BetterStreet: des partenariats et une nouvelle version

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Par · 19/05/2017

A l’origine, la start-up BetterStreet s’était positionnée comme l’auteur d’une appli citoyenne, permettant à tout un chacun de signaler une incivilité ou un problème dans l’espace (tag, déprédation, nid de poule dans la chaussée, poubelle municipale au bord de l’implosion, lampadaire défectueux, etc.). Le principe est simple: prendre une photo, automatiquement géolocalisée par le smartphone ou la tablette, ajouter un commentaire ou identifier le type et la catégorie de problème, et envoyer le message ainsi explicité à la commune.

Simple? Du côté citoyen responsable”, c’était en effet le cas. Sauf que… Du côté, administration communale ou municipale, on n’était pas forcément prêt. Soit que l’’intégration avec l’infrastructure back office ne soit pas possible (ou souhaitée), soit que les procédures organisationnelles devaient être revues, soit encore que cette arrivée de signalements suscite des craintes, voire le refus, d’être assailli de demandes de citoyens auxquelles il serait de bon ton de réagir…

BetterStreet a donc quelque peu modifié son modus operandi. “Notre but n’était pas d’ennuyer les communes mais au contraire de faire en sorte que quelque chose se passe dans l’espace public et qu’une information utile soit possible entre citoyens et responsables publics”, souligne Jean-Marc Poncelet, fondateur de la start-up.

Front et back office

Depuis déjà 2 ans, BetterStreet s’est donc mué en outil de gestion des interventions pour les services techniques d’une ville ou commune. Outre l’appli mobile, la start-up propose les mécanismes de back-office nécessaires pour le traitement des signalements.

“Le but est d’éviter aux communes de recevoir des avis ou signalements non structurés. Désormais, le message avec photo aboutit directement dans le back-office.”

La solution a par ailleurs hérité d’une fonction de planification d’interventions (calendrier) et d’un potentiel d’impression de bons de travaux à partir du calendrier.

Côté appli citoyenne, l’utilisateur peut désormais mieux suivre le cheminement de son signalement et ce qu’il en advient (prise en charge, agenda de résolution…). Il peut aussi visualiser les signalements déjà faits par d’autres personnes – ce qui évite d’inonder la commune de messages inutiles.

L’utilisateur peut toutefois décider d’ajouter des détails ou des photos à un signalement existant et dialoguer avec la commune à propos de signalements déjà effectués.

Une fonction d’abonnement lui permet en outre d’être averti de signalements faits sur des thèmes qui l’intéressent plus particulièrement. Il peut aussi opérer hors-ligne (s’il ne dispose pas d’une connexion) et expédier son signalement en différé, dès qu’il retrouve du réseau ou un accès WiFi.

Autre évolution: les problèmes signalés et la gestion des interventions déclenchés par les services municipaux impliqués ne concernent désormais plus uniquement les soucis relevés dans l’espace public mais couvrent aussi des problèmes identifiés au sein de bâtiments publics (propreté, chauffage, sécurité…), par exemple dans l’enceinte d’une école ou du CPAS. Les signaleurs peuvent donc tout aussi bien être les citoyens que les fonctionnaires ou le personnel employé par une ville ou commune.

Partenariats

Pour rendre son application accessible au plus grand nombre, BetterStreet a choisi de permettre à d’autres créateurs de solutions mobiles orientées “smart city” d’alimenter sa plate-forme en jouant la carte de l’intégration – plus ou moins étroite. Deux exemples. TagTagCity propose, dans sa solution MobiCities, un bouton BetterStreet qui permet de lancer l’appli. Mais il n’y a pas d’intégration réelle au sein d’un environnement unique. LetsGoCity va plus loin et exploite directement l’API mise à disposition par BetterStreet. Résultat: l’utilisateur utilise directement le potentiel de signalement de BetterStreet. Une autre société (AppTree) est en train de travailler à semblable intégration.

Jules Lesmart, petite bouille sympa pour séduire les pouvoirs locaux…

Autre initiative prise: BetterStreet a récemment adhéré au “collectif” créé à l’initiative conjointe de LetsGoCity et de NRB en matière de solutions smart cities. Objectif: donner naissance à un écosystème thématique. Appellation – et mascotte – de ce “collectif”? Jules Lesmart.

Les start-ups y gagnent en visibilité et en démarche de prospection. NRB/Civadis donne un coup de jeune à son catalogue. Tandis que les pouvoirs locaux et collectivités ont l’assurance que les différentes solutions proposées par les start-ups seront interopérables.

Dans le cadre du “collectif” Jules Lesmart, dont NRB fait une promotion active, ucun contrat commercial ou convention formelle n’unit BetterStreet à NRB ou Civadis. La start-up figure simplement désormais, au même titre que LetsGoCity, SmartNodes, Wavenet, Opinum, CitizenLab ou encore Rombit, dans le catalogue de solutions pour lesquelles NRB/Civadis se propose de jouer les intégrateurs pour les pouvoirs locaux intéressés par l’implémentation d’une ou plusieurs de ces solutions (en complément de celles, davantage orientées gestion administrative, figurant dans le catalogue Civadis).

Autre partenariat, nettement plus poussé cette fois, signé par BetterStreet: celui qui a été passé, en juin 2016, entre la jeune pousse belge et le groupe JVS, acteur français dont l’une des sociétés (MairiStem) propose des services IT aux collectivités locales, essentiellement des solutions de gestion administrative. Le Groupe JVS, qui inclut aussi Novadys et AdiSoft, est en fait entré à hauteur de 70% au capital de BetterStreet – les 30% restants demeurant aux mains des fondateurs de la start-up.

La société belge conserve son indépendance sur le marché belge mais bénéficie ainsi d’une porte d’entrée sur le marché français Pas de filiale ou de bureau BetterStreet en France, toutefois. C’est JVS qui fait office de représentant officiel, le signalant à son catalogue sous le nom de Better Company. Pour l’instant, le succès est encore limité, le travail de conviction des collectivités n’en étant encore qu’à ses balbutiements. Seules trois communes françaises sont à ce jour clientes (Bras-sur-Meuse dans la région Grand-Est, La Chapelle-Saint-Luc, dans l’Aube, et Pont-Scorff dans le Morbihan)

L’accord avec JVS a été accueilli comme une bonne nouvelle par Jean-Marc Poncelet. “L’initiative est venue de JVS mais nous étions ouverts à ce genre de scénario dans la mesure où demeurer une société mono-produit sur le marché des pouvoirs publics et la scène Smart city risquait d’être compliqué à terme.” Lisez: trop court, trop peu attractif pour espérer pérenniser. “Avant l’accord passé avec JVS, nous enregistrions de la croissance mais pas de manière suffisante. Les perspectives de croissance sur le seul marché belge étaient limitées. Nous avions besoin d’une plate-forme commerciale plus large.

JVS est essentiellement positionné sur le marché des moyennes et grandes collectivités locales. Jusqu’ici, ses solutions sont surtout de type back-office mais ils désirent faire évoluer leur catalogue pour y inclure le volet citoyens. BetterStreet était donc complémentaire par rapport à leur approche…”

Des concurrents “historiques”

En se positionnant comme éditeur et prestataire d’une solution de gestion des interventions, BetterStreet empiète en principe sur le pré carré d’autres acteurs, partenaires historiques, voire privilégiés des pouvoirs locaux. On pense par exemple à Civadis (mais avec lequel elle a donc conclu un accord de collaboration) ou à IMIO.

Avant l’accord avec Civadis, nous avions demandé à Jean-Marc Poncelet si cela n’était pas quelque peu casse-cou pour une start-up de venir ainsi titiller ce genre d’acteurs.

Sa réponse: “nous sommes en effet quelque peu concurrent des outils de gestion patrimoniale mais ce que l’on constate sur le terrain, c’est que les outils existants, certes plus complets, sont relativement difficiles à implémenter, sont encore très rébarbatifs pour les utilisateurs et que seules 10 ou 20% de leurs fonctionnalités sont réellement utilisées.

BetterStreet est plus convivial. Il a été conçu dès le départ pour une utilisation mobile et collaborative.”

Prochaines étapes pour BetterStreet? “Devenir le point unique de signalements-citoyen avec relais vers le niveau de pouvoir concerné, non seulement la commune mais aussi les autres niveaux ou organes qui sont supposés résoudre le problème constaté.”

Quid des perspectives de croissance sur le marché belge? La société dit avoir séduit 39 villes et communes en Wallonie, ce qui lui laisse encore une marge de progression.

Parmi les communes clientes, citons Wavre, Waterloo, Nivelles, Chaudfontaine, Flémal, Fleurus, Farciennes, La Hulpe…

BetterStreet est par contre “barrée” en région bruxelloise par l’existence de la solution FixMyStreet, développée par le CIRB et supportée par la Région.

Une attaque du marché flamand fait actuellement l’objet d’une réflexion mais nécessitera, si la décision est prise, d’embaucher pour jouer la carte de la proximité…