Les (chat) bots inspirent les start-ups…

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Par · 10/04/2017

Joachim Gillet (à g.) et André Mathis (à dr.): deux bot-ineurs passionnés…

Deux jeunes start-ups ont récemment vu le jour chez nous qui se positionnent spécifiquement sur le terrain en pleine explosion du développement de robots virtuels (bots). L’une est basée du côté de Mons. L’autre à Bruxelles. So what, direz-vous? On sait que les bots se sont installés dans l’air du temps, qu’ils font le buzz – surtout dans la sphère Messenger en attendant de conquérir d’autres territoires virtuels dont les internautes et consos ne peuvent plus se passer.

So what donc… Et bien, la particularité de Faqbot, l’initiative hennuyère, et de Chatbot Plus, la bruxelloise, est d’avoir été créées par deux jeunes entrepreneurs. Très jeunes même. D’un côté, André Mathis, 18 ans (nous vous avions déjà parlé de son précédent projet TradyCloud, une appli mobile pour commerçants et restaurateurs). De l’autre, Joachim Gillet, 20 ans.

Autre signe des temps: chacun des deux primo-entrepreneurs s’est très vite aperçu de l’existence de l’autre, qui venait brouter sur ses plates-bandes toute fraîches. Pour ne pas s’écraser mutuellement les orteils, ils ont décidé, lorsque l’opportunité se présente, de faire alliance et de collaborer sur certains projets. “Chatbot Plus est plus orienté et compétent en stratégie marketing, en conception de “conversations” tandis que que Faqbot est plus spécialisé en développement logiciel et en intégration”, souligne Joachim Gillet. “Nous avons donc décidé d’un partenariat pour pouvoir proposer quelque chose de plus complet aux clients.”

Bot inside…

Les clients, parlons-en justement. Le jeune trio de Chatbot Plus s’est lancé dans le développement de chat bots pour divers médias (radio ou presse écrite) – Radio Contact ou la DH sont cités. Des tests sont également en cours du côté d’opérateurs télécoms ou d’agences de publicité. Et, ne doutant de rien et surtout pas du potentiel que promettent les chat bots dans tous les domaines d’activités, ces jeunes entrepreneurs ne veulent en rien limiter les domaines auxquels ils désirent offrir leurs services: industrie, marketing, immobilier, monde des artistes… Prêts dès lors à découvrir et apprendre les inévitables spécificités qu’impliquera la création de “conversations” automatisées avec des clientèles aux contours et profils bien différents…

Avec toutefois une préférence ou, plus exactement, une ambition: séduire les grandes entreprises. Et avec, dès à présent, la volonté de se tourner assez rapidement vers l’international.

Joachim Gillet: “Après les sites Internet, les applis mobiles, les chatbots sont pour les médias une nouvelle manière d’engager le dialogue, de manière plus personnalisées, de se rapprocher de leur audience.”

Affiner les conversations

Confier à un algorithme le soin de procurer au client, à l’internaute ou au consommateur la réponse à ses questions ou à ses attentes (même non exprimées) relève en apparence de la magie noire. La pérennité des chatbots dépendra de leur pertinence, de leur efficacité à réellement satisfaire les besoins. Voilà bien une lapalissade, une évidence.

Un chatbot, aussi doué et inventif que soit celui ou celle qui le développe, doit s’améliorer avec le temps. Voilà pourquoi Chatbot Plus vient de lancer une “Expérience” sur Messenger, ouverte au grand public. L’objectif est multiple: évangéliser le concept de bots, construire une communauté (ou des communautés thématiques, générationnelles ou autres), se servir de cette communauté pour procéder à une analyse d’audience (besoins, réactions, mécanismes de dialogue, segmentation par profil…) afin d’améliorer le script des bots développés et le service proposé aux clients payants, générer un terrain monétisable sous forme de communautés validées.

En quoi consiste cette “expérience” grand public? Chatbot Plus a conçu trois bots, tournant dans l’environnement Messenger, qui ont chacun un domaine d’activités bien précis.

Lity, qui part à la pèche d’informations pour l’internaute, scrute plus de 100 sources d’informations (médias) en fonction des thèmes et sujets choisis par l’usager et lui sert l’actualité catégorisée sur un plateau. A noter que les sources d’informations sont sélectionnées non pas par l’équipe de Chatbot Plus mais plutôt… par les algorithmes de classification des moteurs de recherche Google et Bing. Légèrement biaisés et artificiels donc mais comme on vit désormais à l’ère du big data et du référencement, il faudra dans ce cas-ci se soumettre à leur loi…

Caly, un bot à la fibre musicale, qui sélectionne automatiquement les dernières sorties musicales correspondant aux préférences de son maître.

Deby (pas encore ouvert au grand public) qui sera un bot orchestrateur de débats et d’échanges d’idées entre membres de communautés. Ces dernières s’organiseront par thème et sujet d’actualité. Les thèmes, cette fois, sont sélectionnés par l’équipe de la start-up (et non pas par les scores de référencement des thématiques les plus populaires, telles que décidées par les moteurs de recherche !).

Ces thèmes varieront d’une semaine à l’autre. Chatbot Plus promet en outre que les communautés de débatteurs pourront, elles aussi, proposer des sujets.

Un quatrième chatbot pourrait bientôt les rejoindre. Son thème: le foot. Un bot qui permettrait à tout amateur ou fan de ballon rond de collationner les infos sur base d’une élection d’équipe, de joueurs, de championnat(s)…

Les trois premiers chat bots publics de Chatbot Plus existent pour l’instant en français. Si le succès est au rendez-vous et si la demande se profile, la start-up développera des cousins anglophones et néerlandophones.

Pendant ce temps à Mons…

Les activités d’André Mathis sur le terrain des bots ont démarré, elles aussi, voici quelques mois. Epaulé par deux développeurs (dont un freelance), il développe des bots mais propose aussi un service de “faqbot” . Kesako? “Le faqbot est un logiciel en tant que service (SaaS) qui permet, à partir d’un FAQ [foire aux questions ou “frequently asked questions”], de créer un agent intelligent qui peut être partagé sur les plates-formes Web, mobiles et sur Facebook Messenger”, explique André Mathis.

La société cliente peut construire son bot via l’outil en-ligne FaqBot, en élaborant un scénario de questions/réponses à l’aide du tableau de bord proposé. L’“agent conversationnel” qui est ainsi créé se nourrit du contenu du FAQ se veut plus convivial et dynamique à utiliser, pour répondre aux questions de l’internaute sans l’obliger à lire un long texte, parfois décourageant. Il s’installe sur une page Facebook ou un site Internet.

“Dans certains cas, la FAQ sert simplement de “small talk” afin de rendre le bot plus intelligent. Ce dernier effectue pour sa part une tâche précise. Nous avons par exemple créé un bot pour un vendeur de bois français. Le faqbot lui sert de culture générale par rapport à son FAQ tandis que le bot proprement dit permet à ses clients d’être guidés sur son site et d’effectuer des calculs de prix en temps réel, avec la possibilité de commander en ligne via le bot.”

La petite agence montoise oriente ses activités de développement essentiellement vers des solutions automatisées de support clientèle. Des bots, des faqbots, mais aussi de l’intégration si le client est demandeur. “Nous faisons beaucoup d’intégration d’API mais sur demande des clients. Par exemple, lorsqu’une entreprise utilise notre plate-forme pour construire son bot mais désire aussi pouvoir communiquer avec son serveur web/API pour obtenir des informations externes. Nous réalisons alors, pour elle, l’intégration nécessaire.”

Côté clientèle et prospects, des contacts ont par exemple été noués avec Fortuneo, Danone et CentralPark qui se sont inscrits sur la plate-forme FaqBot et pourraient faire appel aux compétences intégration de la jeune pousse.

André Mathis s’est embarqué dans cette nouvelle aventure en compagnie de Denny Wong qui opère actuellement comme directeur marketing d’A7 Software (auteur de l’appli d’e-santé Andaman7) et qui, à l’avenir, devrait consacrer une partie de son temps à épauler le jeune Montois dans un rôle de marketing. C’est que le champ d’action de la jeune pousse dépasse déjà le seul champ local. Deux projets sont en cours de négociation en Flandre (André Mathis n’en révélera pas la teneur) et la France est, elle aussi, une cible – elle est d’ailleurs d’ores et déjà démarchée par Manuel Costes, un entrepreneur basé à Limoges où il dirige un “accélérateur d’idées” (de l’idéation à la start-up).