CoderDojo Wallonie: démarrage en janvier 2018?

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Par · 17/11/2017

Récemment, nous avons consacré un article à l’évolution à la fois synchrone et différenciatrice de deux organismes qui se proposent de promouvoir l’apprentissage de connaissances en  programmation auprès des plus jeunes (7-18 ans). Relire notre article “CoderDojo & Kodo Wallonie: “non, nous ne sommes pas redondants”)

Focus, cette fois, sur ce qui se prépare spécifiquement du côté de CoderDojo et de sa branche francophone, jusqu’ici malingre, peu active. Une section qu’un manque de moyens – tant financiers qu’humains – n’avait pas permis à Céline Colas de développer suffisamment. Alors qu’elle poursuit ses efforts sous le pavillon Kodo Wallonie, CoderDojo ambitionne de son côté un réel démarrage en terre wallonne à partir de 2018.

Sa “marraine” sera Muriel De Lathouwer, CEO d’EVS, mais elle n’en sera pas la cheville ouvrière au quotidien. Voici ce qu’elle nous en dit…

Paysage contrasté

Nous l’avions expliqué dans notre précédent article, ce qui manquait jusqu’ici aux actions CoderDojo, côté wallon, c’était des moyens et un cadre structurés.

Des implantations essentiellement au nord du pays…

Le budget alloué voici peu par le ministre de l’Economie, du Numérique et de la Formation, Pierre-Yves Jeholet, devrait permettre de promouvoir l’initiative et de financer une cellule de deux personnes qui se consacre au moins à mi-temps au recrutement d’animateurs (bénévoles) qui essaimeront des clubs CoderDojo à travers le territoire wallon et organiseront régulièrement des ateliers de sensibilisation et de formation.

La Flandre et, dans une moindre mesure, Bruxelles bénéficiaient déjà de ce cadre structurel. Et ce, depuis 2013, année de lancement de l’initiative (d’origine irlandaise) CoderDojo en Belgique. Côté flamand, les fonds nécessaires viennent essentiellement du privé (voir note de bas de page).

Cela avait permis à une septantaine de clubs CoderDojo de voir le jour. Côté wallon, le club de Waterloo se sentait jusqu’ici bien isolé…

On recrute…

Quels types de bénévoles CoderDojo Wallonie compte-t-il recruter? Et comment l’organisation va-t-elle procéder?

Les personnes recherchées doivent très logiquement avoir des compétences (ou connaissances) en IT mais pas forcément uniquement en programmation. La quête de ces bénévoles se fera donc auprès d’entreprises actives dans l’IT et le numérique, lors de conférences, de salons… “En Flandre”, souligne Muriel De Lathouwer, “c’est l’action de Martine Tempels [Ndlr: vice-présidente de Telenet Business et membre de la plate-forme STEM flamande] qui a été décisive. La structure professionnelle et focalisée qui a été mise en place a permis d’attirer des bénévoles. Martine Tempels a activé son réseau, ouvert des portes…”

Muriel De Lathouwer: “L’intention a toujours été de développer des activités en Wallonie mais il manquait un relais.”

La patronne d’EVS compte bien faire de même du côté francophone. Mais ce ne sera pas elle qui dirigera l’équipe au quotidien: “il faut un community manager qui soit opérationnel à temps partiel, secondé par un administrateur.”

Une annonce de recrutement pour identifier ce (ou cette) community manager a été publiée sur LinkedIn. Vous pouvez découvrir les paramètres du profil recherché via ce lien.

Petit aperçu de ce qu’on attend de lui (ou d’elle): “En tant que Community Lead, vous êtes responsable du développement et du suivi des activités quotidiennes de l’asbl CoderDojo en Wallonie. Votre mission est d’y créer une communauté pour tous les acteurs de CoderDojo (bénévoles, parents, partenaires) mais également de coordonner les intervenants et l’organisation d’événements. Pour ce faire, vous travaillez en collaboration avec les bénévoles, la Fondation CoderDojo (Irlande), des partenaires et des sponsors.

Il s’agit d’une fonction à temps partiel sous statut d’indépendant. Le Community Lead sera régulièrement amené à travailler durant les week-ends (déroulement des clubs CoderDojo).”

Une ambassadrice emblématique

Tout comme Martine Tempels en Flandre, Muriel De Lathouwer jouera donc les ambassadrices. “Mon rôle consiste à faire connaître l’initiative, à faire s’ouvrir des portes, à activer mon réseau.” Autrement dit, ses collègues patron(ne)s d’entreprise. Mais ce ne sont pas les CEO qui sont la principale cible à convaincre et à embrigader. L’idée est de demander aux dirigeants d’ouvrir à Mme l’Ambassadrice CoderDojo et aux deux personnes qui seront des permanents pour l’organisation les portes de leur entreprise, de leur permettre d’entrer en contact avec les collaborateurs. “Le community manager devra toucher directement les collaborateurs pour les convaincre de devenir bénévoles. Ces derniers, eux aussi, serviront de relais pour en activer d’autres.”

Combien de clubs CoderDojo en Wallonie?

Waterloo et Mons sont les premiers de cordée. Sans oublier des têtes de pont à Liège et Charleroi. Le maillage du réseau dépendra du nombre et de la localisation (ou de la mobilité) des bénévoles qui seront recrutés. “En Flandre”, souligne Muriel De Lathouwer, “on a pu constater que dès qu’il y a des bénévoles disponibles, le club arrive rapidement à saturation, tant la demande est grande. Les clubs se dédoublent alors, dès l’instant où de nouveaux bénévoles sont trouvés.”

En Flandre, la moyenne est d’environ un coach pour 4 ou 5 enfants, dans les catégories d’âge les plus jeunes, et d’un coach pour 2 enfants, pour les plus âgés. En tout, quelque 500 volontaires sont à l’oeuvre pour la bonne septantaine de clubs.

A noter qu’on n’obtient pas forcément d’office son passeport “coach CoderDojo”. Une formation, en mode bootcamp, est organisée au départ, histoire de découvrir les activités, le type de compétences à déployer, apprendre quelques ficelles des bénévoles déjà actifs…

Quelles formations ou quel encadrement des enfants sont attendus de la part des bénévoles? Pour les plus petits, découverte du langage de programmation Scratch, apprentissage des bases de la logique et de l’algorithmique. Pour les enfants un rien plus âgés, des animations. “Pas de cours ou de leçons à proprement parler, mais du travail sur projet, sur ce qui les intéresse. Par exemple, le développement de jeux, d’applis, la découverte de la robotique…

L’esprit de CoderDojo est de faire en sorte que les enfants se coachent mutuellement. C’est le principe de l’entraide. On va voir auprès du voisin comment il a résolu tel ou tel défi. Et cela marche merveilleusement bien, tant les enfants aiment présenter ce qu’ils ont fait.”

Où les clubs s’implanteront-ils, physiquement? L’une des pistes possibles est celle des EPN (espaces publics numériques). Mais il pourrait aussi s’agir d’autres lieux publics, tels que des bibliothèques. “Des lieux publics neutres, ou qui disposent de ressources IT”, déclare Muriel De Lathouwer. A noter que le club de Mons (qui a décidé de rejoindre l’organisation CoderDojo plutôt que de continuer avec l’équipe de Céline Colas) a trouvé ses quartiers… au Microsoft Innovation Center.

De quoi vivra CoderDojo Wallonie? Au-delà du subside public [budget annuel promis: 150.000 euros] et de la bonne volonté des bénévoles, la section wallonne en appellera aux entreprises pour du matériel et du logiciel.

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Côté flamand, CoderDojo est essentiellement financé par des sponsors privés (le budget vient pour une bonne partie de Telenet) mais l’organisation bénéficie, au nord du pays également, de subsides publics… tant fédéraux (via le Digital Belgium Skills Fund) que purement flamands (département Jeunesse et département Economie, Science et Innovation).  [ Retour au texte ]