Nouvelle acquisition française pour Efficy

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Par · 08/06/2017

Nouvelle acquisition pour l’éditeur belge de CRM Efficy. La société bruxelloise annexe son “concullègue” français Vente Partner, de quoi renforcer son taux de pénétration sur le territoire français, où elle a déjà procédé à trois acquisitions (eLink eb 2011, le distributeur Solis en 2014 et une micro-société de 2 personnes, Expand-IT, en 2012 dont elle convoitait les compétence en technologie Web et gestion de processus de facturation).

Le catalogue de Vente Partner, qui s’adresse à une clientèle de PME, inclut des solutions de gestion de relation clientèle pour PME: gestion des équipes commerciales, de campagnes marketing multi-canal, suivi de contrats de maintenances, gestion du service après-vente, aide à la décision et analyse de données.

Officiellement, la société française voit dans cette opération de rachat une opportunité pour elle de toucher des clients potentiels à l’échelle européenne. De manière plus fondamentale toutefois, c’est l’occasion pour elle de débloquer un processus de migration de son offre – de Windows (desktop et client/serveur) vers le Web et une gestion/hébergement sur le cloud. “Par le passé, Vente Partner a fait le choix stratégique de ne pas développer son produit en ligne, si bien que nous devons aujourd’hui rattraper ce retard en nous orientant vers le cloud. Notre reprise par Efficy nous aide à accélérer ce mouvement”, déclare Philippe Duquaire, patron de Vente Partner.

Un mouvement “accéléré” qui implique l’abandon de piste technologique qu’avait choisi Vente Partner pour le développement de sa nouvelle version Web, abandon au profit d’un développement basé sur la plate-forme cloud d’Efficy.

La version Windows actuelle continuera d’être supportée par Efficy mais sans que cette dernière soit prête à consentir de lourds investissements, prévient Cédric Pierrard, patron d’Efficy. “Nous estimons que 60 à 70% des quelque 200 clients de Vente Partner [majoritairement de nationalité française] soient intéressés par une migration vers le cloud.” Les autres seront sans doute plus durs à convaincre…

L’espoir d’Efficy, en accélérant le passage de la solution vers le cloud et en l’intégration à sa plate-forme, est également de réactiver quelque 800 clients inactifs de Vente Partner qui avaient laissé vivoter leur solution, sans plus en assurer la maintenance. Pourquoi une telle masse de clients inactifs? Serait-ce dû aux péripéties quelque peu mouvementées de la société française ces dernières années (voir ci-dessous)? Cédric Pierrard y voit en partie l’effet du passage – éclair – de Vente Partner dans le giron de Sage. “Il a fait du tort à sa clientèle. La solution Vente Partner avait l’avantage d’être très flexible et personnalisable. Une fois rachetée par Sage, une migration vers la solution anglo-saxonne nettement moins flexible n’a pas été bien acceptée… Chez nous, ces clients auront nettement moins ce sentiment. Nous espérons donc en réactiver un grand nombre.”

Ce qui implique potentiellement quelques efforts de mise à niveau pour des versions laissées en déshérence… “Mais Efficy a le grand avantage de présenter un modèle de données très ouverts qui nous permet de récupérer toutes sortes de types de données différents… Même si l’importation sera sans doute plus difficile avec des solutions de 5 ans…”

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Le parcours de Vente Partner a plutôt été chahuté ces dernières années. Créée en 1989 par KDP Informatique, la solution Vente Partner passait sous pavillon Sage en 2013. Deux ans plus tard, elle changeait de mains, rachetée par la société parisienne Desico, elle-même spécialisée en implémentations CRM, un domaine dans lequel elle était partenaire de Vente Partner, Sage CRM, Sprint et Yellow Box CRM. Desico vient donc d’accepter l’offre de rachat d’Efficy, tant pour elle-même que pour sa composante Vente Partner.

Progression par acquisitions

Outre-Quiévrain, grâce à la reprise de la clientèle Vente Partner, Efficy espère boucler son exercice 2017 sur un chiffre d’affaires de 3 à 3,5 millions d’euros. Toutes géographies confondues, elles vise un total de 13 millions.

Pour ce qui est des équipes, Vente Partner continuera d’opérer en tant qu’entité distincte, avec une équipe de 10 personnes, jusqu’à la fin de l’année. L’intégration des deux entités, sur le sol français, interviendra en 2018. Les effectifs (22 personnes) opèreront alors sous une seule et même enseigne. Par ailleurs, la société bruxelloise, qui a bénéficié en 2016 d’un apport de capitaux de MeusInvest, confirme d’ores et déjà qu’elle continuera dans la voie des acquisitions: “nous restons à l’affût d’acquisitions d’entreprises qui partagent notre vision afin de donner forme à notre stratégie européenne. Pour ce faire, nous pouvons créer des portefeuilles de produits locaux spécifiques, afin d’offrir une plus grande plus-value à nos clients.”

Premiers pays où d’autres acquisitions restent possibles: la France et les Pays-Bas.

Dernière précision: pour racheter Vente Partner, Efficy a mis “entre 1 et 2 millions” sur la table. Cher payer pour un éditeur qui ne dénombre que 200 clients (actifs) dans sa besace? La lutte pour la conquête du marché français du CRM est-elle à ce prix? Cédric Pierrard estime que le prix est “raisonnable. Lorsque l’on passe par de la croissance externe, il faut être prêt à payer. Mais, quoi qu’il en soit, la rentabilité de Vente Partner est bonne et va s’améliorer grâce à nos efforts conjoints de développement de la version Web. Et l’acquisition nous permet d’atteindre, en termes d’effectifs, une certaine taille critique en France…”