Quel numérique pour le nouveau gouvernement wallon?

Article
Par · 26/07/2017

Trop tôt pour déduire quoi que ce soit des déclarations d’intention qui figurent dans le texte, tout frais, de la nouvelle Déclaration de Politique Régionale wallonne, dégainée hier par le MR et le cdH. Il faudra laisser le temps à la nouvelle équipe gouvernementale de s’installer et aux différents ministres de présenter leurs projets et agenda. Mais que peut-on déjà dire des perspectives “nouvelles technologies et numérique” qu’esquisse l’équipe orange-bleue?

On en trouve quelques petites traces – pas énormément – dans le texte de la Déclaration de Politique Régionale (DPR). Dans l’ensemble, il semble qu’il doive y avoir continuité, même si certains termes laissent à penser que certaines inflexions ou réorientations sont à prévoir.

Voici ce qu’on en sait.

Numérique et enseignement. “Les efforts en matière d’équipement seront réorientés afin d’assurer en priorité un équipement minimal de base assurant a minima pour chaque classe un débit de connexion à internet performant et un dispositif de projection numérique.” Cela semble augurer d’un resserrement du cadre d’intervention financière du gouvernement. Tout ce qui est matériels et logiciels pourrait disparaître des enveloppes allouées depuis de nombreuses années pour financer l’équipement numérique des écoles. Ne resteraient apparemment – mais à confirmer – que la connectique Internet/haut débit (qui est d’ailleurs l’un des axes prioritaires du Plan du Numérique élaboré sous l’ancien gouvernement) et les “dispositifs de projection numérique”. Les TBI (tableaux blancs interactifs) seront-ils donc les seuls équipements financés? Le BYOD (bring your own device) deviendra-t-il la norme pour le reste, au risque de ne pas combler la fracture numérique subie par les familles n’ayant pas forcément le budget nécessaire?

Si la nouvelle majorité estime que ce serait du ressort de la Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est oublier un peu vite que la Région, pour suppléer aux moyens déficitaires de la Communauté française, avait justement tendance à se substituer à sa consoeur…

A suivre.

Equipement du territoire en haut débit

Cette autre priorité du Plan du Numérique, sous Marcourt, apparaît, brièvement, dans le texte de la nouvelle DPR. Par le biais d’un paragraphe consacré aux Zones d’Activités Economiques. Une réforme est annoncée en vue “d’en faire de véritables outils du redéploiement économique de la Wallonie”, en… “intégrant les enjeux de la révolution numérique notamment au travers de la fibre optique”. C’était là chose déjà préconisée et planifiée sous l’ancienne majorité. Les détails devaient en principe en être présentés à la rentrée. On attendra donc de voir ce qui changera éventuellement dans les priorités, agendas ou interventions…

Y aura-t-il, entre autres choses, renégociation, rebattage de cartes avec les opérateurs? Ce qu’en dit la DPR n’offre guère de lumières sur le comment: “les opérateurs de téléphonie mobile et de connexions à haut débit auront pour obligation de supprimer toutes zones blanches en territoires ruraux.”

Le texte devient carrément sibyllin dans d’autres chapitres. Notamment celui parlant des transports et de la mobilité. Que déduire en effet de cette phrase “Il sera analysé comment réguler et encadrer les nouvelles pratiques numériques de mobilité, notamment dans le secteur du transport de personnes”?

Start-ups numériques

De nouveaux outils d’aide devraient en principe voir le jour au profit des “jeunes entreprises innovantes dans le domaine du secteur numérique, du secteur de la santé et de l’économie durable”. Il est par exemple question de “mobiliser [davantage] l’épargne privée au profit des PME et des jeunes investisseurs sous forme du prêt “Coup de pouce”.

“Transformation numérique” des entreprises

Pas de détail ou un semblant de fil conducteur sur la méthode mais la “numérisation des entreprises” est citée comme étant l’un des leviers à exploiter pour “approfondir et optimaliser la politique des Pôles de compétitivité.”

Pour le reste – tout le reste, tous les dossiers entamés ou planifiés du Plan du Numérique -, mystère… Le texte de la DPR ne fait aucune promesse ou allusion de continuité ou de réalignement de certaines politiques. Open data? Smart cities/Smart region? Industrie “4.0”? Numérisation des services publics et de l’Administration? Promotion de la croissance et internationalisation des jeunes pousses numériques prometteuses? Rien ne transparaît. Il faudra donc encore patienter “quelque temps” pour en savoir plus.

Le Numérique disparaît des intitulés ministériels

Jean-Claude Marcourt était, jusqu’ici l’un des deux vice-présidents du gouvernement wallon, en charge du portefeuille à multiples volets Economie, Industrie, Innovation et Numérique – sans oublier ses responsabilités sur l’enseignement supérieur, à la Communauté française, qu’il garde d’ailleurs.

Pierre-Yves Jeholet (MR), nouveau ministre wallon de l’économie.

A la Région, il est remplacé par Pierre-Yves Jeholet, vice-président du gouvernement et ministre de l’Economie, l’Emploi et la formation.

C’est par lui que le nouveau gouvernement gagne, légèrement, en compacité puisqu’il cumulera les compétences Economie et Emploi (ainsi que la Formation), compétences précédemment réparties entre Jean-Claude Marcourt et Eliane Tillieux.

Par contre, l’emphase qui avait mise précédemment le Numérique, l’Industrie et l’Innovation passent à la trappe. A remarquer, comme on l’a vu plus haut, que le numérique n’apparaît que parcimonieusement dans le texte de la Déclaration de Politique Régionale.

Autre portefeuille où l’on retrouvera de plus en plus une dose de stratégie et de procédures numériques: la santé. Il échoit à Alda Greoli, déjà ministre de la Culture à la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui cumulera donc sa précédente casquette avec celle de ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des Chances et de la Fonction publique. Sans oublier celle de vice-présidente du gouvernement.

Elle s’installe en fait dans le fauteuil de Maxime Prévot qui était ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine, et qui a décidé de privilégier son mayorat à la Ville de Namur.

Ajoutons encore que toute politique ou décision en matière de modernisation (numérique) des Pouvoirs locaux sera désormais la responsabilité de Valérie De Bue, également en charge du Logement et des Infrastructures sportives.