Women in Tech: pas de révolution numérique sans les femmes

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Par · 01/06/2017

A Bruxelles, une initiative vient de voir le jour afin de fédérer tous les acteurs qui – peu ou prou – oeuvrent déjà afin de promouvoir la présence et le poids des femmes dans l’économie numérique et les métiers de l’IT. Son nom? Women in Tech. L’initiative est un prolongement, spécialisé, du programme Women in Business (voir note en fin d’article) et constitue la concrétisation de l’une des mesures prioritaires décidées voici quelques mois par le gouvernement bruxellois dans le cadre de son programme NexTech.

En 13ème position dans la liste des 20 mesures prioritaires on note en effet le thème de l’entreprenariat au féminin. Plus spécifiquement, “accélérer la présence des femmes dans les secteurs innovants de l’industrie high-tech et la création de start-ups”

La vérité des chiffres

En Belgique, si l’on en croit des chiffres émanant de l’European Startup Monitor, le pourcentage de start-ups initiées par des femmes en quelque peu inférieur à la moyenne européenne (11% contre 15,5%).

Autre statistique, les femmes représentent 60% des diplômes universitaires mais seulement 33% de la cohorte d’étudiantes choisissent les filières sciences, technologie, mathématiques ou innovation (STEM) dans l’enseignement supérieur, contre 67% d’hommes (source: Jump, 2011). En Polytech ou dans les filières IT, ce chiffre, sauf quelques rares exceptions, semble être en régression constante. L’écart semble se creuser, du côté des études STEM, entre garçons et filles. Agoria, par exemple, signale une légère progression du nombre d’inscrits sur les 10 dernières années mais le quota d’inscriptions, côté filles, demeure stable. Un seul inscrit sur quatre est de sexe féminin (ce qui est donc encore en-deçà des chiffres relevés par Jump).

Loubna Azghoud (Women in Tech): “Sensibiliser, ouvrir de nouveaux champs d’opportunités pour les femmes dans l’IT et le numérique.”

C’est dans ce cadre-là que s’inscrit le lancement de la “plate-forme” Women in Tech. Cette nouvelle structure virtuelle réunit d’ores et déjà une quinzaine d’acteurs bruxellois. A savoir: les clusters Software.brussels et Screen.brussels, le MIC Bruxelles, le Betagroup, Start-IT, Sharify, Girleek, Le Wagon, Interface3, Digital Leadership Institute, InQube, Innoviris, SmartCity, Women BeAngels et BeCode.

Une liste qui pourrait encore s’allonger à l’avenir…

Women in Tech, qui s’est dotée d’une page Facebook, se donne essentiellement trois missions – sensibiliser, informer, orienter – afin de renforcer la place et le poids des femmes dans l’entrepreneuriat numérique. Budget débloqué par le gouvernement bruxellois, dans le cadre de son programme NexTech: 50.000 euros. De quoi financer le fonctionnement de la plate-forme et le lancement de nouvelles actions.

Quels sont objectifs que se donne Women in Tech, piloté par Loubna Azghoud, d’impulse.brussels et par ailleurs déjà coordinatrice du programme Women in Business? Sensibiliser le public féminin aux métiers de l’informatique et aux opportunités du numérique et de la révolution industrielle “4.0”, les informer au sujet des choix technologiques prioritaires de la Région (Internet des Objets, réalité virtuelle et augmentée, big data), stimuler la création de start-ups par des femmes, donner davantage de visibilité aux “role models” féminins…

Amplifier l’action

En quoi une telle initiative a-t-elle été jugée nécessaire alors que nombre d’acteurs, depuis quelques années à Bruxelles, ont déjà entrepris de promouvoir la place des femmes dans le récit numérique? L’idée essentielle est de mettre davantage de liant dans les actions et de cohérence entre les divers acteurs, “favoriser les synergies via la mise en réseau”. Chacun restera maître de ses choix, de ses actions, de ses spécificités mais l’espoir, comme le souligne Loubna Azghoud (impulse.brussels), est de réaliser des projets en commun, pour un plus grand impact.

 

Deux actions conjointes, ou coordonnées, ont ainsi été inscrites à l’agenda pour cette année. D’une part, un Women Code Festival qui se déroulera en octobre, pendant la Code Week européenne. Tous les partenaires organiseront des actions sur l’ensemble du territoire de Bruxelles.

D’autre part, un hackathon féminin, en décembre, sur un thème qui reste à déterminer.

Autre objectif de Women in Tech, “donner plus de visibilité à ce qui existe déjà, informer les femmes sur les opportunités, sur ce qui existe pour elles, les orienter vers le partenaire existant dont les activités ou ressources correspondent à ce qu’elles recherchent précisément. Nous voulons également “féminiser” davantage les actions des différents acteurs, promouvoir davantage de mixité dans ce qu’ils font. Le fossé de la mixité reste en effet plus important dans les nouvelles technologies que partout ailleurs.”

En matière de formation et de promotion des études STEM, Women in Tech se raccrochera, pour amplifier son action, à l’initiative de sensibilisation aux sciences que mène déjà Innoviris auprès des écoles. “Avec Innoviris et grâce à ce programme, nous espérons pouvoir aller plus aisément sur le terrain, activer davantage la sensibilisation et l’information.”

Didier Gosuin: “La stratégie d’Entrepreneuriat Numérique nous offre cette occasion unique d’offrir aux femmes bruxelloises la possibilité d’être sensibilisées à ces nouveaux métiers mais aussi de leur permettre d’y trouver leur place.  Car le numérique, ce n’est pas qu’une affaire d’hommes !”

Women in Tech aura également un rôle de recommandation auprès des autorités régionales et a d’ailleurs été chargé par le gouvernement bruxellois de lui faire rapport sur la situation et l’évolution des initiatives, de l’entrepreneuriat et de l’emploi numérique au féminin.

Tous les deux ans, la Région publiera un “baromètre” (général mais avec un volet “Femmes”). Une double enquête sera lancée à court terme par Women in Tech. Une étude quantitative (chiffres, taux de participation des femmes aux actions des différents partenaires de la plate-forme). Mais aussi une étude qualitative, réalisée cette fois auprès du grand public, afin de poser un constat plus large de la réalité et des besoins et identifier ainsi de nouveaux leviers d’action. Les résultats en seront intégrés au Baromètre devant paraître en novembre de cette année.

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Women in Business (WIB) se définit comme la “plate-forme de l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles”. Objectif de Women in Business: “apporter des réponses aux principales questions des femmes qui veulent entreprendre à Bruxelles, donner de la visibilité aux femmes entrepreneuses afin que les femmes qui n’ont pas encore franchi le pas, osent.” Moyens d’action: réseautage, promotion des “roles models”, actions de sensibilisation, intégration du genre dans les dispositifs existants, monitoring de l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles. [ Retour au texte ]