e-Peas décroche son passeport (financier) pour la phase d’industrialisation

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Par · 21/09/2017

Dès l’année dernière, lors d’un financement intermédiaire consenti par le fonds BelInvest de Pierre L’Hoest et le fonds public WING (voir la note en fin d’article), la start-up e-Peas, spin-off de l’UCL, avait annoncé la couleur. Pour financer la phase de mise en production de son premier produit – un un récupérateur d’énergie qui résout le problème d’autonomie de capteurs sans-fil en tous genres, il lui faudrait trouver des capitaux assez conséquents. La jeune pousse parlait alors d’un budget de 3 à 6 millions d’euros.

Ce financement, e-Peas a réussi à le trouver auprès de 6 investisseurs: Partech Ventures, Semtech, Airbus Ventures, WING (SRIW), le fonds Vives 2 de la Sopartec et JC Decaux Holding.

The Faktory reste résolument à bord, même si, financièrement, sa participation active s’arrête là (“nous n’avons pas les moyens en tant qu’intervenant seed et pre-seed de suivre ce genre de tour de table”) et poursuivra son travail d’accompagnement.

Simon Alexandre (The Faktory): “Notre rôle demeure un accompagnement de proximité à la société. Notre rôle, en phase de seed et pre-seed a été essentiellement de structurer la société afin de lui permettre de convaincre des partenaires spécialisés de monter à bord.”

Hauteur des fonds récoltés: 3 millions d’euros. Ils seront mis à profit pour une double finalité.

D’une part, renforcer l’équipe qui passera sans doute de 5 unités à une dizaine d’ici 6 mois. Premiers profils recherchés: développeur, responsable commercial et ingénieur design.

D’autre part, lancer la phase de production industrielle (en Chine) du récupérateur d’énergie qui se déclinera en outre sous de nouvelles variantes. Après sa capacité de récupération d’énergie d’origine photovoltaïque, il ajoutera des potentiels plus orientés vibrations et thermique.

“Après avoir signé de premiers contrats, portant sur des quantités encore modestes, des discussions sont en cours et à un stade avancé avec d’importants acteurs industriels. Et cela impliquera la production de volumes massifs”, souligne Simon Alexandre, directeur général de The Faktory.

Pas de noms à dévoiler à ce stade mais quelques indications sur les secteurs d’activités concernés. Entre autres, la logistique et la distribution.

“Pour de tels clients, l’“energy harvester” d’e-Peas est synonyme d’autonomie de leurs capteurs. Il rend leur équation économique possible.” Il cite en exemple un fabricant de robinets industriels, de ceux qui équipent les toilettes d’aéroports… “Ces robinets sont équipés de photocellules qui détectent la présence de la main et déclenchent le débit d’eau. Environ la moitié de ces capteurs sont câblés, le reste opère sans-fil et fonctionne donc sur batterie. La solution e-Peas s’amortit après un seul cycle de maintenance. Entre autres, parce qu’elle permet d’éviter de remplacer les batteries.”

Simon Alexandre salue l’arrivée de ces nouveaux actionnaires qui, pour certains, disposeront désormais d’un siège d’administrateur du conseil d’administration (les autres étant simplement des observateurs). “Ils injectent non seulement des moyens financiers conséquents mais certains d’entre eux, en particulier Semtech et Airbus Ventures, apportent aussi à e-Peas une forte expérience du domaine des semiconducteurs

Par ailleurs, la répartition des mises est assez équilibrée et est prometteuse dans la perspective des futurs tours de table.”

Dès à présent, en effet, la perspective de nouvelles levées de fonds est inscrite à l’agenda. La prochaine pourrait intervenir dans un délai de 12 à 18 mois, notamment pour financer les développements et la mise en production d’autres produits: microcontrôleurs, capteurs d’images faible consommation pour l’habitat et l’industrie…

En quête de nouvelles pépites

La recapitalisation de e-Peas intervient quelques mois après l’exit de Riiot Labs, autre start-up qui était dans le portefeuille de The Faktory, conceptrice d’un analyseur connecté d’eau de piscines et qui a été rachetée par l’espagnole Fluidra (les deux fondateurs de Riiott conservent toutefois une participation minoritaire de 20%). Petite précision encore: l’ancrage liégeois de Riiott n’est pas remis en question, la société opérant désormais comme entité de recherche et innovation pour le groupe.

La Faktory, nichée au Bois-Saint-Jean, dans les anciens bâtiments d’EVS…

L’incubateur accompagne pour l’instant 11 start-ups. Avec le “départ” de Riiott et la nouvelle étape entamée par e-Peas, il va se mettre en quête de nouveaux projets à accompagner et financer. “Nous avions un peu levé le pied, de ce point de vue-là, en 2016 pour pouvoir mieux nous concentrer sur certains projets qui étaient en phase cruciale d’évolution.” Ceci étant désormais fait, le “recrutement” peut redémarrer. Il se fera via le bouche-à-oreille, via des communications sur les réseaux sociaux et une visibilité que l’incubateur espère doper à l’avenir. Les deux “success stories” récentes devraient l’y aider…

Combien de nouveaux projets pourraient ainsi intégrer sa besace? “Deux ou trois, sans doute”, estime Simon Alexandre. “L’objectif de départ que s’était fixé Pierre L’Hoest était une moyenne de 4 nouveaux par an. Aujourd’hui, nous sommes à la recherche de bons projets, portées par des équipes motivées, qui ont clairement la hargne de réussir.”

Pas de thématique privilégiée (“ce serait risquer de passer à côté de beaux projets”), en dehors bien entendu de l’orientation industrielle, de la nature “disruptive” de la technologie et du potentiel de croissance de la solution sur un créneau bien identifié. Ces trois critères sont autant de fils rouges et de caractéristiques différenciatrices de l’action de The Faktory. Autre critère de choix qui pèsera dans la sélection: le potentiel de synergie entre les projets en portefeuille.

Les étapes de financement à ce jour

Création: fin 2014.

Positionnement: développement et production de microsystèmes destinés aux capteurs sans-fil qui pullulent à l’heure de l’Internet des Objets. Première gamme de produits: des récupérateurs d’énergie qui garantissent une alimentation ambiante, sans batterie à remplacer.

Investissement initial:

  • aide First Spin-Off
  • début 2015: 600.000 euros en 2 tranches, venus du fonds privé BelInvest (Pierre L’Hoest)
  • été 2016: prêt convertible de 500.000 euros, réparti à égalité entre W.IN.G et BelInvest
  • automne 2017: injection de 3 millions d’euros en capitaux. Partech Ventures, Semtech, Airbus Ventures, WING, Sopartec, JC Ducaux Holding.  [ Retour au texte ]