CitizenMap: la carto des défibrillateurs bruxellois

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Par · 05/05/2017

Ce n’est pas tous les jours (malheureusement) qu’un projet né lors d’un hackathon aboutit et se transforme en appli ou solution sur le terrain.

C’est pourtant ce qui en train de se produire du côté Molenbeek, suite au hackathon organisé, en 2016, par MolenGeek sur le thème “First Aid & Emergency Services”. L’objectif, à l’époque, était de faire naître des solutions permettant d’“aider et optimiser les services d’urgences en cas d’opérations de secours”.

A l’issue de l’événement, le SIAMU (Service d’incendie et d’aide médicale urgente) bruxellois, qui avait collaboré à l’organisation du hackathon, avait étudié les différents projets pour déterminer ceux qui représentaient à la fois une valeur potentielle réelle et un trajet de concrétisation réaliste.

Parmi les projets ayant pris forme à cette occasion, une appli est sortie du lot. A savoir, une solution qui propose une cartographie détaillée et dynamique – lisez: évolutive – des défibrillateurs, tant privés que publics, disponibles sur le territoire urbain (bruxellois).

En collaboration avec le SIAMU, cette idée a donc pu poursuivre son petit bonhomme de chemin. Résultat? Le proto de l’appli CitizenMap a vu le jour en mars de cette année. Son lancement effectif est prévu pour septembre, après une période de test.

Tous volontaires…

Le développement de l’appli, notons-le au passage, a été assuré par la communauté des “MolenGeekers”, en particulier deux développeurs qui ont posé armes et bagages dans cet espace de co-working et co-création et qui ne faisaient pas partie de l’équipe ayant participé au hackathon (toujours ce même problème de suivi de l’idée première par des participants qui s’en retournent souvent à d’autres activités, une fois l’événement clôturé…).

Le principal, toutefois, est que CitizenMap ait pu voir le jour, en collaboration étroite avec les responsables IT du SIAMU bruxellois.

Aujourd’hui, l’appli (développée pour Android mais qui sera portée en Web app) entre en phase de test, jusqu’à la fin de l’été. Les premiers bêta-utilisateurs seront d’autres volontaires… Ceux des sections locales de la Croix-Rouge qui, pendant plusieurs mois, répertorieront et complèteront les informations déjà existantes dans l’appli, vérifieront le bon fonctionnement de l’appli, l’efficacité de son interface…

Appli sérieuse et néanmoins ludique

L’appli répertoriera et géolocalisera les défibrillateurs (de type DEA – défibrillateurs entièrement automatiques) existant sur le territoire bruxellois, qu’ils soient détenus par des organismes privés ou publics.

La base de données sera enrichie progressivement. Tout d’abord, lors de la période de test, grâce aux volontaires Croix-Rouge. Ensuite, par les utilisateurs eux-mêmes. “Chacun pourra référencer un défibrillateur non encore répertorié, valider les informations pré-encodées, ajouter de nouvelles photos…”, explique Ibrahim Ouassari, co-pilote de MolenGeek.

Les critères de la base de données ont été choisis de concert avec les pompiers de Bruxelles: emplacement exact du défibrillateur, propriétaire, coordonnées de ce propriétaire, temps d’accès au défibrillateur le plus proche…

Pour encourager les utilisateurs à enrichir, voire corriger, la base de données, l’appli CitizenMap présente un petit côté “gamification”: le mobinaute, devenu collecteur d’informations, accumule des points au gré de ses trouvailles. Et certaines informations valent plus de points que d’autres, en raison de la difficulté à les collecter ou de leur “valeur” intrinsèque.

Exemple? “Vérifier le temps d’accès d’un défibrillateur prend plus de temps pour un collecteur”, explique par exemple Ibrahim Ouassari. “Or, c’est là une information majeure. Si un défibrillateur n’est qu’à 100 mètres mais qu’il faut plus de 5 minutes pour y accéder, en raison par exemple de la configuration des lieux ou des conditions d’accès, mieux vaut que l’appli conseille d’emblée un autre défibrillateur, peut-être plus éloigné, situé par exemple à une entrée de métro, mais plus rapidement accessible.”

Autre info plus difficile à obtenir et donnant droit à plus de points: les coordonnées des personnes responsables des défibrillateurs (nom, numéro de téléphone, courriel…). Des informations qui ne seront pas forcément visibles par les utilisateurs mais qui seront utiles pour les gestionnaires de l’appli (voir plus bas).

Les points emmagasinés donneront droit à certaines “récompenses”. Leur nature n’est pas encore connue mais l’équipe de MolenGeek profitera des quelques mois de tests pour convaincre des partenaires (commerciaux ou non) de promettre des prix intéressants. Côté commercial, les sponsors de MolenGeek que sont Google et Samsung seront sollicités. Côté public et récompenses “utiles et citoyennes”, Ibrahim Ouassari évoque par exemple des formations au secourisme, à l’aide d’urgence, des visites de caserne de pompiers…

Des infos recoupées

S’appuyer sur l’utilisateur lambda pour collecter des données aussi sensibles, voire vitales, que des informations sur les défibrillateurs comporte toujours évidemment le risque d’erreurs, volontaires ou non, de faux encodages par de “petits plaisantins”, voire pire.

Source: Croix-Rouge France

Pour éviter ce piège, toutes les infos venant des utilisateurs seront contrôlées. “Dès qu’un même défibrillateur aura été référencé ou documenté par un certain nombre de personnes, nous enverrons une personne de confiance sur place pour vérifier.” Ces “super-users” seront par exemple des volontaires de la Croix-Rouge ou des membres des services d’urgence. “Le territoire de Bruxelles est suffisamment petit pour que cette vérification sur place soit possible…”

L’appli elle-même, ou, plus exactement, la base de données constituée, permettra d’améliorer le service d’information au fil du temps. “Grâce aux coordonnées des personnes responsables des défibrillateurs, il sera possible d’envoyer des mails de rappel, pour que la maintenance soit effectuée, ou des demandes de confirmation comme quoi le défibrillateur est toujours disponible…”