Le marché n’est pas encore mûr pour de l’externalisation.

Dans le secteur public, l’élément qui joue aussi est celui de la territorialité. Par ailleurs, à la veille de la mise en oeuvre du GDPR, le tout au cloud n’est sans doute pas le meilleur discours. Les entreprises s’interrogent sur la manière dont elles pourraient apporter les garanties nécessaires si leurs données sont dans un cloud public…”

A ces quatre activités s’ajoutent encore quelques “centres de compétences”. Thématiques: Sharepoint, Drupal, Jira, Jahia mais aussi blockchain. Dans ce dernier domaine, “la demande vient désormais spontanément du marché et pas uniquement du monde financier. Nous avons décidé d’internaliser ces compétences afin d’être prêts à répondre à la demande.”

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La fusion en faits et chiffres

Effectifs: 510 personnes en Belgique, 45 au Grand-Duché de Luxembourg.

Quelque 90 personnes viennent des rangs d’Open Belgium. Une autre acquisition, de moindre ampleur, devrait être finalisée avant la fin de l’année, ce qui porterait l’effectif belge au-delà des 600 unités.

Chiffre d’affaires 2016: 46,7 millions d’euros. Chiffre d’affaires estimé pour 2017: 50,3 millions.

Progression espérée pour 2018: “5% hors effets liés à l’acquisition; contribution de l’acquisition: de l’ordre de 10 millions d’euros”.

A noter que NSI rachète une société qui, en Belgique, était en perte de vitesse. La “bonne affaire” pourrait-elle avoir un goût amer? “La décroissance récente d’Open Belgique s’explique par un manque de connaissance des spécificités du marché local dans le chef de la maison-mère française”, estime Manuel Pallage. “Le marché, les clients, les usages sont différents en Belgique. Paris n’en a pas suffisamment tenu compte…” Il y avait également, à ses yeux, un manque de pouvoir décisionnel au niveau local.

Sites d’implantation de NSI: Awans (près de Liège, qui accueillera bientôt les “transfuges” d’Open Belgium jusqu’ici basés à Herstal), Braine-l’Alleud ainsi que le site d’Open Belgium à Bruxelles.

Ajoutons encore que si Open Luxembourg demeure entre les mains du groupe français, l’acquisition de la filiale belge sera éventuellement un argument que NSI fera valoir au Grand-Duché auprès d’une clientèle plus corporate. Jusqu’il y a peu présent, la société était surtout présente au Luxembourg via Multidata, rachetée en 2011. Elle vient toutefois d’y ouvrir une nouvelle antenne (baptisée NSI Luxembourg).

Multidata continuera de viser essentiellement une clientèle de PME. NSI Luxembourg, elle, s’adresse surtout aux grands comptes et se concentrera davantage sur une clientèle basée sur le territoire de la ville de Luxembourg.  [ Retour au texte ]