NINO 2017: virage vers une cible plus professionnelle

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Par · 09/10/2017

Pour sa 4ème édition, le NINO, le salon de l’innovation que la Ville de Namur et l’UNamur organisent conjointement, a choisi le numérique comme thématique majeure et, de manière toute aussi importante, a décidé de s’orienter prioritairement vers un public de professionnels et d’étudiants, là où, jusqu’à présent, la cible était davantage le grand public.

Pourquoi cette réorientation? Les premières éditions auraient-elles déçu? La réalité est plus nuancée.

Luc Gennart, échevin du Développement économique de Namur: “Nous avons décidé de recentrer le salon vers les étudiants et les professionnels parce que les trois premières éditions nous ont démontré l’utilité du réseautage, notamment entre exposants et orateurs participants. Ils ont ainsi pu nouer des rencontres fructueuses mais nous ont aussi fait remarquer que le temps dédié à ces rencontres était trop court.”

Par ailleurs, ce qu’on pourrait qualifier de ROI (retour d’investissement sur le temps et les efforts déployés) fut jugé insuffisant par les exposants et conférenciers. “Lors des journées grand public des trois premières éditions, nous avons certes attiré le grand public mais les visiteurs étaient souvent essentiel des passionnés.” Autrement dit, des personnes qui sont déjà des convaincues et des converties. Le côté promotion et sensibilisation à l’innovation manquait donc une cible plus large…

“Le NINO se veut une vitrine des compétences, une interface entre les compétences, académiques notamment, et les besoins de la société civile.”

Si le NINO effectue un virage vers un public académique et entrepreneurial, il n’en renie pas pour autant ses racines grand public. Ce dernier sera le bienvenu lors de l’événement 2017 – tant dans l’espace expo qu’aux conférences.

Et l’objectif est toujours de favoriser un “mélange des genres”, comme le souligne Luc Gennart. “Le NINO se veut une vitrine des compétences, une interface entre les compétences, académiques notamment, et les besoins de la société civile.”

Bilan des 3 premières éditions

Même si les temps réservés au réseautage ont été jugés trop courts, les rencontres qui se sont faites lors du salon ont eu leur petit effet pour certains participants. Luc Gennart cite plusieurs exemples.

“C’est lors de la première édition que Vigo Universal s’est rendu compte qu’il serait intéressant d’ouvrir l’impression 3D au grand public. C’est de là que lui est venu l’idée d’ouvrir son Replication Center.

Autre exemple: une société de filtrage d’eau a identifié un débouché du côté de l’Horeca, pour des pompes de débit d’eau pétillante. Et l’idée a poursuivi son petit chemin dans le sens des objets connectés. Avec des conseils orientés e-santé. Du genre: avez-vous bu assez d’eau aujourd’hui…

Des géomaticiens se sont également croisés lors du salon et ont décidé de travailler ensemble.”

Luc Gennart (Ville de Namur): “Le NINO a parfois provoqué des changements de modèle économique pour certaines sociétés, ou a permis à d’autres d’éclore.”

Il y a même eu des retombées pour les propres services administratifs de la Ville. “J’avais incité les collaborateurs du service voirie à expliquer au grand public les outils informatiques qu’ils utilisent pour leurs interventions.

A rebours, un projet a vu le jour et a débouché sur le développement d’un logiciel de gestion de l’occupation du domaine public, qui croise des données venant des services Sports, Marchés, Police…”

Un programme plus pro

Pour privilégier les échanges entre étudiants, chercheurs et entrepreneurs, le programme de l’édition 2017 a donc été adapté et comporte un important volet B2B.

Les organisateurs ont veillé à susciter autant que possible les rencontres et échanges entre participants. Dès le matin de la première journée, un créneau a été réservé pour que tous les exposants puissent se présenter (via un petit “pitch”) à leurs collègues.

En soirée, c’est à un petit exercice de speed dating qu’exposants et visiteurs professionnels sont invités. Pendant le repas, au gré des trois services, les tables deviendront des cercles de discussion (avec attribution des places). Tout le monde changera de tablée toutes les 20 minutes.

Côté salon, un espace B2B accueillera des démos de technologies afin d’illustrer leur impact sur la transformation des métiers. Un autre espace, ouvert au grand public (l’Open Nino), fera de même avec des applications plus orientées citoyens ou jeunes générations.

Le programme des conférences proprement dit, concocté en collaboration avec l’équipe de l’ADRE (Administration de la Recherche) de l’UNamur, a lui aussi pris une coloration nettement plus professionnelle que lors des éditions précédentes.

Exemples?

  • “les nouveaux moyens de communication pour les entreprises”
  • “industrie 4.0 et robotique”.

Le NINO sera aussi l’occasion de présenter le nouveau centre d’expertise NaDI (Namur Digital Institute). Ce nouvel institut a été lancé afin d’encourager et d’amplifier les collaborations interdisciplinaires des chercheurs des différents instituts existants afin de faire émerger une réflexion plus riche sur quelques grandes thématiques qui traversent le numérique: big data, intelligence artificielle, sécurité et vie privée, économie collaborative…

Les thématiques sur lesquelles plancheront les chercheurs seront proposées tant par eux que, potentiellement, par des entreprises. Les croisements de visions se feront essentiellement sous l’angle technologique, juridique, sociétal, sociologique et organisationnel. A terme, l’UNamur ne désespère pas d’y ajouter des dimensions plus directement économiques.

“Comprendre l’impact social et économique des nouvelles technologies est un défi majeur”, reconnaît-on à l’ADRE. “Mais le problème en la matière est un manque de moyens. On manque de financement industriel pour ce genre de problématique, par exemple l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Et le financement public fait également défaut… Or, c’est aussi le rôle de l’université d’accompagner les entreprises sur la manière de redéfinir les métiers.”

Ajoutons encore que plusieurs sessions du NINO, estampillées académiques, seront néanmoins ouvertes au grand public. Notamment une conférence “Les Wallons du Web” et une autre dédiée à “la révolution numérique au quotidien”, avec la participation de Pierre Rion, président du Conseil numérique de Wallonie.

La totalité du programme, détaillé, peut être consulté via ce lien.

Positionner la ville

Pour la ville de Namur, NINO a pour vocation première d’être un outil de visibilité, voire d’attractivité, et un instrument de positionnement.

Le futur site Espace Confluence, sur le site actuel du Grognon

La ville veut en effet mieux se faire connaître comme terre d’accueil et pépinière de projets numériques, qu’ils soient impulsés par le privé ou par le monde académique. “Nous n’avons pas un passé industriel”, rappelle Naji Habra, recteur de l’UNamur. “Nous sommes avant tout une ville de services qui doit donc miser sur l’innovation et le numérique.”

NINO, soulignent ses parrains, s’inscrit en complément d’initiatives telles que le TRAKK (hub créatif namurois), le KIKK Festival, le Confluent des Savoirs, l’espace Confluence (qui accueillera à terme un pavillon numérique).

Si le public attendu, d’un point de vue géographique, est surtout celui se situant dans un rayon relativement étroit autour de Namur, l’espoir est aussi d’avoir un certain rayonnement territorial, voire d’attirer un public étranger. Jusqu’ici, ce dernier s’est largement limité à quelques visiteurs français. Cette année, en raison de l’agenda choisi – en même temps que la Semaine (wallonne) de la créativité et, surtout, juste avant le KIKK Festival -, l’espoir est que les visiteurs étrangers feront également un passage au NINO.