InnoCherche: réseau de veille en “disruption numérique”

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Par · 21/06/2017

InnoCherche, “réseau de veille” en innovation actif depuis quelques années en France, débarque en Belgique. Une première réunion, à laquelle avaient été invités des “veilleurs” et clients potentiels, a été organisée, ce lundi, chez Solvay.

La raison d’être de ce réseau InnoCherche est d’“aider les dirigeants d’entreprise à anticiper l’impact et les potentiels de la disruption numérique sur leur business modèle et leur mode de management et les aider à passer à l’acte.”

Il s’agit en fait d’une association de professionnels, cadres dirigeants et consultants, actifs dans divers secteurs d’activités, qui se font collecteurs de tendances, passeurs de connaissances, accompagnateurs de transformation numérique pour d’autres entreprises.

Voici comment son fondateur, Bertrand Petit, explique la raison d’être de cette association: “Les entreprises sont confrontées aux défis du numérique mais ne sont pas nécessairement prêtes à l’aborder de manière pragmatique et efficace. Elles ne savent pas comment s’y prendre ou traitent le sujet par des initiatives sporadiques.

Ce qui compte, ce n’est pas la technologie en soi mais les nouveaux usages. Ce sont eux qui transforment le monde. Il est important, pour une entreprise, d’avoir une vision transverse sur tout ce qui se passe ou se prépare à travers tous les secteurs.

Le but d’InnoCherche est d’aider les dirigeants à imaginer l’avenir numérique de leur entreprise. Nous sommes là pour créer le déclic en amont, auprès de chefs d’entreprise qui ont souvent le nez dans le guidon. Pour leur faire prendre conscience qu’il est potentiellement essentiel pour eux d’adapter, dans leur secteur, une rupture technologique dont ils n’ont pas encore pris conscience mais qui s’est déjà manifestée ailleurs et qui peut être transposée utilement. Notre but est de les aider à passer à l’action, chose qui n’est pas possible s’ils ne sont pas accompagnés.”

Trois actions

Les services et activités d’InnoCherche s’organisent selon une démarche en trois étapes.

  • Veille transverse sur les innovations technologiques (lisez: telles qu’elles se produisent ou émergent dans les divers secteurs d’activités). “Nous observons, sur le terrain, les tendances, les nouveautés en termes de transversalité des usages, via des échanges avec des leaders et des précurseurs”. Cette veille passe notamment par des “voyages de veille”: CES pour les dernières innovations en réalité virtuelle ou Internet des Objets ; Israël pour la cybersécurité ; Inde pour l’“innovation frugale” ; Silicon Vally, Shenzhen, Chennai…
  • Décodage: “il s’agit d’expliquer les disruptions, les nouveaux modèles, les applications déroutantes, d’offrir aux dirigeants d’entreprise une grille de lecture” en faisant la synthèse des fruits de la veille, “de comprendre, via un nouveau prisme, ce que les innovations peuvent signifier pour leur secteur d’activité, leur entreprise, leur contexte, leur culture.”
  • Transposition: celle des usages, dans le contexte spécifique (sectoriel ou autre) de chaque entreprise “en ouvrant des perspectives de valeurs insoupçonnées”.

Actuellement, le réseau français InnoCherche compte quelque 150 “veilleurs” et une vingtaine d’“ambassadeurs”.

Les “veilleurs” sont des “gens conscients de l’importance de l’innovation technologique, avides d’innovation et qui désirent passer à l’action, pour du décodage et de la curation”, explique Bertrand Petit. “Ils contribuent à l’effort de tous et se nourrissent de la synthèse.”

Bertrand Petit: “Ce qui compte, ce n’est pas la technologie en soi mais les nouveaux usages. Ce sont eux qui transforment le monde. Il est important, pour une entreprise, d’avoir une vision transverse sur tout ce qui se passe ou se prépare à travers tous les secteurs.”

Un-tiers d’entre eux, dans l’état actuel des choses, sont des “cadres en repositionnement professionnel”. Autrement dit, des dirigeants d’entreprise ayant décidé de faire une pause carrière, ayant quitté leur entreprise ou désireux de réorienter leurs activités.

La majorité des veilleurs InnoCherche (deux-tiers de la cohorte française) sont des consultants indépendants. De par leur travail de veille pour le réseau et la “synthèse” qu’ils en dégagent via le travail des think tanks, notamment, ils dégagent de nouveaux acquis qu’ils peuvent exploiter dans le cadre de leurs propres activités de conseils.

Selon le modèle défini par InnoCherche, l’adhésion au réseau en tant que veilleur (et contributeur) est… payant. Chaque veilleur doit débourser une cotisation annuelle de 120 euros.

Les “ambassadeurs”, eux, sont des “super-veilleurs”. Par leur ancienneté et leur pratique, “ils maîtrisent pleinement la méthode et les outils du réseau, participent au comité de pilotage, contribuent à la préparation des “outils” de l’association (documents d’information, livres…)”, explique Jean-Christophe Myon, chargé de lancer InnoCherche en Belgique.

Surtout, eux seuls sont habilités à effectuer des missions auprès des dirigeants d’entreprises qui veulent aller au-delà de la simple veille et désirent en appeler aux services de conseil d’InnoCherche pour s’attaquer concrètement à la “transformation numérique” de leurs processus ou modèle d’affaires.

Ce sont donc les “ambassadeurs” qui se chargent du volet “transposition”, troisième axe de l’action InnoCherche. “Nous planifions des réunions avec le comité de direction de l’entreprise afin d’identifier leurs problématiques”, indique Jean-Christophe Myon. “Nous leur proposons une vision transverse et formulons des propositions les plus disruptives possibles. Une dizaine, généralement, avec pour but d’en voir si possible une ou deux mises en oeuvre. Nous accompagnons également les entreprises dans cette mise en oeuvre.”

InnoCherche propose trois niveaux d’accompagnement des dirigeants:

– niveau 1: accès aux publications d’InnoCherche, restitution des travaux du réseau au sein de l’entreprise, participation aux think tanks

– niveau 2 : participation aux voyages de veille, organisation de sessions de sensibilisation pour le niveau N-1

– niveau 3: accompagnement en mode “transposition”, organisation avec les comités de direction de “sprints” selon 3 axes (stratégie, gestion expérience utilisateur), selon la méthode d’InnoCherche (baptisée: cristallisation).

Les “outils”

Comment InnoCherche met-il en oeuvre sa démarche de veille et de transposition? Ses instruments sont les voyages de veille, déjà évoqués ; une curation-décodage, par le biais de groupes de réflexions transverses ou thématiques (voir en fin d’article) ; des podcasts, livres, conférences, courtes vidéos ; mais aussi une conférence TEDx (à Issy-les-Moulineaux) et un hackathon InnoCherche.

Ce “Hack-Action” fait intervenir simultanément des start-ups et des entreprises. Objectif: les mettre directement en contact et permettre aux grandes sociétés d’entrer dans une alliance immédiate, sur un projet précis, avec une start-up sur base d’une idée ou d’une solution pouvant les intéresser.

20 jeunes pousses sont sélectionnées selon 3 critères: “un effet “waouw” ; 3 clients heureux ; une offre transverse applicable à 80% des entreprises.”

Les lauréats ont droit à un accompagnement et à un travail sur projet avec les grands groupes. Solvay, par exemple, a participé aux deux premières éditions de ce hackathon. Cette année, la 3ème édition s’est choisi pour thème la cybersécurité.

InnoCherche Belgique

L’espoir est de pouvoir susciter, fin septembre, un début de réseau InnoCherche en Belgique qui s’articulerait au minimum autour de 4 à 6 sociétés.

Jean-Christophe Myon (InnoCherche Belgique): “Proposer une vision transverse et formuler des propositions les plus disruptives possibles, dans trois domaines: stratégie, gestion expérience utilisateur.”

Les premières “briques” de ce possible nouveau réseau belge seront à la fois des “veilleurs” et des entreprises clientes désireuses de bénéficier des fruits de la veille et d’un éventuel accompagnement concret pour un exercice de transformation numérique. Les membres belges auront accès aux ressources du réseau. Le volet “transposition” devrait être activé immédiatement. L’espoir est aussi de voir se constituer un premier think tank local.

Conditions d’adhésion au réseau? La cotisation pour les entreprises va de 1.000 à 5.000 euros, selon le degré d’accompagnement espéré (voir ci-dessus les 3 “niveaux” proposés).

Pour les start-ups, le coût de la cotisation est ramené à 1.000 euros. Ce qui leur donne droit à un compte-rendu de synthèse des 6 voyages de veille organisés annuellement, à un accès aux think tanks, à une réunion d’accompagnement avec des “représentants de thinks tanks sélectionnés pour aider la start-up sur la thématique identifiée” et à une participation à la “Business Design Academy” (deux jours pour “revisiter la stratégie marché de la start-up en faisant équipe avec des managers de grands groupes”). Sans oublier, la possibilité d’être sélectionnées pour le Hack-Action.

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Think Tanks

En France, InnoCherche a créé 9 groupes de réflexions “transverses”, constitués de veilleurs regroupés par affinités, venant de divers secteurs d’activités. Ils collectent, analysent, “décantent” les tendances technologiques ayant trait à 9 grands sujets: big data et intelligence artificielle,, management du futur, innovation ouverte, blockchain, formation perpétuelle, expérience utilisateur, nouveaux business models, cybersécurité, nouveaux modes de financement.

S’y sont ajoutés plus récemment des think tanks plus thématiques: la ville de demain ; l’industrie 4.0 ; e-santé et quantified self ; social et loisirs ; travail.

Les sujets autour desquels ces groupes de réflexion s’organisent tendent à évoluer dans le temps, en fonction de l’évolution des technologies, des usages ou du stade de maturité des problématiques. [ Retour au texte ]